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Label marocanité : un pépin de santé… opportun

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Dans sa longue vie politique, les séjours hospitaliers de Jacques Chirac sont rares. L’homme est réputé pour sa robustesse, sa santé vigoureuse et son appétit irraisonné pour les plats roboratifs. Les deux fois, connues, où il aura fréquenté l’hôpital ont constitué, chacune à sa manière, un événement à forte teneur politique.
La première fois, suite à un accident de voiture, il séjourna, en 1978, à l’hôpital Cochin. Cette institution deviendra célèbre par «l’appel de Cochin» où Chirac commettra un texte avec des accents pamphlétaires contre l’Europe : «Comme toujours quand il s’agit de l’abaissement de la France, le parti de l’étranger est à l’oeuvre avec sa voix paisible et rassurante. Français, ne l’écoutez pas. C’est l’engourdissement qui précède la paix de la mort». La voix «paisible et rassurante» désignait, bien entendu, le Président de la République d’alors, un certain Valery Giscard d’Estaing qualifié de «parti de l’étranger».
Son second séjour, celui de la semaine dernière, coïncide, sans causalité aucune mais par le hasard du calendrier tout de même, avec l’échec référendaire malgré le fort engagement d’un Chirac converti à la cause européenne et à «la constitution de Giscard».
Le Président, qui se rendra à l’hôpital militaire du Val de Grâce, est un homme politiquement affaibli. Il en sortira, une semaine après, revigoré par le talent médical français. Et comme à quelque chose malheur est bon, il bénéficiera d’une substantielle remontée dans les sondages. Un bonus qui est dû à «l’effet de la compassion»
L’occasion faisant le larron, l’art subtil de la communication fera de cette hospitalisation un fait politique majeur. Ce séjour, entouré de mystères et de transparence dosée, trustera la rentrée politique d’usage dédiée aux universités d’été des différents partis. Il perturbera, dans tous les cas, celle de l’UMP. Celle-ci se voulait comme un show exclusivement voué à un Sarkozy superstar. Le dessein fut fortement contrarié par l’invisibilité du Président. Mais aussi par la mise en scène, minutieusement calibrée de Dominique de Villepin. Entre footing et coups de fil présidentiels, le Premier Ministre va damer le pion à Sarkozy. Avec talent, de Villepin, dans la nudité de sa baignade matinale, empruntera l’habit du rival potentiel et crédible pour la candidature au présidentielle de 2007.
En souvenir de la gestion de la maladie de Mitterrand, le PS abordera pudiquement le sujet. L’accident vasculaire du Président va troubler surtout la majorité. Annoncé comme anodin, le pépin de santé n’ouvre pas la succession de Chirac. Il rend, toutefois, un peu plus difficile la probabilité d’un troisième mandat.
Ambiance, ambiance. Le Président de l’Ass-emblée nationale, Jean-Louis Debré, fidèle parmi les plus fidèles de la Chiraquie s’est senti obligé de rappeler à la décence tous ceux qui s’excitent autour du malade. Il les a qualifiés de «Rintintin de la politique».
Pour ceux qui l’ignorent, Rintintin est un chien sympathique. Mais un chien tout de même.

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