Chroniques

L’âme d’un pays !

© D.R

Les centres culturels et les théâtres restent le plus souvent en manque d’activités faute d’animateurs en phase avec les attentes des jeunes et parce que trop souvent coupées des associations de jeunes…

Jeudi dernier l’association Marocains Pluriels et le mouvement Droit de Cité organisaient la seconde édition de L’DEBAT.
S’il fallait en résumer l’atmosphère, quelques mots en rendraient compte :
Une salle comble, des intervenants très convaincants, un public hyper réactif…et s’il fallait une conclusion elle dirait : la culture n’est ni superflue, ni accessoire, ni réservée à une élite mais au contraire vitale et indispensable.
Une phrase prononcée à cette occasion en dit plus long que bien des discours : une bouchée de culture et une bouchée de pain sont complémentaires. Si l’emploi reste la clé de l’insertion sociale, par excellence, il est cependant tout aussi vrai que la culture est ce qui fait l’Homme : l’Homme capable de s’épanouir, de vivre en société, de s’ouvrir à autrui, de comprendre et d’aimer l’Autre. Une partie de notre jeunesse vit dans le sentiment et/ou la réalité de la marginalisation, certes la pauvreté exclut mais la misère culturelle – elle – relègue aux marges de l’Humanité.
L’état des lieux en ce domaine dans notre pays est, hélas, peu reluisant : tant et tant de nos jeunes – et de notre population – n’ont pas accès à la culture. Elle est la grande absente de nombre de communes, trop d’élus la rangeant dans les non-priorités. Quant au budget accordé à la culture comment ne pas voir qu’il lui est impossible de répondre aux besoins. Le constat a été fait par les jeunes grands Témoins – artistes et acteurs culturels de terrain: nos Maisons de jeunes sont dépassées, obsolètes, ringardes, où des activités telles que les nouvelles technologies, la musique, le street art …n’ont pas encore droit de cité. Les centres culturels et les théâtres restent le plus souvent en manque d’activités faute d’animateurs en phase avec les attentes des jeunes et parce que trop souvent coupées des associations de jeunes… Bien d’autres constats peuvent être faits, mais l’important n’est pas là, l’urgence est dans l’action ! La culture est le plus sûr vecteur pour favoriser l’ouverture, le vivre-ensemble, la fabrication de lien social, l’entente mutuelle, la connaissance d’autrui… Elle est aussi et surtout, si l’on sait l’utiliser et la promouvoir, un formidable levier pour faire reculer l’exclusion : la culture, l’art, l’écriture, le théâtre, la musique – lorsque l’on parvient à les promouvoir dans les lieux de relégation, les régions enclavées, les quartiers défavorisés, montrent qu’alors le sentiment d’exclusion recule et fait place à la créativité, la motivation, une sorte de renaissance et l’émergence d’un esprit positif. Dans notre pays la culture n’est pas atone, les jeunes talents sont foison, les manifestations culturelles et réussissent, avec peu de moyens, a donné à la culture de proximité une réalité que les élus ignorent hélas… Toute une nouvelle génération d’acteurs culturels émerge, autant nos hommes et femmes de culture sont actifs, autant les cultures sont en train de déborder les –trop rares- lieux qui lui sont destinés pour «envahir» la rue. Alors bien sûr on peut déplorer le budget consacré à la culture dans notre pays qui n’est en aucune façon à la hauteur de l’enjeu mais tout ne serait-il qu’une question d’argent ? Prenons le pari que non !
Le Maroc est un pays de culture, et contrairement à ce que l’on entend trop souvent d’ailleurs, les Marocains sont épris de culture, il suffit pour s’en rendre compte de voir l’affluence lors des débats organisés, lors des différents Salons du livre et le succès des diverses manifestations culturelles lorsqu’elles sont abordables au «grand public»…La culture est ce qui nous sépare de «la barbarie» et elle est ce qui –parallèlement à l’éducation- enrichit l’âme des Hommes , notre jeunesse est «en quête» et elle est en droit de trouver où s’abreuver. Alors oui la culture est partie intégrante du projet de société que l’on doit construire et mérite toute sa place, au même titre que le social, au même titre que l’économie, car elle ne relève pas du «superflu» mais bel et bien du «vital». Que l’on ne se méprenne pas, la culture de proximité et ainsi la vie culturelle des quartiers n’est pas anecdotique, elle est le socle sur lequel se bâtira et se développera la Culture, le terreau d’où naitront nos futurs artistes, l’engrais qui permettra de mieux vivre ensemble. Deux jeunes, Zakaria et Hamza, membres d’une association qui fait de la culture et du sport ses raisons d’être, C.A.S.H (Culture, Action, Sport, Humanitaire) ont eu le mot de la fin : c’est d’une Fondation des Jeunes Talents dont nous avons besoin, qui serait chargé de «repérer» les jeunes talents pour ensuite les aider à émerger.
Chiche !

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