Chroniques

L’Arabie Saoudite convoque les mondes arabe, musulman et africain !

Mustapha Tossa Journaliste éditorialiste

Le sommet arabe du 11 novembre en Arabie Saoudite aura pour lourde tâche de dessiner la prochaine feuille de route des pays arabes pour tenter à la fois de faire arrêter cette sanglante guerre dont pâtissent en premier lieu les civils de Gaza et en même temps préparer les solutions politiques et militaires une fois acquis le cessez-le-feu entre Israël et le Hamas.

Le week-end qui s’annonce en Arabie Saoudite sera diplomatique par excellence. Le Royaume d’Arabie Saoudite a convoqué trois sommets d’une grande importance politique . Le premier, sommet de la Ligue arabe couplé à une rencontre avec les pays de l’Union africaine, présenté comme exceptionnel au vu des dangereuses évolutions de la guerre entre Israël et le Hamas. Le second, sommet de l’Organisation de la coopération islamique, est tout aussi important dans sa vocation à porter un message d’une plus grande globalité.

Cet activisme de la diplomatie saoudienne n’est une surprise pour personne. D’abord le pays, de par son économie, son rôle déterminant dans le marché énergique mondial, son soft power religieux, pèse énormément dans la géopolitique mondiale. Ensuite, faut-il le rappeler, avant les sanglants événements du 7 octobre, le rapprochement entre Israël et le Royaume d’Arabie Saoudite était si évident que la normalisation de leurs relations n’était qu’une question de mois, voire de semaines.

Pour beaucoup d’observateurs, les forces qui ont inspiré cette escalade militaire entre Israël et le Hamas avaient sans aucun doute un objectif stratégique, celui de faire avorter ce rapprochement, partant de la conviction qu’il allait changer radicalement la physionomie politique de la région.

En accueillant ces trois sommets, l’Arabie Saoudite ambitionne d’adresser un message fort à la planète entière au nom des mondes arabe, musulman et africain. Dans le contexte international clivant d’aujourd’hui, cette concentration de messages en faveur de la paix ne peut passer inaperçue. Bien au contraire, ces nombreux pays réunis venus de multiples horizons à l’invitation de l’Arabie Saoudite auront pour mission de sonner l’alerte sur les dangers qui menacent la paix et la stabilité dans la région.

Il faut dire que la guerre israélienne contre la bande de Gaza a atteint de niveaux d’une grande dangerosité. Aucune puissance n’est à ce jour capable de faire entendre raison à l’armée israélienne et l’obliger à observer un cessez-le-feu. Même une trêve humanitaire, pour faire entrer l’aide d’urgence et faire sortir les étrangers bloqués à Gaza est impossible à atteindre.

Ces trois sommets arabe, africain et islamique en Arabie Saoudite doivent gérer les conséquences mortifères d’un soutien américain et européen sans précédent à l’armée israélienne. Un soutien qui a été compris par le leadership israélien comme un feu vert à tous les excès et à tous les dépassements. Les bombardements d’hôpitaux, le blocage de civils, leurs privations d’eau, d’électricité et de nourriture violent les principes élémentaires du droit humanitaire international. Et pourtant, aucune dissuasion n’a encore été possible aujourd’hui à l’encontre de la machine de guerre israélienne.

Le sommet arabe du 11 novembre en Arabie Saoudite aura pour lourde tâche de dessiner la prochaine feuille de route des pays arabes pour tenter à la fois de faire arrêter cette sanglante guerre dont pâtissent en premier lieu les civils de Gaza et en même temps préparer les solutions politiques et militaires une fois acquis le cessez-le-feu entre Israël et le Hamas.

Dans la presse internationale commencent à fleurir des analyses décrivant les possibles scénarios pour la gestion de la bande de Gaza. Un retour en force de l’Autorité palestinienne sous la houlette de Mahmoud Abbas. Le déploiement des forces des Nations Unies sur le modèle de la Finul au Liban. Une mise sous le boisseau de la bande de Gaza sous une autorité mixte composée de pays arabes et occidentaux. Autant de scénarios que le sommet de la Ligue arabe va sinon discuter du moins prendre en considération avant de formuler une position forte sur cette crise.

Parce que cette séquence politique est d’une grande sensibilité, il y a une vraie attente arabe et internationale de ces rencontres diplomatiques en terre arabe. L’enjeu est d’abord de créer les conditions pour arrêter cette hémorragie qui saigne les populations civiles de la bande de Gaza mais aussi d’éviter que survienne une déflagration régionale qui impliquerait dans cette guerre des pays ou des forces bousillés à cette crise. Il y a des occasions diplomatiques où il est difficile de ne pas sortir avec une décision qui change le cours des événements ou du moins qui installe une nouvelle atmosphère politique. Le sommet arabe de Riyad fait partie de cette catégorie de rencontres exceptionnelles.

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