Bien des anachronismes, bien des injustices, gèrent encore aujourd’hui la situation de la femme. Cela n’est un secret pour personne et seuls les obtus et les tenants de l’obscurantisme refusent de le reconnaître. Des femmes se battent pour leurs droits (et par là-même le progrès de toute notre société) et une commission est chargée de réfléchir aux modifications à apporter à la Moudaouana. Il est un problème cependant peu évoqué dans les débats ou les colonnes des journaux, je veux parler de celui de l’impossibilité pour la mère de transmettre la nationalité marocaine à ses enfants, lorsque celle-ci épouse un non-Marocain. Or, le sens de l’avenir pousse naturellement dans cette direction ; déjà aujourd’hui un grand nombre de jeunes femmes marocaines issues de l’immigration épousent des ressortissants des pays dans lesquels elles vivent et sont nées : France, Belgique, Angleterre, Hollande etc. Mais l’on aurait tort de penser que cela est «réservé» aux Marocaines de l’étranger. Nombreuses sont celles vivant au Royaume qui se marient également avec des non-Marocains. Peut-être, d’ailleurs, la situation est-elle encore plus intenable pour elles, car leurs enfants vivent alors au Maroc, comme des étrangers titulaires d’un titre de résidence. Que dire lorsque cette même Marocaine se retrouve veuve ou divorcée, en charge de ses enfants et que ceux-ci demeurent des étrangers au seul pays auquel ils appartiennent, le Maroc. D’aucuns avancent comme argument -qu’ils voudraient convaincant- celui de la religion.Rien n’est plus faux, car que je sache lorsque l’époux est musulman (Palestinien, Egyptien, Tunisien…) ou lorsqu’il se convertit à l’Islam (pour les Européens, par exemple) le problème reste entier. Le Maroc se prive ainsi de dizaines -voire de centaines -d’enfants, qui se vivent Marocains, sont bercés de culture marocaine et pour certains d’entre eux vivent ou veulent vivre au Maroc. Permettre aux femmes marocaines de transmettre leur nationalité irait dans le sens du progrès de l’avenir, de l’Histoire. Au nom de quoi, puisque chacun s’accorde à reconnaître que la mère transmet (et préserve) la culture et les traditions, lui refuse-t-on ce droit ? Bien sûr, c’est tout un statut qu’il est nécessaire de réformer, mais le cas spécifique de la transmission de la nationalité devrait, me semble-t-il, faire l’unanimité des gens de bonne volonté et puisqu’il s’agit du bonheur d’enfants pourquoi attendre ?