Chroniques

L’autre jour : Encyclopédie

C’est une dépêche de la MAP, tombée «sur le fil » comme on dit dans le jargon, mercredi soir à 20h45 et intitulée «la Chambre des Représentants approuve un projet de loi relatif à l’enseignement traditionnel» qui suscite quelques interrogations et semble enfermer un certain mystère non percé à l’heure où nous mettons sous presse, selon la formule consacrée. Que nous apprend la dépêche en question ? Elle nous dit que le ministre des Habous et des Affaires islamiques, M. Abdelkbir Alaoui M’daghri a présenté un exposé, devant la première chambre du Parlement, dans lequel il a estimé que le projet de loi soumis aux débats «permettra à l’enseignement traditionnel de profiter des méthodes pédagogiques modernes et ouvrira la voie à un enseignement traditionnel privé parallèlement à l’enseignement public de même type». «Ce type d’enseignement, que dispensent les écoles coraniques et les medersas dans les campagnes et les cités du Royaume, fait partie du patrimoine authentique et n’a nul besoin de prouver son utilité quand on sait toute sa contribution à la formation des ouléma et des déclameurs de Coran», a plaidé le ministre. Le paragraphe suivant va refléter l’esprit général des débats desquels il ressort que les députés de la nation ont salué ce texte comme susceptible de réhabiliter et de valoriser cette formation qui contribue à la «sauvegarde de l’identité arabe et islamique du Maroc». Mais, tout de suite après, le texte de la dépêche va bifurquer, déraper, s’emballer en quelque sorte, en enchaînant sur un thème complètement étranger au titre et au commencement du texte. «Par la suite», enchaîne la dépêche en guise de liant, «la chambre a adopté à la majorité un projet de loi modifiant et complétant la loi relative au contrôle des pesticides et à la commercialisation de ces produits» (!). Alors, on se retrouve devant un certain nombre d’interrogations face à l’audace d’un tel rapprochement et à la finesse, quasiment subliminale, qui tisse des liens mystérieux entre les deux volets apparents de ce «package» d’information. A bien réfléchir et au prix d’une certaine contorsion quand même, on se remémore le souvenir d’un ancien haut lieu de l’enseignement traditionnel, l’Ecole ben Youssef de Marrakech où on infligeait aux étudiants pas moins de trente-six matières, allant des sciences du Coran, du hadith, de l’exégèse, de la jurisprudence, de l’histoire, à la philologie, la grammaire, la rhétorique, en passant par l’astrologie, l’astronomie, l’eschatologie, l’alchimie… Et si la modernisation de la filière de l’enseignement traditionnel veut dire, dans les faits, l’introduction, à côté de ces matières-là, des disciplines plus récentes comme l’écologie, la parasitologie, l’informatique, la médiologie…, on comprendra aisément alors qu’on puisse faire voisiner allègrement les prolégomènes de Ibn Khaldoun et la formule chimique du DDT…

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