Chez nous, que de fois, on a entendu nos cinéastes, nos dramaturges, nos critiques se plaindre du grave déficit en scénarios (oui, je ne suis pas trop latiniste) et envier ces Egyptiens, ces Vénézuéliens, ces Brésiliennes qui vous alignent de ces dramas, de ces nouvellas au kilomètre et qui saturent le marché avec leurs produits. On a beau dire sur le caractère simpliste et naïf de ces histoires déclinées en feuilletons et en séries, mais elles ont un large public et elles permettent des réussites commerciales très enviables. Mais il y a un aspect qui est pour beaucoup dans cette floraison et qui n’est que très peu évoqué : c’est la vie mondaine et la vie tout court des acteurs, réalisateurs et autres producteurs de ces soaps et qui alimentent en continu cette industrie en sujets et en historiettes qu’il suffit, ensuite, de mettre en images et de commercialiser. A ce propos, l’histoire de l’actrice égyptienne Wafae Mekki est exemplaire. La presse égyptienne et arabe en général fait ses choux gras de cette histoire et il y a de quoi. Elle, sa mère Laïla Abdelkader, son petit ami, selon toute vraisemblance, l’artiste (comme on dit là-bas) Ahmed Barii, le cousin de l’actrice Anouar El Far (en arabe cela veut dire à la fois le fugitif et le rat), l’ex-mari de l’actrice, Aïman Ghazali; tout ce beau monde est poursuivi devant la justice cairote pour mauvais traitements à une domestique, et accessoirement de sa soeur, ayant entraîné une paralysie partielle de la victime principale. Celle-ci, Marwat Fikri, aurait subi des sévices de la part de sa patronne, l’actrice, et de la mère de celle-ci. Elle l’ont séquestrée pendant près d’un mois, l’ont torturée au feu, au couteau et à coups de bâton. Elles ont même essayé de lui arracher les ongles des doigts. Et lorsque son état de santé est devenu inquiétant, la victime fut emmenée par l’ami de l’actrice, Ahmed, et son cousin, Anouar, hors de la ville et y fut abandonnée en bord de route, aux environs de son bled d’origine, le lieu-dit Chbine el Koum. L’ex-mari, lui, est mis en cause pour avoir caché l’actrice et sa mère alors qu’il savait qu’elles étaient recherchées dans cette affaire. On nous apprend aussi que l’actrice etait sortie de ses gonds lorsque sa bonne a rapporté à l’époux de son employeuse les détails d’uneA relation que celle-ci aurait eue avec un autre homme. Alors, à côté de ça nos acteurs et réalisateurs, timorés et trop gentils, manquent naturellement de sources d’inspiration, et la compétition avec leurs rivaux d’outre Nil est injustement inégale.