Chroniques

L’autre jour : Pompon

A la Première brigade criminelle des services de police de Casablanca-Anfa, on en parle avec une certaine excitation mêlée d’une profonde interrogation qui peut se résumer ainsi : Mais jusqu’où ira-t-on comme ça ? Quand on entend la dernière à laquelle ils ont été mêlés, par leurs fonctions, on comprend que le «ça» est déjà un tantinet trop loin. Mme X. : une jeune femme comme il y en a des centaines et des centaines à Casablanca, fonctionnaire, vivant seule dans un petit appartement du centre-ville, sans problème particulier, jusqu’à cette fameuse soirée du début décembre, en plein Ramadan, où quatre individus, dans la force de l’âge, décidés et à la mine volontaire, firent irruption chez elle en se présentant comme des agents de police venus effectuer une perquisition dans le cadre d’une enquête sur un trafic de drogue. De dénégations, en escalades, puis de menaces en conciliabules, ils finissent par lui extorquer la somme de 1000 Dh en espèces, qu’elle avait sur elle, un bracelet en or et un chèque de la contre-valeur de 10 000 Dh, contre la possibilité pour elle de jouir de la paix. Mais, les choses ne vont pas en rester là. Quarante-huit heures après, elle reçut un coup de téléphone de l’une des personnes auxquelles elle avait eu affaire, probablement le chef de la bande, qui lui dit qu’à la banque on a refusé de lui payer le chèque pour manque de provisions ; et qu’en conséquence il se présenterait chez elle le soir-même, c’était le 7 décembre, pour récupérer les 10 000 dh qui «lui sont dus», sinon elle le regretterait beaucoup. Devant la menace et n’y tenant plus, elle se décida enfin à alerter la police qui mit en place le dispositif classique de planque et prit les zigotos en flagrant délit. Dans le dossier qu’ils dressèrent pour les trois culottés présentés à la Cour d’Appel de Casablanca le 13 décembre, ils trouvèrent matière à charge : association de malfaiteurs, vol qualifié, usurpation d’identité, séquestration, extorsion de fonds et complicité ; une ardoise qui ira chercher dans les huit ans de réclusion. Parce qu’il s’est avéré que les prévenus chez qui ont été saisis un véhicule volé, une carte falsifiée des services de la Direction générale de la Sécurité nationale et une carte de presse. L’enquête a aussi découvert qu’au moins cinq autres personnes furent victimes du stratagème, à la fois simple et machiavélique, mis en place par les malfrats. Ceux-ci se présentaient à leurs futures victimes tantôt en tant qu’inspecteurs des services de l’Hygiène, tantôt comme inspecteurs de la CNSS ou, comme ce fut cette fois-ci, en tant qu’agents de police. La morale : pour qu’il y ait arnaque, il faut qu’il y est aussi un pigeon !

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