Chroniques

L’autre jour : Reconversion

La nouvelle nous vient du Liban. On y est d’autant plus attentifs qu’elle concerne la corporation des journalistes qu’on désigne communément en arabe par le «métier des tourments» (Mihnat al Mata’ib) ; et question tourments, nos confrères libanais en ont un paquet. Surtout ceux qui relevaient de la fonction publique et dépendaient directement de l’Agence Nationale de l’Information, dont le sigle anglicisant est la NNA (pour National News Agency) un peu l’équivalent de notre agence nationale, la MAP, mais qui gérait aussi des personnels travaillant dans des médias audiovisuels publics tels la radio et la télévision libanaises. Compte tenu d’un certain nombre de facteurs historiques qu’a connus le Liban, en particulier la guerre civile qui a opposé les diverses composantes nationales, une vaste surenchère en matière de représentativité des uns et des autres, y compris dans l’administration, a souvent travesti la raison d’être de nombre d’organismes qui sont devenus, alors, de simples voies de garage et d’emplois fictifs pour satisfaire les revendications des différentes factions. La NNA libanaise n’a pas échappé à cet état de fait, avec l’effet grossissant inhérent à tout ce qui concerne les médias. Les effectifs de l’agence ont culminé à plus de 1200 personnes, à la fin des années quatre-vingt-dix, alors que la production est demeurée rachitique se résumant à un simple bulletin quotidien, mal écrit, mal coordonné et dont la matière est très peu attrayante. Alors, avec le retour à la stabilité de ce pays qui étonne aussi par sa capacité à se retrouver et à faire l’unanimité autour de valeurs de pragmatisme et d’intérêt national, il devint indispensable de mettre fin à cette situation anachronique dans l’agence d’information nationale et de mieux rationaliser la gestion des ressources humaines en son sein. Mais la méthode adoptée à cet effet est des plus expéditives. En effet, le critère retenu pour le reclassement et la reconversion des centaines de faux journalistes est le niveau d’études et les diplômes dont sont titulaires les personnels à reclasser. Ce qui a donné lieu à des cas de reclassement assez étranges tel le cas de nombreux ex-secrétaires de rédactions, rédacteurs en chef, speaker et speakerine, qui se sont retrouvés du jour au lendemain à des postes de chaouch, chauffeur ou d’agent d’entretien dans telle ou telle administration. On pourra rétorquer qu’il n’y a pas de sot métier, mais les choses se sont faites dans une telle précipitation et sur la base des listes de noms que de nombreuses femmes se sont retrouvées reclassées dans des métiers d’agent de sécurité, de portier ou encore d’agent de maintenance des poteaux électriques, simplement parce qu’elles portent des prénoms qui sonnent phonétiquement comme mâles : Michèle, Andrée ou Pascale.

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