Chroniques

L’autre jour : Surenchère

Selon toute probabilité, les enseignants entreront en grève les 11, 12 et 13 décembre pour exprimer leur impatience devant les tergiversations du gouvernement à satisfaire leurs revendications. Du côté du gouvernement, personne ne remet en question la légitimité de ces revendications, et le ton général est à la compréhension et aux signes d’ouverture en direction des enseignants et de leurs représentants notamment après les incidents du 14 novembre, suite au sit-in des grévistes de l’Education nationale devant le ministère des Finances ; action qui s’est soldée par un tabassage dans les règles des enseignants protestataires et un mea culpa très gêné du gouvernement devant le parlement. Le dossier des enseignants, est très représentatif de l’état d’esprit des mouvements à caractère social dans le contexte d’une année électorale sur fond d’exacerbation des calculs politiques et des appétits revendicatifs. Les trois grands syndicats traditionnels : la CDT, l’UMT et l’UGTM doivent de plus en plus, dans le secteur de l’enseignement, comme celui de la santé ou dans d’autres secteurs d’activité, tenir compte de la montée en puissance d’une quatrième sensibilité, celle de l’UNMT, proche de la mouvance islamiste, notamment du Parti de la Justice et de la Démocratie (PJD) de plus en plus actif en milieu syndical. Les centrales traditionnelles sont souvent amenées à durcir leurs positions pour ne pas paraître timorées par rapport aux exigences des nouveaux venus, plus libres vis-à-vis des partis de la majorité au pouvoir, comme c’est le cas pour les autres syndicats. Justement à propos de cette proximité partis politiques-syndicats, l’une des données les plus marquantes des mouvements actuels au sein de la famille enseignante est la position que seront amenés à adopter les partisans de Noubir Amaoui, affiliés au syndicat National de l’Enseignement (SNE), dépendant de la CDT, à la lumière des derniers remous qui ont opposé celui-ci à la direction de l’USFP et qui l’ont conduit à créer un nouveau parti politique. Même si le SNE, dirigé par Abderrahman Chennaf, membre du BP de l’USFP, est vraisemblablement acquis à la cause «légitimiste», les amaouistes comptent sur l’air du temps qui consiste à décrier le gouvernement Youssoufi pour rallier des troupes à leur cause. Un recentrage qui ne manquera pas de surenchères. Le personnel enseignant constitue, en effet, un épais matelas de voix électorales. Il s’agit de 280 000 votants potentiels au bas mot. L’Education nationale occupe, rappelons-le, le premier rang des effectifs de fonctionnaires civils. Cette donnée fondamentale, surtout en année électorale, expliquerait aussi la tendance des partis politiques à vouloir séduire ce lectorat en spéculant d’ores et déjà sur une éventuelle capitalisation des satisfactions prévisibles d’une partie des revendications des enseignants. Quand le ministre des Finances, Fathallah Oualalou estimera, bien sûr, qu’il est opportun de lâcher un peu de lest sur ce dossier.

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