Chroniques

L’avenir des relations Maroc-Espagne : il est temps de doubler le cap !

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Si l’Espagne, via le Gouvernement de Pedro Sánchez, a fini par soutenir, officiellement, le plan marocain d’autonomie du Sahara, ce n’est pas un hasard. Il s’agit d’une décision éclairée, fondée sur une vision d’avenir et sur la raison: une raison qui vise à coopérer et à œuvrer au profit de la stabilité euro-méditerranéenne et régionale.

Les relations privilégiées entre le Maroc et l’Espagne, liées à la proximité géographique et à l’histoire commune des deux pays, sont faites par de nombreux paradoxes : des attaches multidimensionnelles qui ouvrent la voie à une coopération plus soudée, point de départ d’une union plus forte et plus intégrée. Les deux Royaumes, marocain et espagnol, veillent à apporter, inlassablement, un nouveau souffle à des rapports bilatéraux, régis par un réseau dense de traités et caractérisés par des relations étendues et profondes, bâties et solidifiées à travers de multiples visites et échanges, soutenus et intensifiés, à tous les niveaux. Toutefois, au-delà de cela, l’Histoire a montré, à maintes reprises, que les choses ont tendance à se compliquer, s’arranger ou s’améliorer, en fonction du pouvoir en place, qu’il s’agisse de la droite ou de la gauche, du gouvernement ou de l’opposition.
Un paradigme qui n’est plus d’actualité depuis que le Maroc, occupant le rang privilégié de puissance régionale, bénéficie d’une notoriété mondiale et d’une excellente réputation, ce qui lui fait gagner la confiance de la grande majorité des Etats. Flambeau de la paix dans le monde entier, le Royaume chérifien, sous la vision éclairée de Sa Majesté le Roi Mohammed VI
que Dieu L’Assiste, possède la clef d’entrée de la porte de l’Afrique et reste le seul pays de la rive sud de la Méditerranée à avoir mis en œuvre un modèle unique de stabilité, de bonne gouvernance et de démocratie.
Si l’Espagne, via le gouvernement de Pedro Sánchez, a fini par soutenir, officiellement, le plan marocain d’autonomie du Sahara, ce n’est pas un hasard. Il s’agit d’une décision éclairée, fondée sur une vision d’avenir et sur la raison: une raison qui vise à coopérer et à œuvrer au profit de la stabilité euro-méditerranéenne et régionale.
Ce qui s’inscrit pleinement dans le cadre d’une volonté indéfectible du Vieux Continent de mettre fin au conflit virtuel du Sahara, avec le soutien d’un bon paquet de pays membres de l’Union européenne (UE) et pas des moindres puisqu’il s’agit, notamment, de l’Allemagne, de la Hollande, du Portugal, du Luxembourg, de la Belgique, de Chypre, de la Hongrie et de la Roumanie. Ce qui veut dire que d’autres Etats européens ne tarderont pas à suivre, y compris ceux qui restent indifférents à cette idée, à commencer par la France et l’Italie qui abritent une importante communauté de Marocains résidant à l’étranger et où les dossiers de l’immigration, de lutte contre la criminalité organisée, de traite et de trafic des êtres humains sont les questions les plus épineuses qui ne peuvent trouver leurs solutions qu’avec un appui ferme et continu du Maroc, sachant que la paix et la sécurité internationales s’en trouveraient profusément renforcées. Toute décision qui tarderait à venir amenuiserait, dans une proportion non négligeable, les perspectives et les chances de développer ou de consolider des actions de coopération stratégiques dans les années à venir, sur les plans bilatéral et multilatéral.

Renforcement des cadres existants : clef de la solidité et de la durabilité du Partenariat

Quelque soient les tendances politiques de n’importe quel gouvernement au pouvoir, celui-ci devrait être totalement impartial, ne favorisant ni les penchants de son parti ni ceux d’aucun autre Etat avec lequel il estime avoir le plus d’affinité.
Peu importe le régime en place, ne diriez-vous pas que sa principale responsabilité consiste à créer un cadre cohérent pour développer davantage les relations entre son pays et d’autres Etats, sur la base d’un partenariat gagnant-gagnant : seule et unique manière de promouvoir, plus efficacement, les intérêts suprêmes de sa nation. Prenons le cas de l’Espagne : il est temps que des partis politiques minoritaires, à l’exemple de Vox ou de Podemos, comprennent une fois pour toutes que d’une part, le Maroc est un partenaire majeur incontournable et d’autre part, qu’il s’agit d’un voisin fidèle avec qui les intérêts de Madrid l’emportent de loin sur de faux calculs.

Comme l’avenir se prépare au présent, les deux pays (Maroc et Espagne) ont bien cerné l’importance de travailler dans une perspective stratégique commune et d’amélioration continue.
Ainsi, pour renforcer et resserrer les liens d’amitié et la relation bilatérale unissant les deux pays, ces derniers sont invités à conjuguer leurs efforts, en étroite coopération avec d’autres puissances régionales et étrangères, pour faire en sorte que leurs engagements se traduisent en résultats effectifs et tangibles, pour la bonne cause de toutes les nations. La réunion de haut niveau, programmée à fin novembre 2022 puis décalée à début 2023, est certes une excellente initiative. Cependant, son organisation a trop tardé à venir. Bien que cela nécessite des générateurs d’idées et de véritables forces de propositions et d’actions, cela ne justifie en rien l’important retard accusé dans sa matérialisation.

D’autant plus qu’une déclaration conjointe a été adoptée, depuis le mois d’avril 2022, au terme des discussions menées entre l’Auguste Souverain et le président du gouvernement espagnol, pour servir à la consolidation d’une feuille de route et à la définition des priorités de cette prochaine réunion. De toute manière, les deux partenaires seront appelés à élaborer, par la suite, des rapports détaillés sur les forces et les faiblesses de chaque proposition, c’est pourquoi il ne fallait pas pour autant retarder cette rencontre.
En outre, lors d’un point de presse organisé en date du 18 octobre courant, à l’occasion de la signature d’un Mémorandum d’entente portant sur l’établissement d’un partenariat vert avec l’UE, Nasser Bourita a tenu des propos très rassurants, dont ci-après un extrait : «Tous les groupes de travail ont été activés avec beaucoup d’éléments qui ont été mis en œuvre et tous les engagements contenus dans la feuille de route seront respectés et réalisés … Les deux partenaires auront suffisamment de temps pour préparer le forum parlementaire, le forum d’hommes d’affaires et la mobilisation de tous les acteurs de cette relation ».
Pour l’heure, nous devons nous contenter d’apprécier ces nobles intentions, dans l’attente d’évaluer leur mise en œuvre effective sur le terrain, même s’il serait, respectueusement, conseillé pour les deux voisins d’avancer la date de ce grand rendez-vous, tout en veillant à l’organiser sur une base bimestrielle, en vue de faire progresser les choses.
Ce qui permettrait, d’ici les prochaines élections générales espagnoles prévues en décembre 2023, de dresser un bilan des réalisations positives et des opportunités accrues de coopération à venir pour en informer les opinions publiques- nationales et internationales – et les sociétés civiles de l’’intérêt irréversible du partenariat maroco-espagnol.

Un avenir heureux ne se prépare pas dans l’inertie …

La distance parcourue par le Maroc en matière de développement économique et de démocratie a élargi son domaine d’action dans ses relations extérieures et son influence.
A cela s’ajoute le fait que les relations entre le Maroc et le reste du monde ne reposent plus uniquement sur de simples considérations diplomatiques, mais sur une nécessité liée à son nouveau positionnement, en tant que puissance régionale, crédible et responsable. Aujourd’hui, étant conscient de ses moyens et capacités croissantes et des responsabilités émanant de ceux-ci, le Maroc poursuit une politique étrangère multidimensionnelle, sur la base d’une vision Royale constructive, dynamique, prospective, équilibrée et ciblée. Le Maroc a été classé quatrième pays africain le plus attractif pour le commerce, selon le rapport « Country Brand Ranking Trade 2022-2023 », publié tout récemment par le cabinet de conseil espagnol Bloom consulting. Ce qui prouve, dans une certaine mesure, les grands atouts du Royaume pour figurer, à court terme, parmi les principaux bénéficiaires d’investissements directs étrangers (IDE) de son continent. Dans cette même lignée, à l’occasion de l’ouverture de la première session de la deuxième année législative de la 11 ème législature le 14 octobre 2022, l’Auguste Souverain, accompagné de Son Altesse Royale le Prince Héritier Moulay El Hassan, n’a pas manqué, dans son discours éclairé et futuriste, de lancer un appel à l’effet de rendre l’offre marocaine en matière d’investissement plus attractive. « Notre souhait est que la nouvelle Charte nationale de l’investissement donne une impulsion tangible à l’attractivité du Maroc pour les investissements privés, tant nationaux qu’étrangers » a sagement souligné SM le Roi. C’est donc l’occasion pour le Maroc, dans le cadre de son dialogue ouvert et transparent avec l’Espagne, d’encourager massivement les IDE, en provenance de ce pays ami. C’est aussi le moment propice de sensibiliser la communauté marocaine en Espagne qui devrait mettre en avant ses nombreux mérites, talents et réussites locales pour contribuer au rayonnement de l’image de marque du Royaume. A vrai dire, un avenir heureux ne se prépare pas dans l’inertie : il est donc temps de faire bouger les choses et surtout de les édifier sur la base d’un esprit de solidarité, en harmonisation, avec des valeurs et des intérêts communs.

Par Lahrach Yassir 

Docteur en droit-Expert en Intelligence économique-Analyste en Stratégie internationale-Auteur du Concept d’Intelligence diplomatique

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