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Le 7ème jour

© D.R

On a attendu l’année du dégel dans ce desert De craie On a attendu durant des siècles oubliés Puis on a plié l’échine pour prier tous les Dieux du grand vide On a aussi trouvé des offrandes pour que Chacun de nous ait son talisman face à une mer qui se retire Mais à qui allons-nous donner toute cette manne, Dans cette étendue sans contours ? Aucun sanctuaire à l’horizon Aucun dolmen pour accueillir nos chants D’étoiles Aucune agora sur ce sable qui se mue en verre Puis vint une vieille femme qui nous a dit de Partir Parce que les Dieux avaient déjà plié bagage Pour donner un nom au septième jour. «Le septième jour» Finis Gloriae Mundi 

Abdelhak Najib

Nous sommes à J7 des inondations qui ont frappé Casablanca de plein fouet. Que s’est-il passé ? Qu’avons-nous omis ? Doit-on encore cet incident qui aura coûté des toits et des vies aux citoyens casablancais aux forces civiles démembrées déjà critiquées et rappelées à l’ordre sans grand succès ?
Casablanca est le poumon économique du Maroc. Elle est la force tranquille qui nous permet de respirer du nord au sud. Et nous savons à quel point prendre soin de ses poumons est primordial depuis l’arrivée de la Covid. Cependant, Casablanca a failli à sa santé.
La ville vit au gré des humeurs d’un lit invisible menaçant qui est le fleuve de Bouskoura.
La réalité est qu’on est loin des premières inondations et que nous avons eu le temps de les pallier mais nous avons préféré faire l’autruche et permettre aux promoteurs la construction de villes fantômes à même le fleuve grouillant de Bouskoura.
Une ville verte aux allures d’Atlantis, engloutie après 48h de pluies.
Il aura suffi de 48h pour se retrouver dans sa villa avec de l’eau jusqu’aux genoux à repenser les longues conversations pour obtenir son crédit immobilier pour s’offrir un espace à la desperate housewives.
La ville en sera encore plus verte, il nous poussera des arbres dans nos livings et de la mousse dans les cuisines.
Un signe parmi d’autres pour nous montrer la fin d’un cycle et une nature qui gronde.
Pas de scénario alarmiste ni de délire de collapsollogues, juste une réalité palpable, qui nous a confinés, angoissés, séparés, réadaptés à une humanité en déperdition pour les plus conscients.
Après le scénario du déluge chez les plus nantis, le feuilleton interminable des quartiers qui s’effondrent sous le poids de l’eau. Des habitations qui s’effritent et une insalubrité admise et tolérée par les autorités et pire encore acceptée par le citoyen qui colmate les brèches des murs jusqu’à l’effondrement.
Un effondrement qui serait plus proche qu’on ne le pense selon Pablo Servigne et la transition écologique fantasmée ne serait plus à l’ordre du jour. La pandémie de Covid, le réchauffement climatique, la fonte des glaces, les ouragans ou les éruptions volcaniques seraient des signes avant-coureurs de l’effondrement et de la fin d’un cycle.
L’extrême vulnérabilité de nos sociétés est palpable et l’appel à la solidarité, au local, à l’autolimitation et l’autonomie est à repenser pour une application de proximité qui serait salutaire.
Votre maison flotte, prenez-le du bon côté ! C’est Venise en plus moderne, plus sale et moins romantique.
Le romantisme dans l’eau boueuse de cette semaine présage une Saint-Valentin bien rouge.
Un cramoisi de colère et une bonne gueulante de circonstance des amoureux de leur ville. Casablanca est une ville aimée des Casablancais mais l’implication des forces dirigeantes est dans le coma et ce, malgré le discours très clair de notre Roi en 2013.
Nous avons eu du temps mais nous n’en avons pas fait grand-chose. Réduire les risques et prévenir ne serait pas dans nos cordes. Nous préférons les solutions de débrouillage quand le mal est déjà fait et que des quartiers sont déjà endeuillés.
Ce n’est guère un comportement marocain seulement mais un way of life mondial. On se ment, on présage, on fantasme, on ne réalise guère.
C’est un maître mot où l’homme ment et finit par croire en ses propres mensonges. Une Cop 21 et une Cop 22, des résolutions sans solutions, des décisions sans réalisations et de fervents constats d’échecs encore vécus dans un confort post-moderne clivé tributaire de réserves de pétrole à l’agonie.
Le vent tourne et les éoliennes de fortune ne réussiront pas à illuminer Central Park ni à éclairer Paris. Mais nous baillons aux corneilles au lieu de nous rendre à l’évidence. Une des évidences est le confinement progressif en Europe devant une Covid mutante. Le vaccin arrive mais pour quelle forme de Covid ? Plus de 4.000 morts aux USA hier en 24h et la plus grande puissance prisée de tous devient une destination à risques.
Un château de cartes qui s’effondre. Un remaniement planétaire qui remet tous les critères du progrès en question. Une gestion maroco-africaine bien meilleure que l’européenne et exemplaire pour l’américaine. On redistribue les cartes mais pour quel règne ?
L’Homme sera-t-il de la partie ?
La question reste ouverte.
Nous sommes le 7ème jour depuis le déluge casablancais. Combien de temps avant le prochain déluge ? Doit-on préparer une nouvelle arche de Noé et se déguiser en Noé ?

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