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Le dur labeur des enfants

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Travail forcé, abandon scolaire, agressions, viols, harcèlement, marginalisation, absence de prise en charge morale et physique en cas de maladie, de handicap ou les deux. Bref, dans une large mesure, il ne fait pas bon être enfant au Maroc.

Depuis plus de trois décennies, à chaque fois que l’on traite de la situation des enfants au Maroc, nous avons affaire à une batterie de chiffres presque immuables qui en dit long sur le manque de prise de conscience quant aux drames de la vie des enfants au Maroc. Entre violences quotidiennes, travail forcé, maltraitance, abandon scolaire, pauvreté et précarité, ce sont des millions d’enfants marocains qui vivent encore dans des conditions alarmantes.

Selon le HCP (Haut-Commissariat au Plan), dans une note à l’occasion de la célébration de la Journée mondiale de lutte contre le travail des enfants, sur les 7.690.000 enfants âgés de 7 à 17 ans l’année dernière, 127.000 occupaient une activité économique, soit 1,6% de cette tranche d’âge. Cette part est de 3,3% en milieu rural (104.000 enfants) et de 0,5% en milieu urbain (23.000 enfants), 81,5% des enfants au travail sont de sexe masculin, 91% ont entre 15 et 17 ans et 82% vivent en milieu rural. Et ce n’est pas tout. 12,2% parmi eux sont encore scolarisés, 85,3% ont quitté l’école et 2,5% ne l’ont jamais fréquentée», détaille le Haut-Commissariat au Plan. Dans les campagnes, ils sont 76,5% à travailler dans l’«agriculture, forêt et pêche». Dans les villes, les principaux secteurs employeurs d’enfants sont les «services», avec 56,3%, et l’«industrie», avec 24,7%. Près de trois quarts des enfants au travail rural sont des aides familiales (71,6%) ; en milieu urbain, près de la moitié (49,2%) des enfants au travail sont des salariés, 30,6% des apprentis et 16% des aides familiales. Parmi les enfants exerçant des formes de travail dangereux, 75,2% sont ruraux, 89,6% de sexe masculin et 86,3% âgés de 15 à 17 ans. Et ce n’est pas fini. Les enfants exerçant dans l’industrie restent les plus exposés aux dangers, avec une part de 88,6%. Cette proportion est de 87% dans le secteur du BTP, 77,4% dans les services, et 48,4% dans l’agriculture. 48,4% des enfants au travail sont issus de ménages dirigés par des exploitants agricoles, 17,1% par des manœuvres et 20,7% par des cadres moyens, des employés, des commerçants, des conducteurs d’installations ou des artisans. Et étrangement, seuls 13,4% proviennent de ménages dirigés par des inactifs.

Chaque année, force est de constater, que malgré des avancées certaines et des efforts consentis de la part des autorités de tutelle, la situation des enfants reste préoccupante au Maroc. Pour toucher du doigt cette réalité, il faut passer au crible les différents secteurs de la vie marocaine où la protection de l’enfance doit être un fait établi et acquis et non un simple vœu pieux. De la santé à l’éducation, en passant par le sport, le travail et d’autres domaines où l’enfant doit être intégré et protégé contre toutes formes de violences, le constat est toujours le même : il y a de profondes lacunes et un travail de fond à mettre en place pour protéger les enfants marocains et respecter leurs droits, et, à tous les niveaux de la vie.

Dans ce sens, la situation des enfants au Maroc est triste. Travail forcé, abandon scolaire, agressions, viols, harcèlement, marginalisation, absence de prise en charge morale et physique en cas de maladie, de handicap ou les deux. Bref, dans une large mesure, il ne fait pas bon être enfant au Maroc. Que l’on ne se voile pas la face, les chiffres sont là pour l’attester. Selon les statistiques, 4,4% des enfants vivaient dans des ménages en situation de pauvreté absolue (7,2% en milieu rural et 2,1% en milieu urbain) et 14,4% des enfants vivaient dans des ménages en situation de vulnérabilité (21,2% en milieu rural et 14,4% en milieu urbain). De plus, 39,7% des enfants au Maroc étaient en situation de pauvreté multidimensionnelle. Les enfants en milieu rural sont généralement plus vulnérables à toutes les dimensions de privation (logement, eau, nutrition, santé, couverture maladie, éducation, etc.). En effet, seulement 8,1% des enfants en milieu rural ne sont privés d’aucune dimension de bien-être, en comparaison aux 42,5% des enfants en milieu urbain. En effet, selon l’étude «Profil de la pauvreté des enfants au Maroc», réalisée par l’ONDH et le MFSEDS, avec l’appui de l’Unicef, un enfant est considéré dans une situation de pauvreté multidimensionnelle s’il est privé dans au moins deux dimensions de son bien-être parmi les 8 dimensions considérées dans cette étude (logement, eau, assainissement, nutrition, santé, couverture maladie, éducation et information).

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