Chroniques

Le Polisario, organisation terroriste, les impacts

Mustapha Tossa Journaliste éditorialiste

Une telle approche américaine va accélérer la rédaction et la production de résolutions onusiennes qui vont souligner de manière irréversible la souveraineté du Maroc sur son Sahara.

L’histoire s’accélère. Ce qui était depuis longtemps une simple menace est en train de devenir une réalité politique. La grande Amérique est sur le point de mettre le Polisario sur la liste des organisations terroristes. Le Congrès américain s’est saisi de l’affaire et prépare pour la Maison Blanche la signature d’un acte qui va changer la physionomie du conflit en Afrique du Nord.
Mettre le Polisario sur la liste des organisations terroristes ressemble à une bombe diplomatique à multiples déflagrations. Il aura des impacts majeurs sur l’ensemble des acteurs de cette région et participera à configurer leurs relations avec cette discorde régionale. Par ordre d’importance. Si cette décision de qualifier le Polisario comme une organisation terroriste est validée, elle créera automatiquement une nouvelle situation pour le régime algérien qui se transformera par la force des choses en régime parrain du terrorisme. Ce sera une terrible onde de choc pour un pays qui adopte devant les Nations Unies une stratégie qui vise à le dissocier de ce conflit en refusant d’en être une partie et qui se retrouve brusquement dans la situation honnie d’un pays qui finance, abrite le terrorisme.
Pour Alger, la séquence à vernir est remplie de cauchemars. Non seulement ses alliés vont devoir revoir leurs visions du rôle que joue L’Algérie aujourd’hui mais le régime algérien sera aussi forcément acculé à d’autres comportements, voire des concessions. Ou il s’enferme dans sa logique d’autiste et paiera cher le prix de son soutien au terrorisme, ou il fait marche arrière et se débarrasse de tous les oripeaux qui l’impliquent dans cette mésaventure.
L’accusation de supporter le terrorisme qui lui viendra de l’administration américaine va conforter celle déjà existante qui a été formulée par son voisin sahélien, le Mali, qui a donné lieu à une tension diplomatique entre les deux pays rarement atteinte. Le régime algérien se sentira encore plus isolé, dans une situation de pestiféré, sommé de changer de position sous peine de subir des sanctions internationales.
Deux autres conséquences de cette décision américaine vont concerner directement deux espaces qui intéressent fortement le Maroc. Le premier est l’espace européen. Avec une grande majorité de pays européens qui reconnaît déjà la viabilité politique du plan de l’autonomie sous souveraineté marocaine, la décision de Washington de classer le Polisario dans la liste des organisations terroristes va encourager les 27 pays de l’Union européenne à adopter une déclaration commune, claire et sans fioritures, soutenant la marocanité du Sahara. Ce qui aurait comme conséquences premières de sanctuariser le précieux partenariat stratégique entre l’Union européenne et le Royaume du Maroc. Une nécessité absolue au vue de nombreuses tentatives, financées par le régime algérien, de le polluer utilisant de vaines arguties juridiques.
Le second espace qui va être impacté par la décision américaine est l’espace africain. Profitant de l’absence du Maroc de la scène africaine dans les années 90, Alger avait réussi, à coups de valises de pétrodollars, à incruster le Polisario au sein des institutions de l’Union africaine. Si Washington estime que le Polisario est une organisation terroriste, l’ensemble de l’architecture institutionnelle du pouvoir africain va se poser la question de la pertinence de garder dans ses rangs la RASD ( république arabe sahraouie démocratique). Cette décision américaine va booster les nombreux pays qui ont déjà retiré leur reconnaissance du Polisario et encourager ceux qui hésitaient encore à franchir le pas. À la lumière de cette décision américaine, l’expulsion de la RASD de l’Union africaine ne serai qu’une question de temps. D’autant plus qu’il est prouvé que la présence du Polisario au sein de l’UA empoisonne son dialogue avec d’autres pays comme le Japon ou la Chine pour ne citer que ces deux exemples.
Autre impact de cette décision américaine à prendre en considération concerne l’atmosphère politique qu’un tel tournant va installer sur les travaux et les rencontres des Nations Unies sur le Sahara. Une telle approche américaine va accélérer la rédaction et la production de résolutions onusiennes qui vont souligner de manière irréversible la souveraineté du Maroc sur son Sahara. Elles pousseront les deux autres membres du Conseil de sécurité que sont la Russie et la Chine, qui ne se sont pas encore exprimés sur le plan de l’autonomie marocain, à sortir de la zone grise et à accompagner la tendance internationale à reconnaître la marocanité du Sahara. Ce qui va accélérer la clôture du dossier du Sahara à l’ONU.

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