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Le pouvoir du mental et comment le yoga nous apprend à maîtriser ses fluctuations

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Maîtrise intérieure 
La méditation est l’étape essentielle où l’on observe les fluctuations du mental sans s’y identifier. Ce n’est pas un effort pour ne plus penser, mais un entraînement pour devenir l’observateur plutôt que l’acteur pris dans la scène..

Le mental humain est un univers en mouvement permanent : une succession de pensées, d’émotions, de souvenirs, de projections, d’espoirs et de peurs. Il peut être lumineux, clair, fertile, créatif. Il peut aussi être agité, confus, épuisant. Une seule pensée peut changer l’humeur d’une journée. Une seule émotion peut bouleverser une relation. Un souvenir peut raviver une blessure. Une idée peut ouvrir un avenir entier.
C’est dire à quel point le mental est un territoire sacré – mais aussi exigeant.
Depuis des millénaires, les grands maîtres yogiques ont observé que la qualité de notre vie intérieure dépend profondément de l’état de notre mental. Lorsque l’esprit est calme, même les situations difficiles deviennent gérables. Lorsque l’esprit est agité, même les plus belles circonstances perdent leur éclat. Ce constat universel traverse les Yoga Sûtras de Patanjali, où le yoga est défini comme «Yogas Chitta Vritti Nirodha» : la cessation, ou plus exactement la régulation, des fluctuations de la conscience.

Le mental : Un océan de fluctuations
Le mental fonctionne par mouvements, comme l’océan par vagues. Ces vagues, Patanjali les appelle vrittis : les fluctuations. Elles se manifestent sous différentes formes:
• les pensées qui tournent en boucle,
• les émotions qui montent et descendent,
• les anticipations du futur,
• les regrets ou nostalgies du passé,
• les interprétations, jugements, comparaisons,
• les attachements, les peurs, les désirs.
Ce mouvement permanent n’est pas un «problème» en soi. Le mental n’est pas conçu pour être vide. Il est conçu pour analyser, créer, protéger, organiser, réfléchir. Le problème apparaît lorsque ces fluctuations prennent le contrôle, lorsque l’esprit devient un cheval fou qui nous entraîne au galop sans que nous sachions tenir les rênes. Le yoga ne cherche pas à supprimer les vagues de la pensée. Il nous enseigne à apprendre à surfer dessus, à les comprendre, à les diriger vers un espace plus stable.

Le mental et le système nerveux : Une relation intime
Les anciens yogis ne parlaient pas de neurosciences, mais leur compréhension intuitive du lien entre respiration, système nerveux et mental est aujourd’hui confirmée scientifiquement. Le souffle agit directement sur le système nerveux autonome, qui régule les émotions, le stress, la vigilance et le calme intérieur.
Lorsque la respiration est rapide, haute, saccadée, le mental devient tendu, réactif, anxieux.
Lorsque la respiration est lente, profonde, régulière, le mental se stabilise, s’apaise.
C’est pourquoi les pratiques yogiques placent toujours la respiration au centre : pranayama n’est pas une simple technique – c’est un outil de maîtrise mentale. Le souffle est l’unique fonction du corps qui peut être volontaire ou involontaire. C’est donc le pont entre l’inconscient et le conscient, entre le chaos et la clarté.
Pranayama : la science du souffle, la porte vers la maîtrise mentale
Dans une posture ou dans une situation de vie, la première chose qui s’agite est souvent la respiration. En apprenant à respirer consciemment, on apprend à diriger l’énergie du mental.

Les exercices de pranayama comme :
Nadi Shodhana (respiration alternée),
Ujjayi (respiration victorieuse,
apaisante),
Bhramari (le bourdonnement
de l’abeille),
Kapalabhati (souffle purifiant),
Anulom Vilom, sont autant de méthodes qui structurent le calme intérieur. En quelques minutes de pranayama, l’activité mentale change : le flux de pensées ralentit, la respiration s’enracine, le corps se détend. C’est la preuve que le mental n’est pas immuable. Il est malléable. Il peut être guidé.

Les postures : Une éducation subtile du mental
Pour beaucoup, les asanas semblent concerner uniquement le corps. Mais dans le yoga traditionnel, la posture est un outil pour discipliner, affiner et équilibrer le mental.
Chaque asana nous enseigne quelque chose :
• la concentration (tenir l’équilibre),
• la patience (s’installer progressivement dans la posture),
• la résilience douce (rester présent malgré l’intensité),
• le lâcher prise (ne pas s’acharner),
• l’humilité (accepter ses limites du jour),

la présence (sentir, écouter, observer).
Lorsque le corps tremble, c’est souvent le mental qui résiste.
Lorsque le mental s’apaise, le corps trouve naturellement son alignement.
L’asana nous montre que nous ne sommes pas obligés de réagir automatiquement : on peut faire une pause, respirer, choisir une réponse différente. Cette intelligence intérieure se transpose ensuite dans la vie quotidienne : face à un stress, à une tension, à une personne difficile, on commence à adopter la même attitude qu’en posture – conscience, présence, souffle.

La méditation : L’espace où le mental devient clair
La méditation est l’étape essentielle où l’on observe les fluctuations du mental sans s’y identifier. Ce n’est pas un effort pour ne plus penser, mais un entraînement pour devenir l’observateur plutôt que l’acteur pris dans la scène.
Au début, l’esprit semble encore plus agité. C’est normal. C’est comme allumer une lumière dans une pièce : on voit la poussière qui était déjà là, mais qu’on ne remarquait pas.
Puis, petit à petit, un phénomène subtil se produit :
Les pensées sont là, mais elles perdent leur pouvoir.
Les émotions surgissent, mais elles n’emportent plus tout notre être.
La respiration devient fluide.
Le mental commence à goûter au silence.
La méditation crée une distance saine entre «moi» et «mes pensées».
On réalise que :
• je ne suis pas ma peur,
• je ne suis pas mon stress,
• je ne suis pas mes blessures,
• je ne suis pas mes projections.
Je suis l’espace dans lequel tout cela apparaît puis disparaît.
C’est une liberté immense.

Le rôle de la discipline : La magie de la répétition
Le mental ne change pas en un jour. Il se façonne par la répétition. Chaque pratique, même courte, même simple, laisse une empreinte dans la conscience. C’est comme polir une pierre : un jour après l’autre, la surface devient lisse, brillante, stable.
Les yogis disent :
«Le mental devient ce sur quoi il se pose régulièrement».
Si on nourrit constamment le stress, la comparaison, la peur, le mental devient un terrain de lutte.
Si l’on nourrit le calme, le souffle, la présence, la gratitude, le mental devient un terrain fertile, solide, lumineux.

Le yoga comme art de vivre : Un mental aligné avec le cœur
À un certain niveau de compréhension, le yoga n’est plus seulement une pratique : c’est un art d’être.
Il enseigne que :
• le mental doit être guidé, mais avec douceur,
• la paix est un choix quotidien,
• la respiration est le remède le plus simple,
• le silence intérieur est un trésor,
• le corps est la porte vers la conscience,
• le présent est l’espace de transformation.
Un mental apaisé ne signifie pas un mental vide.
Il signifie un mental clair.
Un mental qui ne se laisse plus dominer par chaque émotion.
Un mental qui ne s’éparpille plus à chaque difficulté.
Un mental qui devient un allié, un compagnon, une source de stabilité.

Conclusion : Maîtriser le mental, c’est se donner la liberté
Le yoga nous rappelle que le véritable pouvoir ne se trouve pas dans le contrôle extérieur – mais dans la maîtrise intérieure.
Lorsque les fluctuations du mental s’apaisent :
• on devient plus lucide,
• plus centré,
• plus aligné,
• plus authentique,
• plus serein dans ses décisions,
• plus doux avec soi-même,
• plus libre dans sa vie.
Le mental devient alors un espace lumineux, où la paix intérieure n’est plus une exception mais un état naturel.
Et c’est là que commence vraiment le yoga: dans cet instant où l’on se retrouve, pleinement, profondément, dans la vérité de son être.

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