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L’école en question

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[box type= »custom » bg= »#fdd8c6″ radius= »5″]La réalité des écoles est tout autre et n’obéit en aucune manière à ce schéma insensé avancé par le ministère de l’éducation nationale qui navigue à vue face à une situation sanitaire qui le dépasse à tous les niveaux. [/box]

C’est à en perdre son latin. Et son arabe aussi. Avec tout le recul nécessaire, nous n’arrivons toujours pas à bien analyser l’équation de l’école marocaine, frappée de plein fouet par la crise de Covid-19. Il faut bien avouer qu’on n’y comprend plus rien à cette inextricable équation de l’école au Maroc. Avec deux années scolaires frappées de plein fouet par la crise sanitaire de Covid-19, autant dire que les élèves et les étudiants marocains ont presque eu deux années blanches étant donné, d’un côté la valse des vacances régulières et celles forcées, et de l’autre, le va-et-vient illogique entre cours en présentiel et cours en distanciel. Sans ambages, il faut le souligner, les autorités ont donné dans le flou, dans l’approximatif, dans l’illogique et l’irrationnel, avec force hésitations et dédouanements criants face à une équation scolaire, certes à plusieurs inconnues, mais qu’on aurait pu gérer avec plus de sang-froid, plus de raison et plus de pragmatisme.

Résultat des courses aujourd’hui ? Des mesures qui s’apparentent plus à du bricolage qu’à une véritable lecture de la gravité de la situation sanitaire marocaine, avec de nouveaux variants, avec une flambée des cas et des contaminations, touchant aussi gravement les écoles que les enfants. Avec cette mesure qui n’obéit à aucune logique, pire, qui donne dans l’aberration la plus singulière : «lorsque trois cas ou plus sont enregistrés dans le même département dans un délai d’une semaine: la décision est prise de fermer le département et d’approuver l’enseignement à distance pour une durée de 7 jours par le directeur de l’établissement d’enseignement, les étudiants n’étant pas obligés de passer un test PCR, que ce soit en début ou en fin de la période de suspension des études d’assiduité. Puis, on réintègre les élèves, comme si de rien n’était ! Enfin ! Qu’on nous explique ce que cela veut bien vouloir dire ? Trois cas, on ferme. Une semaine après, on rouvre.

Et les autres classes ? Et toute l’école ? Et le virus qui circule dans la cour de récréation, dans les toilettes, dans les vestiaires, dans toutes les classes ? Et les enfants qui sont les uns sur les autres ? Les élèves qui ne prennent aucune mesure ne portant ni masque ni observant la distance requise pour éviter la contamination ?
Mieux encore, «lorsque 10 cas ou plus sont enregistrés dans différentes salles de classe au niveau de l’établissement: la décision de fermer l’établissement et d’approuver l’enseignement à distance pour une période de 7 jours est prise, en coordination avec les autorités compétentes».

Sans oublier que «lorsqu’un professeur, un cadre administratif ou un responsable de services est infecté: la quarantaine de la personne contaminée est respectée pour une durée de 7 jours, avec surveillance des personnes en contact pendant cette période».
La réalité des écoles est tout autre et n’obéit en aucune manière à ce schéma insensé avancé par le ministère de l’éducation nationale qui navigue à vue face à une situation sanitaire qui le dépasse à tous les niveaux.

Un ministère de tutelle qui aurait pu prendre le taureau par les cornes et monter au créneau en prenant ses responsabilités et en disant que la situation est grave, que les élèves risquent de le payer cher et qu’on va opter pour le distanciel jusqu’à nouvel ordre, le temps que le pic de la pandémie passe et qu’on avisera selon les données médicales et cliniques qu’on aura après le passage du pic, prévu pour la semaine du 21 janvier 2022, selon les médecins et les spécialistes marocains. L’impératif, dans cette logique, étant de ne prendre aucun risque pour les enfants dont les parents ne savent plus à quel saint se vouer face à ce flou artistique qui ne rime franchement à rien. À moins que le ministère privilégie la piste qui voudrait sauver une nouvelle saison scolaire, coûte que coûte, sachant que les cours en présentiel présentent sérieusement et sans l’ombre d’un doute un risque majeur pour tous.

Et ce malgré les statistiques qui parlent d’elles-mêmes. En effet, en une semaine, entre le 4 et le 10 janvier 2022, 36 écoles publiques et privées ont fermé leurs portes au Maroc après la détection d’un total de 2.696 cas positifs à la Covid-19. Un bilan diffusé par le ministère de l’éducation nationale. Le bulletin du ministère précise que 2.596 infections ont été recensées, alors que 131 classes ont été suspendues. La région de Casablanca-Settat arrive en tête, avec 1.192 infections, 25 établissements fermés et 65 classes suspendues, suivie de Rabat-Salé-Kénitra (469 infections, 6 écoles fermées et 37 classes suspendues). Parallèlement, la même période a été marquée par la fermeture de 17 établissements de missions étrangères dans tout le Maroc. Les lycées Lyautey, Descartes, le collège Saint-Exupéry, l’école espagnole Juan Ramon Jimenez ont annoncé cette semaine passer à l’enseignement à distance, en coordination avec les autorités marocaines. Alors que les écoles publiques marocaines tergiversent encore comme si nous étions face à plusieurs catégories d’écoliers au Maroc : ceux qui doivent éviter les risques et ceux qui doivent, malgré tout, aller en classe, au risque de tomber malade voire de mourir !

Il faut ici souligner que la situation sanitaire actuelle est tellement grave que même en Europe, en France, en Allemagne et au Royaume-Uni, pour ne citer que ces pays, les cours sont suspendus, le temps que le pic passe, évitant ainsi de tergiverser avec un virus qui n’obéit à aucune logique en dehors de celle de muter et de s’étendre le maximum possible pour toucher le plus grand nombre, comme les chiffres de tous les pays européens ainsi que ceux des USA, du Brésil, de la Chine, de l’Inde et de la Russie l’attestent. En France, les enseignants ont participé à une grève massive, le jeudi 13 janvier 2022, avec la moitié des écoles fermées selon le premier syndicat du primaire. C’est malgré tout deux fois plus qu’en Allemagne, trois fois plus qu’en Italie, quatre fois plus qu’aux Etats-Unis.

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