Chroniques

L’effet «Discours» : Embarqué ou débarqué ?!

© D.R

Imaginez-vous un instant vous lier à ce conducteur dont vous vous méfiez, pour un périple urgent et ce en temps d’après choc et d’après désarroi ? Le fait même de se l’imaginer devient périlleux et peu rassurant.

 

Les auditeurs du discours «M» sont priés de se rendre à la porte «F» pour un embarquement immédiat.
Embarquement ou débarquement ?! Je désigne pour unique responsable de ceci le discours et son capitaine de propos !
Immédiat ! Sinon, c’est le largage qui sera immédiat !
Trois fois le mot « immédiat » déjà ! çà révèle à quel point le voyage dont nous parlons est précis, réglé, synchronisé, planifié et calculé, la destination unique, sérieuse et importante.
Une sorte de dépaysement chez soi. Chez soi, car l’élément principal pour se laisser embarquer est : La confiance.
Nul passagères et nul passagers n’iraient de leur propre pas et de leur plein gré, vers un envol pour une adresse, sans se fier à son pilote.
Le pilote est à l’origine même de cette foi que nous lui devons pour le laisser nous conduire, nous guider et nous livrer à domicile ou hors domicile selon notre affectation.
Alors, imaginez-vous un instant vous lier à ce conducteur dont vous vous méfiez, pour un périple urgent et ce en temps d’après choc et d’après désarroi ? Le fait même de se l’imaginer devient périlleux et peu rassurant. Nous allons donc procéder ensemble, vous et moi, à fermer nos yeux et j’insiste tenter de se l’imaginer cet embarquement. Vous me pardonnerez cette invitation, peu confortable et pas du tout apaisante. Qu’avons-nous envie de faire là, rebrousser discours, sauter du hublot qui n’en est pas un…À la seconde même où en montant dans cette machine à paroles, cet engin à mots, sans ceinture de sécurité car je le rappelle notre chauffeur et nous disposons de rapports qui filent un mauvais coton puisque le cas que nous concevons yeux fermés dans les yeux fermés est une allocution dépourvue de CONFIANCE.
La ceinture de sécurité n’est autre que la confiance, sans laquelle un discours, car c’est là que nous tentons d’embarquer, ne serait plus qu’une courte, très courte manifestation du verbe ou de l’écrit retranscrit, dont ni oreilles, ni yeux, ne se souviendraient, sauf peut-être quelques mémoires tolérantes pour en rire, dans le meilleur des dénouements. Courte démonstration quand bien même ledit discours serait long. La qualité de la longueur ne se mesure pas qu’au temps et au métrage, mais aussi à l’impact de ce qu’elle allonge et rallonge. L’exercice de la communication lorsqu’il s’agit du discours ne peut espérer devenir un voyage, une aventure, une escapade, que lorsqu’il dispose de certains éléments qui lui sont indissociables et qui vont l’élever pour lui donner vie et influence positive ou à l’extrême opposé le faire se crasher violemment et ridiculement.
La forme et le fond de l’énoncé, c’est bien connu, ne se marient qu’en présence de composants que je ne vais pas tous citer ici, pour accrocher, convaincre et percuter, l’oratoire et espérer le rassurer.
Rassurer, quelle lourde responsabilité, en même temps si accessible si le discours est convenablement adapté. C’est cela même la communication efficace !
La prise de parole en public est une manœuvre à l’allure fantaisiste et agitée. Une allure trompeuse, car sous elle, il y a un intérieur consciencieux, méthodique, ponctuel et rigoureux.
Seule la confiance embarque et seule la sincérité engage. Le reste n’est que règles et pratiques.
Surtout ne jamais sous-estimer l’adversaire, enfin le passager, je vais y arriver, l’interlocuteur.
Tout le monde n’a pas son permis de «Pilotage de discours». Tout le monde peut cependant le passer.
Mais comment passer celui de la sincérité ?!
Ne m’en voulez pas je n’ai pas de réponse.
Pour mieux communiquer et mieux vivre…
Pas de sincérité, pas de discours !

 

Sophia El Khensae Bentamy

Consultante, coach et enseignante en techniques de communication, coach en psychologie positive et en thérapie par le rire.

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