Chroniques

Les globe-trotters : Ces Marocains d’ici venus d’ailleurs…

© D.R

A l’approche des vacances estivales les discussions se cristallisent beaucoup autour du retour de ceux que l’on appelle les MRE, toutes les spéculations se font jour sur le nombre de jeunes qui retrouveront le chemin du pays d’origine, sur les familles, sur l’afflux qui s’avère important après les années Covid.

On entend tout et son contraire : ceux qui s’en réjouissent, ceux qui le craignent, ceux qui fantasment et hélas ceux qui profèrent des réflexions à caractère méprisant sans peut-être même s’en rendre compte.
On peut parfois se croire devant CNews où des pseudo journalistes rivalisent de réflexions ouvertement racistes !
Je voudrais à titre personnel vous emmener sur un tout autre terrain, celui plus proche de l’esprit de nos Lions lors du Mondial que de celui des débats éternels sur les conflits qui existeraient entre Marocains du Maroc et Marocains du Monde, ou encore l’apport financier de ceux-ci, qui lassent tout le monde et se révèlent totalement stériles.
Je voudrais vous parler de ces Marocains nés ou ayant grandi ailleurs : France, Belgique, Hollande, Espagne… et (r)entrés au Maroc à l’âge adulte : ils sont trentenaires ou quadras et se retrouvent majoritairement à Casa, Marrakech ou bien Tanger.
Ils sont chefs d’entreprises, cadres dans de grandes entreprises françaises, ou bien encore salariés dans des multinationales.
Les raisons de leur retour au Maroc (qui n’est en fait pas un retour car ils ne l’ont pas quitté, puisque nés à l’étranger) sont multiples : l’attrait du Maroc, les conditions de vie, l’islamophobie et le racisme grandissant en Europe, l’envie de vivre autre chose, le sentiment d’être utiles à la société… et bien sûr tout simplement le désir de bénéficier d’une qualité de vie qu’ils recherchent à juste titre.
Ces Marocains ne cherchent ni à renier leurs spécificités acquises à l’étranger, ni à nier leur passé mais ont la volonté sincère de se faire leur place dans la société marocaine -non pas entièrement à part mais bel et bien à part entière.
Pas de sentiment de supériorité chez eux -et pourquoi d’ailleurs en auraient-ils- mais le sentiment que leurs spécificités sont un plus.
Ils ont voyagé, ils ont parcouru de nombreux pays, aujourd’hui ils se sont fixés, ont créé leurs familles et j’aimerais vous en faire découvrir quelques-uns.
A Casa ce regroupement qu’ils ont appelé Les Globe-Trotters a investi plusieurs créneaux : la vie professionnelle, le social (toujours prêts à aider -et je vous en parle en connaissance de cause, car je fais souvent appel à eux) et un domaine qui fait d’eux une véritable force attractive : le sport, plus exactement le foot.
Je les connais bien et les retrouve chaque jour -ils sont «la famille»- dans un petit café-resto de Gauthier, pariso-bidaoui : le Class-Dish, qui résonne de leurs éclats de voix et de rire.
Dirigée par un trio de choc : Said Ryare, Anouar Mokaouim et Zakaria Affi, leur équipe a vite grimpé les marches de la notoriété et leur réputation s’est étendue à tout Casa.
Sans cesse de nouvelles recrues cherchent à les rejoindre et le sport est petit à petit devenu pour eux une véritable clé du vivre-ensemble.
Ils multiplient les rencontres sportives en y intégrant compatriotes de confession juive, jeunes subsahariens chrétiens ou musulmans, jeunes de quartiers défavorisés, etc.
J’ai assisté au barbecue qu’ils ont organisé et sincèrement ce moment de vie, de convivialité, de mélange restera gravé dans les mémoires de tous ceux qui y ont participé.
Ils ne défraient pas la chronique, ne recherchent pas la lumière, ne font pas l’objet de débats dans les colloques… ils sont la vie, au quotidien, dans notre société pour laquelle ils sont un affluent humain.
N’illustrent-ils pas parfaitement le préambule de notre Constitution…

par Ahmed ghayet

Acteur associatif et culturel

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