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L’Espagne, l’Algérie et les Marocains du Monde !

© D.R

Le Parlement européen a choisi de suivre l’Espagne -et l’Algérie- dans leur hostilité envers notre pays, en votant aujourd’hui une résolution contre nous.
Il faut aller chercher derrière ce vote pour comprendre qu’en fait ce que l’Espagne présente comme une victoire n’est qu’un trompe-l’œil : en vérité, elle voulait un vote unanime, elle n’a obtenu la majorité que de 58 voix.
Cela montre que l’Espagne -pays européen- n’est soutenue que par une partie des pays qu’elle voulait entraîner derrière elle.
De plus lorsque l’on observe le brouillon puis le résultat de la résolution finale on s’aperçoit que les passages les plus durs ont été retirés, sur les 14 intervenants lors de la séance du parlement, 8 étaient Espagnols et 3 étaient Allemands, c’est dire «l’impartialité» des débats, de plus tous leurs amendements ont été rejetés !
Bien évidemment l’Espagne, l’Algérie et tous ceux qui rêvent de nous mettre à terre -y compris hélas en interne – vont s’évertuer à présenter leur version des choses, mais les faits sont têtus, le Maroc reste debout.
Nos ennemis font feu de tout bois, ce qui n’est pas notre cas : ils possèdent des relais médiatiques puissants, forts en Europe, et savent mettre à profit leur diaspora qui y vit.
Ce que malheureusement nous ne faisons pas ou en tout cas très mal.
Les Marocains du Monde sont innombrables, intelligents, attachés à leur pays d’origine -ou celui de leurs parents- sans pour autant renier leur appartenance à leurs pays de vie, et d’ailleurs bien souvent de naissance.
Dans nombre de pays européens nos compatriotes ont acquis des compétences hors pair, ils ont fait souche et beaucoup d’entre eux ont atteint des responsabilités et des fonctions politiques. Je vois déjà ceux qui vont s’écrier que nous voulons en faire des chevaux de Troie, une «5ème colonne», ceux-là sont toujours enfermés dans ce même fantasme, alors qu’il ne s’agit nullement de cela, il s’agit bien au contraire de permettre à ces Franco-Marocains, Belgo-Marocains, Italo-Marocains, Hispano-Marocains… de mettre à profit leur double culture pour être le trait d’union et le vecteur d’équilibre qu’ils ont vocation à jouer entre l’Europe où ils vivent et le pays de leurs racines le Maroc.
D’ailleurs soyons justes envers eux, ils le font sans que quiconque ne les y oblige, et avec beaucoup de ferveur, attachés qu’ils sont à notre pays.
Feu Sa Majesté Hassan II avait dit que chaque Marocain à l’étranger était un «ambassadeur», c’est effectivement ce qu’ils sont, or trop souvent nos politiques, les médias, ne voient en eux que des «pourvoyeurs de devises», il est urgent de sortir de cette vision réductrice et humiliante.
Ils sont bien autre chose, bien plus que cela : il suffit pour s’en convaincre de voir comment les élus français d’origine marocaine s’impliquent, prennent position et deviennent des éléments décisifs des relations internationales.
Je voudrais ici citer la lettre écrite par la députée Bruxelloise Latifa Ait-Baala, qui au lendemain de la résolution du Parlement européen a rédigé un texte puissant : «Les droits des enfants marocains instrumentalisés par des députés européens», vraiment remarquable.
Je vous la livre :
«C’est à un cafouillage et un bricolage auxquels on assiste au parlement européen autour d’une proposition de résolution déposée en urgence par plusieurs membres. Censée dénoncer de supposées violations des droits des enfants marocains et intitulée «Violation de la convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant et l’instrumentalisation des mineurs par les autorités marocaines dans la crise migratoire à Ceuta», le débat autour de ladite proposition de résolution en plénière ce jeudi 10 juin 2021 s’est curieusement porté exclusivement sur le soutien au polisario ainsi que le contrôle des frontières de l’Espagne et de l’UE. L’étendard de l’invasion migratoire semble avoir séduit quelques parlementaires en mal de crise identitaire. On ne peut que regretter l’adoption de cette proposition à 397 voix pour, 196 abstentions et 85 contre.
Certains députés européens se sont clairement saisis d’un conflit bilatéral entre le Maroc et l’Espagne pour lui donner une dimension européenne, manifester sur la scène européenne leur soutien au polisario mais surtout exiger un rôle plus important de l’Union européenne dans le conflit du Sahara alors que tel n’est pas le rôle de l’UE.
Il est étonnant que ni la proposition de résolution, ni les signataires ne reviennent dans leurs déclarations sur la véritable raison du conflit diplomatique. C’est en effet l’entrée secrète en Espagne du leader du polisario Brahim Ghali avec la complicité des autorités espagnoles qui a mis le feu aux poudres des relations diplomatiques entre les deux Etats, alors que celui-ci est notamment poursuivi devant la justice espagnole pour des exactions et crimes commis dans les camps de Tindouf à l’encontre de plaignants marocains et espagnols. Cet acte inamical a été mal perçu par le Maroc qui continue, faut-il le rappeler, à subir les séquelles de la colonisation espagnole !

Au vu de la nature bilatérale du conflit diplomatique et de l’évolution des relations entre l’Espagne et le Maroc suite aux déclarations et engagements pris par les deux pays, la proposition de résolution citée n’avait aucune raison d’être si ce n’est répondre à des pressions formulées derrière un agenda caché auquel certains parlementaires se livrent.
Le député européen Jordi Canas (Ciudadanos), hostile à la position marocaine sur le Sahara, ira jusqu’à dire que «le contrôle des frontières ne doit pas être une Marche Verte des enfants». C’est dire combien la symbolique de la référence n’est pas anodine ! Quant à Salima Yenbou (Verts), elle parlera de mettre fin à une occupation, et Urban Crespo (GUE) d’occupation illégale du Sahara, ignorant totalement l’histoire, le droit international, la prérogative onusienne en la matière et l’intégrité territoriale du Maroc qui elle aussi est non négociable !
Le député européen Andréa Kovachev (PPE), signataire de la proposition de résolution par solidarité européenne et afin de prévenir toute crise migratoire à l’avenir, a par ailleurs souligné que le titre de la résolution devait être modifié comme suite à un amendement introduit et ne correspondait pas à la nature du débat. Il a mis l’accent sur l’entrée secrète en Espagne du leader du polisario sous un faux nom, soulignant par ailleurs que le Maroc est un partenaire historique et stratégique, notamment dans la lutte contre l’immigration et le terrorisme. Ce n’était manifestement pas l’esprit des initiateurs de la proposition, résolution qui semble faire fi des actes perpétrés par Brahim Ghali et que d’aucuns qualifient de terroristes.

Voilà comment un débat censer porter sur les droits des enfants marocains est instrumentalisé et dévoyé a alors que dans le cadre du même débat la Commission européenne représentée par la Commissaire Helena Dalli rappelle la qualité du partenariat stratégique entre l’UE et le Maroc et la nécessité de le renforcer en raison d’intérêts communs, souligne l’importance d’aborder les questions migrations dans le cadre plus globale des relations UE-Afrique et d’œuvrer dans un esprit de confiance mutuelle entre les deux rives de la Méditerranée.
Latifa Aït-Baala.
Députée bruxelloise»

Comment en lisant cette lettre ne pas comprendre à quel point le Maroc passe à côté de compétences, de convictions, de forces de propositions et d’acteurs de premier ordre: Marocains du Monde, Euro-Marocains, de grande qualité, véritable gisement de diplomates et de talents politiques !

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