Chroniques

L’étau se resserre sur Alger

Mustapha Tossa Journaliste éditorialiste

Hara-kiri 
S’il n’est pas envisagé que la diplomatie algérienne puisse lever le drapeau blanc dans les prochains jours, il est certain qu’elle se trouve dans une véritable impasse politique, avec les deux genoux à terre devant les multiples performances diplomatiques marocaines.

Alors que le Roi Mohammed VI avait acté dans son discours devant le Parlement la victoire du Maroc dans l’affaire du Sahara, indiquant que le match diplomatique qui l’opposait au régime algérien est définitivement plié, l’étau se resserre sur Alger l’acculant à des choix extrêmes.
S’il n’est pas envisagé que la diplomatie algérienne puisse lever le drapeau blanc dans les prochains jours, il est certain qu’elle se trouve dans une véritable impasse politique, avec les deux genoux à terre devant les multiples performances diplomatiques marocaines. Elle semble aujourd’hui coincée entre deux options dont la plus supportable pour elle a un goût ou d’échec ou d’une douloureuse révision stratégique.
La première est de continuer dans la voie du défi à l’égard du Maroc. Le régime de Abdelmajid Tebboune a fait de la haine de son voisin de l’ouest une religion d’Etat. Partant de cette doctrine, il est prêt à brûler tous ses vaisseaux pour les beaux yeux des séparatistes du Polisario. Dans cette logique, Tebboune continue de faire subir à la société et à l’économie algériennes un hara-kiri permanent. Les richesses de l’Algérie, au lieu de servir au bien- être de la population algérienne, sont mobilisées au service d’un dessein séparatiste. Et l’on peut s’attendre, sous Tebboune, à un maintien de cette tension jusqu’à extinction définitive.
La seconde option est celle de voir ce régime algérien soudain saisi pour un réalisme politique, prendre conscience que ses choix le mènent inévitablement vers l’impasse. Il envisagerait une marche arrière dans sa stratégie régionale à travers un soutien explicite à l’option de l’autonomie proposée par le Maroc. Cette hypothèse séduit les rêveurs et les forcenés de l’optimisme de voir un jour Alger sortir de son équation antagoniste à l’égard du Maroc.
La première option suppose une attitude suicidaire de la part du régime algérien qui peut continuer à livrer la guerre à des moulins à vent, sans aucun espoir de réaliser la moindre performance, sauf celle sans doute de maintenir l’ensemble de la région dans une atmosphère de tensions et de possible déflagration.
La seconde, même si elle apparaît improbable, tant le régime Tebboune a construit son ADN politique sur la base d’une détestation structurelle du Maroc, pourrait à un moment ou un autre s’imposer à lui pour sortir la relation entre Rabat et Alger de ce goulot étrangleur.
Deux facteurs essentiels peuvent jouer pour changer la vision du régime algérien sur cette question malgré son entêtement. Le premier, à ne pas négliger, concerne des voix politiques internes qui commencent à se faire entendre et qui posent ouvertement la question de savoir quels intérêts politiques et économiques chercherait à réaliser l’Algérie en continuant à investir dans une chimère. L’opinion algérienne, réseaux sociaux aidant, commence à prendre conscience que non seulement cette affaire saharienne est loin d’être une préoccupation populaire algérienne mais que les autorités algériennes ont fait le faux pari de la financer généreusement au détriment des intérêts des populations algériennes laissées à l’abandon et dont le rêve ultime de sa jeunesse est de quitter le pays même si cela devait leur coûter la vie.
Le second facteur est d’ordre international. Quand le constat diplomatique (France, Espagne, États-Unis et demain Russie ) a été fait qu’aucune autre solution ne va être envisagée pour cette discorde régionale en dehors de l’option de l’autonomie sous souveraineté marocaine, un autre constat a été fait en parallèle c’est celui de l’impossibilité d’envisager la création d’un sixième Etat au Maghreb pour quatre cent mille habitants.
Devant cette double pression interne et internationale, Alger n’aura d’autres solutions que d’envisager un indispensable tournant. Une fuite en avant avec la politique de la terre brûlée inspirée par la pyromanie du duo Tebboune / Chengriha ? Ou une négociation d’un virage diplomatique qui ferait entrer la région du Maghreb dans une autre ère et lui épargnerait le spectre de la guerre et de la déflagration généralisée. Dans tous les cas, le régime algérien aura à gérer un immense défi sécuritaire qui a un impact national et régional. Celui de la solution qu’il sera obligé de trouver aux milices armées du Polisario qu’il a gavées d’armes et d’illusions pendant des décennies et que sous la pression internationale, il va être obligé de débrancher.

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