D’une façon générale, les étrangers de par le monde connaissent le Maroc à travers Marrakech, si bien que quelquefois, quand vous leur demandez s’ils connaissent le Maroc, ils hésitent à répondre, en ce qui concerne Marrakech, la réponse, au contraire, est rapide : oui ou «yes».
Cette ville a inspiré plusieurs cinéastes, plusieurs chanteurs. Sir Winston Churchill venait y passer ses vacances à la Mamounia; il a laissé son empreinte dans cet hôtel par cette fameuse suite portant son nom. Les Anglais, depuis fort longtemps, ont été attirés par notre ville qu’ils viennent visiter ou revisiter, et où, par ailleurs, plusieurs personnalités célèbres habitent: artistes, avocats, hommes d’affaires…
Aujourd’hui, la personne qui va nous intéresser est fort sympathique; il s’agit d’un habitué de notre ville, car de par ses fonctions anciennes ou nouvelles il a pu connaître beaucoup de personnalités marocaines à Londres ou au Maroc. Dernièrement, je l’ai rencontré lors d’un séjour d’une semaine à Marrakech avec toute sa famille.
Ils sont venus, me dit-il, «se ressourcer dans cette cité magique».
Derek Conway est anglais; il est membre du Parti conservateur anglais. Il fait de la politique depuis son plus jeune âge. Il est né le 15 février 1953 dans l’Angleterre profonde où il a suivi ses études pour les terminer avec un grand diplôme de la «Beacon Hill Boy’s School», après avoir fait des passages dans deux célèbres institutions de son pays : le Gateshead Technical Collège et la Newcastle Upon Tyne Polytechnic.
Cette éducation lui a été prodiguée avec l’assistance de parents entreprenants. Son père, Leslie Conway, qui occupait le poste de superintendant «of parks and crematoria», et sa mère, Florence Conway, femme au foyer.
En 1980, Derek Conway se marie à Colette Elisabeth Mary Lamb, une femme de qualité avec laquelle il a eu trois enfants : deux garçons et une fille. Durant sa vie, il a occupé plusieurs fonctions extra-politiques, notamment:
• Former advertising manager.
• Regional director and principal organizer National Fund for research into crippling diseases de 1974 à 1983.
• Chief executive cats protection league de 1998 à ce jour.
On voit donc que la vie professionnelle de notre ami a été aussi accompagnée d’une activité associative jusqu’à son élection au Parlement en 1983 au siège occupé longtemps par Sir Edward Heath, ancien Premier ministre anglais (1970-1974), l’homme qui a fait accéder la Grande-Bretagne à l’Europe avec Georges Pompidou, et ce malgré les refus répétés du général de Gaulle. Derek Conway est donc élu à la circonscription de Bexley (old Bexley and Sidcap) et il assure ce poste jusqu’à nos jours (belle succession d’Edward Heat). Par la suite, Derek va servir dans deux gouvernements conservateurs, celui de Margareth Tatcher et celui de son successeur, John Major. Pendant la période parlementaire, il a été attiré par le Maroc si bien qu’en 1985, ses confrères députés le désignent comme président du groupe parlementaire maroco-britannique. Bien entendu, Derek s’intéressait à tout ce qui touchait le Maroc. Il a travaillé en collaboration avec tous les ambassadeurs de notre pays à Londres pour développer et fructifier les relations entre son pays et le nôtre. Il me racontait, il y a peu, qu’un événement lui reste mémorable quand il a fait partie de la délégation anglaise ayant accompagné feu S.M. Hassan II en visite à Londres. Pendant ce séjour, il a escorté notre actuel Souverain, S.M. le Roi Mohammed VI, alors Prince héritier. Il l’a accompagné pendant tout son séjour au Westminster Palace, la Chambre des communes et, bien sûr, la Chambre des Lords, l’actuel Parlement anglais.
En 1987, et pendant dix ans, Derek va servir dans le gouvernement anglais comme ministre entre la Reine d’Angleterre et le Parlement, comme Lord Commissioner at her Majesty’s treasury and then vice-chamberlain of her Majesty’s house-home.
L’année dernière, me dit-il, il a eu une rencontre de travail avec notre ministre des Affaires étrangères, Mohamed Benaïssa, qu’il estime beaucoup. La langue anglaise parlée par notre ministre aidant à une meilleure compréhension.
Il me dit aussi : «Chaque année, je viens séjourner dans cette ville attrayante que ma femme et mes enfants apprécient énormément». Cela lui permet de revoir ses connaissances et ses amis, et de replonger dans les mets délicieux comme ceux qu’on a eus ensemble à l’Ourika ou au Yacout restaurant, propriété de son ami Mohamed Zghiri, consul honoraire de Grande-Bretagne à Marrakech. Il cherche toujours, quand il est à Marrakech, à voir ses vieux amis politiques marocains et son ami l’ambassadeur d’Angleterre à Rabat, un ami commun à nous, S.E. Anthony Layden, actuellement au même poste en Libye, et l’actuel ambassadeur à Rabat, S.E. Hayden Warren Gash.
Derk Conway donne à sa visite de 2003 à Marrakech une note particulière, car il fête, en plus, ses 50 ans. Il m’a dit qu’il ne pouvait fêter cet événement de sa vie qu’en présence de toute sa famille et à Marrakech.
Je lui ai demandé le pourquoi du choix de notre ville. Il m’a répondu : «C’est simple; Marrakech est une ville magique, douce et délicieuse. Aussi, mes enfants, mon épouse et moi-même témoignons une grande admiration à cette ville, le lieu de nos vacances pour mes 50 ans». Il a ajouté que durant cette période où le monde vit des difficultés, des guerres, une perturbation internationale, il était venu à Marrakech pour essayer de promouvoir la compréhension, l’amitié entre un pays arabe, le Maroc et les pays non arabes dans le monde et particulièrement le sien.«Les Européens, dit-il, devraient se pencher mieux sur votre civilisation, votre culture et votre éducation, cela leur permettrait de mieux saisir la signification de la notion d’Islam, de mieux apprécier le mot «paix» et d’apprendre mieux l’esprit de générosité; tout cela est dit dans votre saint livre : le Coran.
Le Maroc qu’il visite depuis plus de 20 ans, lui a permis d’avoir plus d’amis qu’ailleurs et, par conséquent, beaucoup de souvenirs. «Les Marocains, dit-il, sont des vrais amis parmi les peuples du monde, c’est la raison pour laquelle nous et les touristes ,en général , venont et revenont dans ce pays très spécial et à Marrakech en particulier. Durant ma vie politique, ce plaisir du Maroc se prolonge à Londres par la rencontre de représentants du gouvernement marocain, de gouverneurs et de députés marocains ainsi que d’hommes d’affaires. Par ailleurs, la stature de Notre Roi actuel permet aux relations de nos deux pays d’aller vers l’avant et d’établir un grand respect mutuel bénéfique pour nous tous». En ce qui concerne Marrakech, Derek Conway considère que le challenge pour cette ville est qu’elle développe son tourisme dans la pure tradition arabo-musulmane, mais avec une ouverture extraordinaire vers le reste du monde. Cela permet de se souvenir de l’esprit d’amitié, de paix et de tolérance, et non d’avoir seulement un intérêt commercial comme dans certains centres historiques du monde. C’est pourquoi, Marrakech dépassera, dans son évolution, toutes les prévisions pour garder son atmosphère unique au monde.
À la question de savoir s’il pouvait me dire une synthèse ou une conclusion sur Marrakech, Derek Conway m’a répondu : «Personne ne peut visiter Marrakech sans tomber amoureux d’elle avec ses monuments, ses commerces et surtout ses habitants».
Comme mon ami Derek Conway vient tous les ans à Marrakech, je lui souhaite d’y revenir pour fêter son centenaire.