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L’heure de la diplomatie interreligieuse a sonné !

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[box type= »custom » bg= »#eeedeb » radius= »5″]La faiblesse en elle-même de l’UA s’explique par le manque de vision stratégique dans sa politique étrangère, laquelle, d’une part, est mal équipée pour aborder les questions religieuses mais aussi incapable de tirer pleinement profit de l’expertise de certains de ses membres.  [/box]

Qu’on l’admette ou non : bien que la quasi-majorité des conflits opposant des Etats, depuis l’aube des temps et partout dans le monde, sont grandement liés à des avantages géopolitiques, à la protection et/ou à l’exploitation de biens essentiels (ressources minières, forestières et halieutiques, terres arables, etc.), à une expansion territoriale ou à des dégradations économiques, certaines tensions, bien que minoritaires, soient, hélas, dues à des querelles entre religions.
Ces rivalités spirituelles ont réellement endeuillé la planète, pour ne citer que celles survenues entre musulmans et orthodoxes au Kosovo et en Tchétchénie, entre musulmans et catholiques au Timor-Est, entre musulmans et chrétiens au sud du Soudan et au Haut-Karabagh, entre juifs et musulmans au Proche-Orient.
Il en est aussi de l’existence de conflits au sein d’une même religion: entre protestants et catholiques en Irlande du Nord ou entre fondamentalistes islamiques et musulmans modérés en Algérie.
Les religions sont, ordinairement, invoquées comme un pyromètre qui mesure les humeurs du monde mais aussi qui les tranquillise.
Cependant, le plus grand danger de notre temps se rapporte, principalement, à l’instrumentalisation terroriste de la religion et à la haine qui alimente les populations de certaines zones géographiques.
Pour remédier à ces différents dérapages, les Etats et les organisations internationales, continentales et régionales devraient, inéluctablement, promouvoir une diplomatie entre religions, pour un monde en/de paix et loin de toutes formes de violences.
Fortement consciente de l’importance de la promotion d’une paix entre religions, l’ONU, à travers son Assemblée générale, a, depuis l’année 2019, proclamé la date du 22 août journée internationale de commémoration des personnes victimes de violences en raison de leurs religions ou convictions.
Egalement soucieuse de l’intérêt d’une telle question, l’Union européenne veille, depuis quelques années, à organiser des rencontres interreligieuses au plan européen, en vue de mettre les religions au service d’un dialogue de civilisation et de contrer l’intégrisme dans ses nombreuses figures.
En revanche, une minorité d’Etats africains n’ont pas encore atteint un degré de lucidité suffisant, pour promouvoir des stratégies de paix inhérentes aux religions et ainsi transmettre des valeurs religieuses, encourageant la non-violence et la cohabitation entre différents peuples.

Une diplomatie de l’Union africaine en pleine crise
Au tout dernier sommet de l’Union Africaine (UA), tenu les 5 et 6 février 2022 à Addis Abeba, apparaît un sujet vraiment d’une importance banale, à savoir celui du retrait du statut d’observateur accordé à Israël, depuis juillet 2021.
Pourtant, la poignée de pays contestataires entretient des relations, parfois même officielles, avec l’Etat hébreux, d’une manière ou d’une autre, avec, singulièrement, l’accueil de leur ambassade, ce qui est le cas concernant l’Afrique du Sud.
D’une part, l’accueil d’Israël au sein de cette Institution ne peut être qu’un point positif car cela ouvre le dialogue entre religions, promeut une véritable paix mondiale, associe un nouvel acteur international (UA) qui pourrait, d’une manière ou d’une autre, intervenir, positivement, dans la résolution du conflit israélo-palestinien, mais aussi intègre une grande puissance qui apporterait énormément à l’Afrique, notamment dans le secteur agricole et dans celui des hautes technologies.
D’autre part, au lieu de se consacrer à des questions vitales, à savoir le futur rôle de l’Union Africaine par rapport à la série de coups d’Etat qui secouent ces derniers mois l’Afrique de l’Ouest ou encore de réfléchir, sagement, à une sortie de la crise pandémique de Covid-19, on se disperse dans l’inutile.
Quand des clans ou à moindre mesure, une poignée d’Etats commence à se constituer, en défaveur d’une coopération internationale qui est pourtant l’un des principaux objectifs de l’Union africaine, tel qu’énoncé dans son acte constitutif, une réforme du fonctionnement de l’Union Africaine devient impérative, pour se placer, du moins, dans la rhétorique de l’intégration régionale au-delà d’une mise en place effective de politiques régionales.
Par conséquent, la faiblesse en elle-même de l’UA s’explique par le manque de vision stratégique dans sa politique étrangère, laquelle, d’une part, est mal équipée pour aborder les questions religieuses mais aussi incapable de tirer pleinement profit de l’expertise de certains de ses membres, à l’exemple de la Diplomatie Royale, telle que brillamment conçue et conduite par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu le glorifie.

Politiques étrangères et religions
Lutte contre la famine, parrainage des orphelins, libération des esclaves, assistance aux réfugiés, telles sont quelques visées communes aux trois religions monothéistes.
Le culte, dans son sens large, agit, indéniablement, dans la promotion d’un bien public international commun, c’est-à-dire sous la forme de projets humanitaires, de défense des droits de l’Homme, de protection de l’enfance, de résolution des conflits, de lutte contre l’extrémisme religieux ou même d’éducation.
Ainsi et en vue de bâtir une culture de non-violence, de respect, de justice et de paix, le dialogue entre religions devient une nécessité.
Pour cela, les pays devraient inscrire l’intelligence diplomatique en tant qu’approche innovante de politique étrangère, à même :
– de les inciter à développer une véritable diplomatie interreligieuse.
– de sensibiliser leurs diplomates en vue de développer une culture de paix interreligieuse et ne point se laisser dominer par leurs appartenances confessionnelles et idéologiques.
– d’y accorder une place importante au fait religieux.
Pour l’institutionnalisation d’un véritable dialogue entre religions…
Au bout du compte, de plus en plus de pays deviennent fortement conscients de la place prépondérante des religions dans la diplomatie et l’entente entre les Etats.
Il en est de la diplomatie marocaine qui inscrit le culte parmi ses piliers fédérateurs, réaffirmant, indéniablement, son engagement indéfectible pour la paix et le dialogue entre religions.
D’ailleurs, la tradition ancestrale du Royaume prône en faveur de la promotion du dialogue interreligieux et interculturel.
Etant un carrefour de rencontres et de brassage de différentes religions, cultures et civilisations, notre pays pourrait œuvrer plus intensément dans la promotion de la diplomatie et du dialogue en procédant, notamment, à :
– l’initiation d’un Colloque de diplomatie interreligieuse, sous le Haut patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu le préserve, qui devienne un événement international annuel, dont la principale finalité serait le dialogue interreligieux.
Ce qui s’inscrirait dans la vision stratégique de l’Auguste Souverain, Commandeur des Croyants, qui a toujours défendu l’existence d’un monde uni, bâti autour des normes de coexistence, d’acceptation de la pluralité et de la différence.
– l’institution d’une Organisation mondiale de coopération et de dialogue entre religions, dont la vocation cultuelle ne se limiterait point à une seule religion.
– la création, au sein du département des affaires étrangères, d’une Direction centrale, à dénommer «Dialogue entre Religions», à l’instar des USA où existe au sein de son Département d’Etat une direction «Religions and Global Affairs» ou encore en France, avec la désignation, au niveau du Quai d’Orsay, d’un conseiller pour les affaires religieuses.

(*) Docteur en droit/Expert en intelligence économique/Analyste en stratégie internationale/Auteur du concept d’intelligence diplomatique

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