Chroniques

L’Histoire antidote au rejet de l’Autre

© D.R

Célébrer la diversité de notre pays, de notre patrimoine n’est pas suffisant, cela finirait par s’apparenter à de la nostalgie, il faut faire vivre cette richesse, elle était vraie dans le passé, elle l’est toujours aujourd’hui, même si c’est sous des formes différentes. Or parmi les reproches qui sont adressés aux générations  actuelles il en est un qui revient souvent c’est celui de la «mémoire courte», celui de ne pas même connaître l’histoire de son pays.

Il suffit de nous voir, tous d’ailleurs, lors d’un jour férié correspondant à une fête nationale, nous poser la question «C’est quoi cette fête ?». Mais nous posons-nous la question de savoir pourquoi les jeunes sont à ce point dans l’ignorance de leur propre histoire? Car ce déficit de mémoire est lourd  de conséquences : d’abord ce sentiment qu’ont les jeunes de ne rien «devoir» aux générations précédentes, celui de ne pas se sentir liés à une appartenance, l’amoindrissement de l’amour de la patrie, une certaine forme d’égoïsme… et une grande solitude. Sans retirer aux jeunes leur part de responsabilité, force est de reconnaître que pour qu’il y ait mémoire, il faut qu’il y ait transmission, or qui aujourd’hui remplit ce devoir de mémoire à leur égard ?

Personne ou presque! L’école a abdiqué ce rôle il y a bien longtemps, les parents ne peuvent transmettre que ce qu’ils connaissent et même lorsqu’ils ont cette connaissance cela ne constitue par leur priorité, reste alors les intellectuels, les écrivains, les historiens… mais lorsqu’ils ne sont pas aux abonnés absents, notamment les intellectuels, leur audience reste bien moindre que «Lalla Laaroussa»…

De tout temps notre pays a été terre de confluences, c’est ainsi strates après strates que s’est façonnée notre identité, que s’est consacrée notre diversité et que –finalement- nous sommes devenus ce que nous sommes aujourd’hui. Notre Constitution l’intègre d’ailleurs dans son préambule. En fait le Maroc n’a jamais cessé d’être une terre de migrations. Le rejet de l’Autre au nom d’une différence réelle ou supposée n’est pas acceptable, l’enseignement intelligent de notre Histoire peut être «l’antidote» à ce fléau. Conscients de la diversité qui nous a faits et qui nous enrichit saurons- nous préparer nos jeunes à la curiosité, à la réceptivité ? Là encore l’enseignement de l’Histoire a un rôle primordial.

Depuis toujours les Marocains sont les fruits d’additions, l’oublier serait la fin de notre diversité qui fait notre richesse, la fin de notre singularité ! C’est de vivre ensemble qu’il faut parler, de ce qui nous rassemble, de ce qui fait que nous sommes tous Marocains. Parlons de nos dénominateurs communs et vivons nos spécificités avec bonheur, arrêtons de nous faire peur : les uns ne vivront pas sans les autres ! C’est la philosophie du concept de «Rassemblance» qui a été lancée lors du dernier Café Politis et qui fera l’objet d’une émission sur Luxe Radio mardi 7 avril, et c’est ce qu’il faut intégrer dans nos manuels scolaires.  Chaque fois que nous rejetons, que nous excluons, que nous bannissons c’est notre Nation tout entière qui est amputée !
 

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