La conduite de toute politique étrangère, dans une approche commune à tous les Etats, repose, essentiellement, sur une harmonisation de deux notions fondamentales, à savoir la diplomatie et la stratégie. Une parfaite synchronie entre ces deux concepts permet à un pays de mener sa politique étrangère avec grandeur et brillance, atteignant ainsi et en toutes aisance et facilité ses objectifs les plus convoités.
C’est ainsi que l’intelligence diplomatique (ID), une notion nouvelle et moderne, n’ayant jamais été employée dans le passé, dans le jargon des relations internationales, pourrait éclairer les pays pour intégrer dans leurs politiques extérieures des objectifs visant l’instauration d’une paix mondiale.
L’ID pourrait également s’avérer l’approche la plus pertinente, pour répondre à de grands changements et à un monde complexe et agile, où l’essor des nouvelles technologies de l’information et de la communication a, considérablement, brouillé les pratiques diplomatiques des Etats, allant même générer entre eux de multiples frictions et conflits, particulièrement au niveau de la Toile numérique.
De nos jours, les pays ne se contentent plus, dans le cadre de l’exercice de leurs politiques étrangères, de restreindre leurs relations avec des Etats et des organisations internationales mais se doivent d’accroître les contacts et les interlocuteurs, surtout avec la multiplication d’acteurs infra-étatiques, de plus en plus actifs sur la scène mondiale, à l’exemple de laboratoires pharmaceutiques, de cabinets spécialisés en R&D, d’entreprises d’armement, d’ONG ou encore de sociétés civiles.
L’intelligence diplomatique et son essor
La naissance de ce concept intervient suite à un constat qui recense une variété de diplomaties (économique, culturelle, environnementale, climatique, sécuritaire, sportive, éducative, maritime, spatiale, sportive, religieuse, sanitaire, parlementaire, etc.) et une multiplicité d’intelligences (stratégique, économique, juridique, etc.), toutes ne cessant d’évoluer pour prendre différentes formes.
A cet égard, l’intelligence diplomatique vient tirer le mieux de chacune d’entre elles pour faire ressortir une stratégie de politique étrangère, protéiforme et relativement élastique, aisément malléable et adaptable à tout changement.
L’intelligence diplomatique ne manque pas non plus de tenir compte de nouvelles figures, bien qu’emblématiques, telles que l’e-diplomatie, la cyber diplomatie, la diplomatie Twitter ou encore la diplomatie numérique, avec, singulièrement, des échanges directs entre chefs d’Etat et hautes personnalités politiques. En vain, l’intelligence diplomatique intègre, dans sa conception, l’alphabet de la civilisation numérique.
A l’ère du XXIème siècle, il n’est plus sorcier de retenir que les compétences numériques représentent les principales fondations à acquérir, pour embrasser les bons réflexes qui capteraient les flux continus et grandissants d’informations mais aussi pour interagir au niveau du cyberespace.
Toute politique extérieure réussie se distingue par une constante où l’acte joint la parole, caractérisée par un degré élevé de crédibilité de l’Etat concerné vis-à-vis de la communauté internationale. Et aujourd’hui, la politique étrangère de notre pays, sous la conduite éclairée de Sa Majesté le Roi Mohammed VI que Dieu l’Assiste, en est un parfait exemple.
En résumé, l’intelligence diplomatique inciterait, notamment, les Etats à :
– contribuer, principalement, au renforcement d’une paix mondiale.
– entretenir des rapports avec n’importe quel pays, quel que soit son système social, politique, économique ou religieux.
– impliquer la communauté du renseignement dans l’accompagnement, en toute légalité, des différentes formes de diplomaties et de négociations.
– choisir leurs partenaires stratégiques sur la base de leurs crédibilités et non plus, uniquement, sur leurs bons voisinages.
– inscrire, nécessairement, les diplomaties numériques et d’influence parmi les principaux leviers de leurs politiques étrangères.
L’intelligence diplomatique pour une rayonnante politique étrangère
En vue de maintenir la position privilégiée de notre pays, voire de l’améliorer davantage, l’Auguste Souverain a, sagement, choisi de confier le portefeuille des Affaires étrangères à M. Nasser Bourita qui accomplit, depuis quelques années –et il faut bien le reconnaître– un travail remarquable, en s’impliquant, positivement, dans le couronnement d’une véritable politique étrangère du Royaume – à portées continentale, régionale et mondiale.
Pour se distinguer davantage, dans le cadre de la mise en œuvre de cette politique extérieure, il serait vivement recommandé à notre pays d’étudier, sérieusement, l’opportunité de :
– Recourir à l’intelligence diplomatique, en tant qu’approche clef dans la mise en œuvre de sa politique étrangère.
– Fonder à Rabat un établissement d’enseignement supérieur public, dédié à la formation en diplomatie, à dénommer l’Ecole Supérieure Roi Mohammed VI de Diplomatie, en vue de préparer la prochaine génération de leaders et d’acteurs africains.
– Procéder à l’intégration au sein du ministère des affaires étrangères d’une Direction d’intelligence diplomatique qui se chargerait, entre autres, de contribuer, via des actions de lobbying, d’influence et de contre-influence, opérées au niveau du cyberespace et des réseaux sociaux, à même de former une opinion publique internationale positive. Ce qui permettrait de s’adapter, profusément, aux transformations du monde d’aujourd’hui.
– Multiplier ses actions de diplomatie publique, à même d’inciter ses citoyens à intervenir, instinctivement, au niveau des réseaux sociaux, en tant que vrais ambassadeurs pour la défense des intérêts suprêmes de la Nation.
– Mener des campagnes de sensibilisation, au niveau international, pour le soutien des peuples pauvres et défavorisés, notamment ceux d’Afrique, de telle manière que les aides fournies à ces pays se fassent, impérieusement, dans le cadre de développements solidaires et dans un pur objectif commun de lutte contre les inégalités mondiales.
(*) Docteur en droit del’Université d’Aix-Marseille Expert en intelligence économique de l’Ecole de guerre économique de Paris Analyste en stratégie internationale et auteur du concept d’intelligence diplomatique