Chroniques

Macron et l’Algérie, la grande déception !

Mustapha Tossa Journaliste éditorialiste

Parce que c’est un politique qui n’avouera jamais une erreur d’appréciation, le président français Emmanuel Macron ne viendra jamais devant les médias pour dire qu’il s’est trompé de politique à l’égard du Maghreb, que son pari, voire son tropisme algérien a totalement échoué. Quitte à avaler des couleuvres, Emmanuel Macron restera silencieux sur ce sujet qui commence sérieusement à marquer la politique étrangère de ses deux mandats.

Motivé par une volonté de laisser son empreinte historique sur les très délicates relations entre la France et l’Algérie, mû par une forme d’obsession égocentrique de réussir là où ses prestigieux prédécesseurs ont échoué, Emmanuel Macron a fait de l’Algérie sa principale boussole dans la région du Maghreb et du Sahel. Résultat, il s’était engagé à fond à soutenir un régime algérien qu’il avait accusé lui même de vivre sur une rente mémorielle.
Ce pari, de l’aveu même de certains diplomates français, est un spectaculaire échec. Le partenariat franco-algérien rêvé par Emmanuel Macron s’est fracassé sur de dures réalités. La gestion de la très sensible question de l’immigration entre Paris et Alger incarne la persistance des malentendus historiques entre les deux pays.
Les deux visites effectuées après Emmanuel Macron et Elisabeth Borne, Premieère ministre et la moitié de son gouvernement, ainsi que l’inédite réception à Paris du patron de l’armée algérienne Said Chengriha n’ont pour le moment accouché que de vagues déclarations d’intentions.
Les malentendus entre Paris et Alger, les caprices du régime algérien qui avait cru déceler dans la stratégie de Macron une occasion de faiblesse à exploiter pour imposer à la France tous ces désidératas ont nourri cette défiance entre les deux pays. Plus Emmanuel Macron cède, plus le régime algérien s’enflamme dans ses diatribes contre la France. Le président français avait fait mine de ne pas comprendre que la relation avec la France est une composante essentielle de la guerre intestine que se livrent les clans au sein de l’armée algérienne.
Puis sont venues deux crises majeures qui vont dévoiler l’hypocrisie et le double langage du régime algérien. La guerre entre la Russie et l’Ukraine et la crise du Niger. Dans la première, Alger assume ouvertement son rôle de financier de la machine de guerre russe au grand dam de Paris et de Washington qui tentent par tous les moyens d’affaiblir Vladimir Poutine.
Pour la seconde, le régime algérien s’oppose frontalement aux intérêts français dans cette région, en s’opposant à toute opération militaire destinée à chasser les putschistes du pouvoir et à rétablir l’ordre institutionnel à Niamey. Alger épouse ainsi les intérêts et les agendas russes dans la région dont la vocation assumée est de dégager, pour la remplacer, l’influence de la France dans cette région.
Sauf à s’enfermer dans une attitude autiste et pratiquer la politique de l’autruche, Emmanuel Macron ne peut pas constater que ses investissements politiques sur le régime algérien ne réalisent pas les résultats escomptés. Bien au contraire, Alger qui a perdu sa vocation à devenir un allié, se transforme, sous l’influence des Russes et de cette haine entretenue par certains milieux contre la France, en un adversaire et un antagoniste.
Lors de sa dernière sortie médiatique, le président Abdelmajid Tebboune avait tenté de vendre un sentiment de normalité dans l’actuelle relation entre Paris et Alger. Si sa visite avait été reportée à maintes reprises, c’est à cause d’une divergence, presque mineure, sur son agenda. Alors qu’à Paris personne n’évoque cette éventuelle visite, comme s’il s’agissait d’une annulation pure et simple et non un report de circonstances.
Aujourd’hui, Emmanuel Macron est dans l’obligation de réfléchir et de revoir en profondeur ses choix maghrébins qui ont fini par l’éloigner du Maroc sans lui faire gagner l’Algerie. Pour ne pas déplaire au régime algérien, le président français s’était imposé des restrictions, voire des lignes rouges avec le Maroc parmi lesquelles se trouve sa grande hésitation sur la souveraineté du Maroc sur son Sahara. Aujourd’hui, maintenant que son pari algérien est parti en fumée, Alger ayant préféré céder à ses passions russes plutôt qu’aux avances françaises, le temps n’est-il pas venu pour Emmanuel Macron, pour les quelques années qui lui restent de son second mandat, de réécrire une nouvelle page entre la France et le Maghreb basée sur des ambitions heureuses et non des passions tristes ?

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