Chroniques

Macron et le gouvernement introuvable, enjamber les Jeux !

Mustapha Tossa Journaliste éditorialiste

Les Jeux olympiques ne semblent être qu’un prétexte politique pour justifier la non-décision de Macron de choisir, comme le veut la tradition républicaine, une personnalité parmi le premier groupe parlementaire pour former un gouvernement.

À entendre la très maigre communication de l’Elysée sur l’issue des élections législatives anticipées, il ne risque pas d’y avoir un nouveau gouvernement français avant la rentrée politique de septembre au moins. Emmanuel Macron s’est laissé facilement séduire par la réthorique de la nécessité d’enjamber les Jeux olympiques avant de procéder au grand changement de l’appareil politique et administratif qu’impliquent les résultats des élections.
D’ailleurs la tenue des Jeux olympiques à Paris, événement mondial très attendu, était déjà la source d’une réelle interrogation sur la pertinence de la dissolution et de la tenue d’élections législatives anticipées. Comment le président de la république pouvait-il plonger le pays dans une séquence aussi mouvante, aussi incertaine à la veille d’un événement capital pour l’image et les intérêts de la France ? Au moment où les anti dissolution, pour cause de Jeux olympiques, tentaient de convaincre Emmanuel Macron de faire marche arrière et de reporter cette aventure, le locataire de l’Elysée était resté sourd à ces réserves.
Ironie de l’histoire, c’est au nom de la préparation de ces jeux que le président Macron semble reporter la désignation d’une personnalité pour former le gouvernement censé succéder à celui de Gabriel Attal. Il a enrobé sa démarche par une lettre aux partis politiques représentés au parlement en leur demandant de trouver un accord pour former une majorité solide. Les conditions étant que cette future majorité ne doit contenir ni des personnalités de la France insoumise de Jean-Luc Mélenchon ni du Rassemblement national de Marine Le Pen et Jordan Bardella. Les deux extrêmes officiellement honnis par Macron.
Les Jeux olympiques sont donc tombés dans cette séquence comme une sorte de bénédiction politique inespérée pour justifier tous les reports et les grandes hésitations. Elle est comprise par les Francais qui ne tiendraient pas rigueur à Emmanuel Macron d’avoir privilégié l’efficacité dans l’organisation de cet événement planétaire plutôt que de provoquer des secousses politiques qui vont fatalement changer la gouvernance administrative du pays en pleine période estivale et en pleine organisation des Jeux olympiques.
De nombreuses voix et non des moindres ont demandé à Emmanuel Macron d’enjamber cette période des jeux, de prolonger le gouvernement Attal et de lui confier la mission de gérer les affaires courantes jusqu’à la fin de cette période estivale très sportive et attendre le retour des Français de leurs vacances. Mais les Jeux olympiques ne semblent être qu’un prétexte politique pour justifier la non-décision de Macron de choisir, comme le veut la tradition républicaine, une personnalité parmi le premier groupe parlementaire pour former un gouvernement.
Or ce qui transparaît dans la démarche d’Emmanuel Macron est que pour éviter d’être contraint de choisir une personnalité à gauche pour succéder à Gabriel Attal, il lance un grand pari sur la capacité des forces du centre et de la droite ainsi qu’une parité de la gauche de s’unir pour former «la majorité solide» dont rêve Emmanuel Macron.
Derrière le slogan de Macron, «personne n’a gagné», le président voudrait insuffler à cette éventuelle majorité du centre et de la droite et une partie de la gauche une dynamique de recomposition alternative à la gauche.
Ce que, sans doute, Emmanuel Macron n’a pas prévu dans ses calculs politiques et qui va compliquer lourdement sa stratégie est à résumer en deux points. Le premier est que le parti des républicains considéré par Macron comme une composante naturelle de cette majorité désirée a opté pour une posture de rébellion et de refus. Déstabilisés par la fracture causée par l’alliance scellée par Éric Ciotti et le RN, les républicains refusent de se mettre sous le parapluie de Macron et de lui servir de caution et de force d’appoint.
Le second point qui complique cette vision de Macron est son incapacité à provoquer un schisme au sein du nouveau Front populaire. Ni les socialistes, ni les verts, ni les communistes ne veulent rompre les amarres avec la France insoumise, exclue par Macron, et rejoindre le camp présidentiel pour former l’indispensable majorité dont tout nouveau gouvernement qui aspire à une stabilité dans sa gestion a besoin.
Même après avoir enjambé les Jeux olympiques, Emmanuel Macron n’est pas assuré de trouver une issue à l’actuelle impasse française, surtout après les grandes complications provoquées par une dissolution improvisées et des élections législatives anticipées qui n’étaient le fruit d’aucune urgence nationale.

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