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Macron et Tebboune, le divorce qui s’installe !

Mustapha Tossa Journaliste éditorialiste

Crise : Le constat aujourd’hui est que le président français semble avoir fait le deuil de cette relation, signifiant par là que le président Tebboune n’est que la pâle façade civile d’un pouvoir militaire dont les clans dominants aujourd’hui sont recroquevillés sur leur haine contre la France.

Alors qu’il était d’une certaine pertinence de penser que ni Paris ni Alger ne pourraient laisser une crise aussi profonde s’installer dans le temps entre les deux pays et que l’urgence de la situation nécessitait une intervention exceptionnelle des deux plus hautes autorités, entre la France et l’Algerie, le froid glacial entre les deux pays est en train de gagner une remarquable normalité.
Il est vrai que cette crise et l’incapacité manifeste des deux protagonistes à en sortir ont sans doute fini par désespérer, voire lasser l’opinion qui sous la pression des événements est passée à autre chose. La preuve se trouve dans le fait que le sort d’un homme comme le franco-algérien Boualem Sansal qui occupait le fronton de l’actualité et des préoccupations a presque disparu des radars. Son sort est régulièrement évoqué au hasard d’une interview du ministre français des affaires étrangères sous le ton du vœu pieux.

Il est vrai que cette mésentente entre la France et le régime algérien s’est aggravée au fil des révélations et des découvertes des caprices d’Alger sur le territoire français. Ce qui était jadis relativement tolérable est devenu politiquement scandaleux aujourd’hui. Le régime algérien est entré dans une colère noire le jour où la France a pris la décision stéra, souveraine, régalienne de reconnaître sans fioritures la souveraineté du Maroc sur son Sahara. Et les autorités françaises ont eu le sang glacé le jour où elles ont découvert, preuves irréfutables à l’appui, que le régime algérien s’immisce dans les affaires françaises à travers des opérations sécuritaires visant les opposants ou une guerre numérique sur les réseaux sociaux à travers les influenceurs algériens chargés de semer le chaos et la violence sur le territoire français.
Cette brusque découverte française est venue frapper de plein fouet le tropisme algérien du président Emmanuel Macron. Ce pays, l’Algérie, à qui il s’apprêtait à tout donner, est en réalité empli d’arrière-pensées, d’attitudes négatives et de démarches destructrices. Chez le locataire de l’Elysée, il y a eu comme un choc thermique politique entre les espérances du début et les sombres réalités d’aujourd’hui.
Longtemps, les optimistes forcenés de la relation entre Alger et Paris s’accrochaient à l’idée que la qualité des relations personnelles entre le président Tebboune et le président Macron suffisait à elle seule à déverrouiller les impasses de cette tension. Or le constat aujourd’hui est que le président français semble avoir fait le deuil de cette relation, signifiant par là que le président Tebboune n’est que la pâle façade civile d’un pouvoir militaire dont les clans dominants aujourd’hui sont recroquevillés sur leur haine contre la France.

Parallèlement, le régime algérien est dans l’obligation de faire le constat que sa logique de chantage, que sa stratégie des menaces et des coups de menton n’opèrent plus sur Paris. Cette perception le met dans un état de paralysie politique totale, incapable d’inventer des solutions susceptibles de mettre fin à cette crise entre les deux pays.
Résultat de ce bras de fer qui s’installe, les deux pays ne s’investissent plus pour lever les malentendus. Plus personne n’évoque, même en privé, le maintien de ce dialogue informel entre Tebboune et Macron à travers des visiteurs du soir et le recours à des amis communs. Une certaine excitation sur ce sujet a eu lieu lorsque le président Tebboune avait reçu dans la foulée des amis proches de Macron que sont l’artiste DJ Snake et le puissant homme d’affaires libanais Rodolphe Saadé, le patron de CMA CGM.

Il faut dire que ces réceptions et les espoirs qu’elles ont suscités dans certains milieux trahissent en réalité la grande sécheresse qui caractérise les relations entre la France et l’Algérie. Pour que Paris puisse compter sur des artistes et des hommes d’affaires pour transporter des nouvelles et des offres vers Alger, il faut bien que les canaux traditionnels sécuritaires et diplomatiques entre les deux pays soient détériorés et bouchés à un point qui en dit long sur la gravité de la crise que traversent les deux pays.
Le constat actuel est que Paris attend un changement d’équipe au pouvoir à Alger, l’érosion de l’âge aidant, pour espérer relancer une nouvelle page avec de nouvelles ambitions tandis que le régime algérien attend les prochaines échéances électorales françaises qui pourront lui procurer un autre interlocuteur capable de trouver les termes pour mettre fin à cette crise.

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