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Métiers de l’empathie : L’Etat doit s’efforcer d’améliorer la situation

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Cultiver l’empathie dans ces différents milieux professionnels offre de considérables atouts dans le développement du pays, le maintien de l’ordre public et la sauvegarde de la sécurité intérieure.

Dans certaines situations particulières, l’être humain a besoin d’être écouté et compris beaucoup plus qu’en temps normal, d’être soutenu et de savoir que l’on partage avec lui ses préoccupations, ses besoins, ses sentiments d’anxiété, de nervosité et de douleur physique. Dans certains métiers beaucoup plus que d’autres, seules les personnes qui ont de l’empathie et du respect pour les autres seraient aptes et prêtes à remplir leurs fonctions le mieux possible pour accompagner et assister tout national ou ressortissant étranger se trouvant sur le sol marocain, dans ses moments difficiles.

L’empathie, une qualité humaine à cultiver

L’empathie est une compétence humaine qui transcende de nombreux domaines professionnels, se situant même à la base des relations interpersonnelles. Le vocable « empathe » signifie un don. On l’appelle le don de l’empathie car chez beaucoup de personnes, cette qualité est innée. C’est probablement vrai: certains individus ont toujours été sensibles aux soucis du bien d’autrui, depuis même leur plus jeune âge. Cela ne veut pas dire non plus que nous sommes empathiques à la naissance ou non. Au fait, nous sommes tous, en tant qu’êtres humains, naturellement dotés d’empathie, plus ou moins développée. Toutefois, l’empathie peut être cultivée de différentes façons, généralement, en participant à des actions ciblées de sensibilisation, en adhérant à des chartes et codes de bonne conduite ou encore en prenant part à des programmes éducatifs spécifiques. Toutefois, une précision importante qu’il faut garder à l’esprit: nous ne devons chercher ni le manque d’empathie ni le trop plein d’empathie. Au fait, il faudrait parvenir à établir un juste équilibre entre rigueur et empathie.

Quels métiers nécessitent le plus d’empathie?

La raison voudrait que l’on ne sélectionne pour les emplois, à degré élevé d’empathie, juste des personnes qui le sont déjà ou qui sont prédisposées à développer davantage ce noble sentiment. Finalement, comme disait Rousseau «L’homme est naturellement bon». A vrai dire, la qualité d’empathie est très importante chez tout individu, quelle que soit l’activité qu’il exerce ou la fonction qu’il occupe. Cependant, cette valeur humaine devient, non seulement souhaitable, mais carrément essentielle dans certains métiers, allant même constituer un levier important – voire fondamental – de l’Etat pour le maintien et le développement des valeurs de citoyenneté et de patriotisme. Ce qui permet d’armer les individus et les peuples en vue de contribuer au développement et au bien-être de leur pays d’une manière responsable. Ces métiers qui exigent le plus d’empathie peuvent être classés selon trois grandes catégories : les métiers du droit et de la justice, les professions médicales et les fonctions de l’enseignement. Cultiver l’empathie dans ces différents milieux professionnels offre de considérables atouts dans le développement du pays, le maintien de l’ordre public et la sauvegarde de la sécurité intérieure. Cela permet également de créer un environnement national de meilleure qualité propice au rayonnement de l’image de marque du pays à l’international.

L’empathie dans les métiers du droit et de la justice

Les principaux métiers du droit et de la justice qui nécessitent de l’empathie concernent, principalement, les fonctions de policier, de gendarme, de surveillant pénitentiaire, de magistrat ou d’avocat. Un policier ou un gendarme est tenu par exemple de s’assurer que la victime d’une agression ou d’une injustice se sente en sécurité et que lors de son premier contact avec elle, l’intervenant fasse preuve d’un degré élevé d’empathie et de compassion à son égard. Il en est aussi au moment de l’arrestation, d’une mise en détention, d’un contrôle routinier ou d’une fouille – quel que soit le motif – de s’abstenir d’employer une force inutile ou un langage insultant. Dans les établissements pénitentiaires, le détenu doit être traité avec le respect de la dignité inhérente à l’être humain, quelle que soit la nature de l’acte ou du crime pour lequel il a été condamné. Quant aux avocats et magistrats, ceux-ci sont tenus de respecter et de défendre, dans le cadre de l’exercice de leurs fonctions, la dignité, l’intégrité physique et morale du citoyen et de toute personne qui participe, sous une forme ou une autre, aux procédures judiciaires. Un juge ne doit pas seulement se mettre à distance de ses émotions et juger à froid, comme l’avocat est tenu de faire preuve d’un minimum d’empathie envers ses clients, surtout ceux qui traversent des moments émotionnellement chargés.

L’empathie dans les professions médicales

Dans un hôpital, dans une clinique, dans un dispensaire ou dans un cabinet médical – relevant du domaine public ou privé – le malade doit être traité humainement dans le respect de sa dignité. Ce qui permet au patient de ressentir un soutien émotionnel fort, lequel fait partie des principaux facteurs de guérison. D’autant plus que cela facilite au corps médical une meilleure appréhension des symptômes et inquiétudes du malade. Le bon sens voudrait qu’un médecin digne de ce nom puisse avoir la capacité de travailler activement sur les émotions et c’est d’ailleurs l’une des tâches les plus complexes de la consultation médicale. Il est aussi important de relever que la majorité des patients souhaite entretenir une relation de type humain avec son médecin. Cela est encore plus vrai pour le cas spécifique des psychologues qui se doivent de construire dans de nombreuses pathologies une relation émotionnelle avec le patient pour favoriser la réussite du processus thérapeutique.

L’empathie dans les métiers de l’enseignement

Travaillant avec des écoliers, des élèves ou des étudiants aux horizons divers et aux besoins variés, l’empathie favorise la compréhension des défis individuels de chacun et facilite au corps professoral une plus grande aisance dans l’adaptation de leur enseignement et une meilleure communication. Pour cela, l’ensemble du personnel des professions éducatives devrait faire preuve d’empathie. Cela est d’autant plus vrai à tous les niveaux de scolarité (préscolaire, primaire, secondaire, études collégiales ou universitaires). Hormis des phases parfois difficiles liées aux périodes d’adolescence et les débuts de l’âge adulte, il existe des situations auxquelles l’enseignant devrait prêter grande attention: cela concerne des élèves qui souffrent de troubles de comportement. A cet égard, assez souvent, le professeur ne les distingue pas et se met à les sanctionner à tort et à travers, sans se rendre compte qu’il s’agit de cas pathologiques, nécessitant un soutien assez spécifique, à commencer par l’adoption d’un comportement empathique.
Finalement, l’empathie, compétence agréable à avoir, est au cœur de la réussite professionnelle et une qualité indispensable pour le renforcement des sentiments patriotiques de la population. C’est pour cela que l’Etat devrait s’efforcer d’améliorer la situation actuelle, en portant une attention toute particulière aux conditions d’accès aux métiers d’empathie. Il est aussi appelé à veiller à ce que le personnel de ces professions soit responsable, éthique et empathique. Bien plus que cela : il est du devoir de l’Etat de prendre les mesures nécessaires pour assurer le bien-être, physique et mental du citoyen.

Par Lahrach Yassir

Docteur en droit/Expert en Intelligence économique
Analyste en stratégie internationale/Auteur du concept d’intelligence diplomatique

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