Mieux vaut en rire: La France nous aime, nous non plus…

Les relations entre le Maroc et la France ont toujours été passionnelles. Personne n’est capable de dire qui aime plus l‘autre –  ou qui ne l’aime pas – mais c’est un couple qui ne laisse pas indifférend. D’ailleurs, au moindre différent entre eux, toute la planète est au courant, surtout les voisins qui se rincent l’oreille à l’œil, et s’offrent par la même occasion une occasion en or de détourner l’attention sur ce qui se passe chez eux et notamment la nième candidature du « vieux ».

C’est quand même bizarre cette histoire. Je ne veux pas vous parler du « vieux », d’abord parce que je n’aime pas (sa) tirer sur les ambulances, et comme tout le monde lui tombe dessus, le pauvre ne va même plus pouvoir bouger sa seule main valide. C’est vraiment dommage que le ridicule ne tue pas, mais passons et revenons à nos amis français.

Alors, justement, on va leur poser la question qui tue : «êtes-vous vraiment nos amis?». Cette interrogation est tout à fait légitime dans un couple, surtout à un moment où les rapports commencent à battre un peu de l’aile. Je ne sais pas si vous l’aviez remarqué, j’ai écrit «nos amis» et pas «nos amants». A ce propos je pense franchement que les propos attribués à tort ou à raison à «nos amis» ont poussé le bouchon de l’intimité un peu trop loin.

Je savais les Français très grivois, mais là, ils ont été limite libertins. Bon, comme j’ai déjà traité ce sujet, en plus, c’est vrai, un peu par-dessus la jambe, je ne veux pas trop m’étaler dessus. D’ailleurs, on a appris avec une satisfaction légèrement différée que tout le staff de leurs Affaires étrangères a démenti comme il a pu et a même présenté ses excuses les plus plates mais excuses quand même. Il faut dire qu’ils ont bien vu qu’on n’était pas très contents de ce côté-ci de la Seine.

Il paraît que des milliers de nos concitoyens et concitoyennes sont arrivés à Rabat par bus et cars bourrés de partout au Maroc pour crier leur colère devant l’enceinte de l’ambassade de France, allant jusqu’à demander le départ de l’ambassadeur.

Je ne sais ce que leur a fait le pauvre car lui n’y est pour rien dans cette affaire, mais je pense qu’on lui a appliqué la fameuse morale de La Fontaine, cet autre Français grâce auquel beaucoup de Marocains ont appris le français : «Si ce n’est pas toi, c’est donc ton frère…».  Je pense que ces manifestants trop patriotes n’ont pas été très inspirés car, comme Son Excellence l’ambassadeur n’a ni l’intention ni l’envie de partir d’ici, et comme il y a plein de caméras fixés en haut des murs de l’ambassade, il va sûrement se rappeler de ceux qui vont bientôt venir lui demander un visa. Blague à part, nos amis-amants français devraient ne pas oublier que beaucoup d’entre nous, alors que nous étions en culottes courtes ou beaucoup plus tard quand nous étions devenus plus grands, nous avions eu des maîtresses françaises qui nous ont appris beaucoup de bonnes choses, à commencer par les bonnes manières.

Je dis cela à un moment où notre gouvernement dirigé, faut-il le rappeler, par une formation peu suspecte de francophilie aigüe, s’apprête à insérer officiellement le bac français dans les lycées publics marocains. Autrement dit, on n’a plus besoin d’être riches ni d’inscrire ses rejetons dans les institutions de l’inaccessible Mission pour faire partie du cercle jusqu’ici très fermé des privilégiés francophones comme votre pas très humble serviteur.

Si ce n’est pas de l’amour, ça lui ressemble vachement. Très bonne transition pour vous informer que, comme chaque année, le Maroc est présent au Salon de l’agriculture de Paris, et son magnifique stand est un des plus visités. Comme quoi, ce n’est pas parce qu’on est un peu fâchés qu’on ne s’aime plus.

Alors, en attendant que le ciel redevienne de nouveau bleu, rouge et vert, je souhaite à tous les Marocains et à tous les Français un très bon week-end. Quant aux autres…
Un dernier mot pour rigoler un peu : c’est quand on perd sa cote de popularité qu’on doit redevenir populiste.