Chroniques

Monsieur le ministre de la jeunesse et des sports

© D.R

M. le ministre, vous venez d’être nommé à l’un des postes les plus importants du gouvernement : celui qui gère l’avenir d’une génération. Certes, votre Département Ministériel comporte les Sports et ce n’est pas rien, mais bien plus vous avez la responsabilité de millions de jeunes… Des jeunes le plus souvent blasés de la politique, abreuvés de tant et tant de promesses non tenues mais en même temps qui veulent encore y croire, qui s’accrochent, qui ont la rage de vaincre…

Hélas de plus en plus de nos jeunes «désertent» l’espoir et restent sur le bas-côté, sombrant dans la drogue, les mirages de l’immigration ou les sirènes de la radicalisation et de l’embrigadement… Alors la jeunesse, clé ou verrou ?

La réponse à cette question est dépendante de ce que la société fera, de ce que nous ferons pour que notre jeunesse trouve sa place dans le projet de société que nous devons construire : un projet où «vivre-ensemble» dépassera le stade du concept pour entrer dans les faits. La jeunesse a le pouvoir d’appuyer sur l’accélérateur pour contribuer au développement et au progrès du pays si elle est concernée, impliquée, intégrée, elle sera, a contrario, l’épine dans le pied de toute avancée si elle est marginalisée, méprisée, reléguée à un rôle de figurante.
Votre tâche est vaste, car la grande partie de cette jeunesse vit dans des quartiers populaires qui sont la proie au chômage, au désœuvrement, à l’exclusion…la «ghettoïsation urbaine» fait des ravages ! L’un des problèmes rencontrés par les générations actuelles est aussi celui de l’identification, tout adolescent dans sa construction identitaire a besoin d’exemples, de «modèles» et là aussi chez nous le bât blesse : les jeunes sont laissés à eux-mêmes et les «modèles» de réussite qui leur sont accessibles sont ceux du dealer ou du plus «débrouillard» !

Les inégalités sociales liées aux inégalités territoriales produisent une jeunesse, qui si elle est reléguée durablement aux marges, sera de plus en plus dans l’incapacité de progresser et de contribuer au progrès de la société, or la tranche des moins de 30 ans est majoritaire dans notre pays…L’école ne transmettant plus de savoir, la famille ayant de plus en plus de mal à transmettre de valeurs, les partis politiques n’offrant pas ou peu de structures d’encadrement, les associations souffrant de manque de moyens, que reste-t-il à ces jeunes ? La rue ? Le Web, les réseaux sociaux ? Ces jeunes souffrent d’un manque cruel de confiance en eux-mêmes et… en nous, les adultes !

Le véritable défi du Maroc aujourd’hui est de réussir à inscrire cette jeunesse dans un projet de société fédérateur… comment faire pour que ces jeunes se projettent dans l’avenir ? Tel est l’enjeu, car l’impossibilité pour toute une génération de participer à une action collective et de faire passer l’intérêt commun au premier plan, est abyssale. Notre société ne leur apprend qu’un «chacun pour soi» suicidaire…Gagner la confiance de ces jeunes et leur (re)donner confiance est chose ardue… ce sera sûrement l’un de vos défis les plus difficiles… Bon courage M. le Ministre, ces millions de jeunes sont notre plus bel atout !

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