Chroniques

Nécessaire encadrement de la communication des hauts responsables dans le choix des mots

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Le paysage médiatique a extrêmement évolué et le monde de la communication n’est plus cantonné aux schémas classiques de l’influence. L’univers d’Internet et des réseaux sociaux (YouTube, Facebook, Instagram, WhatsApp, etc.), l’un des lieux privilégiés du débat public, devient excessivement complexe, surtout que la diffusion de l’information n’a pas de frontière, circule librement et est relayée dans un état pur, à la seconde près (24 heures sur 24 et 7 jours sur 7).

 

L’image d’un Etat peut être sérieusement entachée, principalement quand il s’agit de propos déplacés et inopportuns tenus, par gaucherie, le plus souvent inintentionnellement, par de hauts responsables.
Ce n’est plus une simple cuisine interne à régler entre citoyens ou au sein d’un gouvernement ou d’un Parlement. Il s’agit d’un enjeu stratégique qui peut affecter la réputation du pays à l’échelle internationale, de même que son économie.
Ce qui incite de plus en plus de pays à mieux s’organiser pour instaurer des mécanismes de régulation et de sensibilisation, en matière de communication, au profit des dirigeants politiques (gouvernement, Parlement) et des hauts responsables étatiques, de manière générale.

Les grands commis de l’Etat doivent veiller à être extrêmement prudents dans leurs interventions car ils sont souvent invités à répondre à des questions de médias (interviews, conférences de presse), à intervenir dans les réseaux sociaux ou encore à livrer, continuellement, des discours à l’occasion de nombreuses réunions et manifestations de haut niveau, tant au Maroc qu’à l’étranger.
Certes, certains hauts responsables, à l’exemple des ministres, sont, le plus souvent, assistés par d’érudits conseillers en communication ou d’importants services de communication, voire parfois accompagnés par des cabinets d’experts en communication de renom.

Cela est, incontestablement, fort important mais par contre, ce qu’il faut aujourd’hui, c’est suivre l’exemple français où le Premier ministre – il y a une décennie – fut habilité à recadrer ses ministres, en contrôlant leurs interventions dans les médias. C’est ainsi que toute demande d’interview nécessitait une validation au préalable.
Pourquoi ne pas s’en inspirer et créer une Agence nationale de régulation des communications, en tant qu’organe de régulation indépendant, qui assisterait les administrations publiques et coordonnerait leurs politiques de communication, notamment, en matière de campagnes d’information d’études d’opinion et de défense des intérêts stratégiques du Maroc,surtout que la nature parfois complexe et urgente de situations de crise exige une grande agilité et un jugement assuré.
Ce qui permettrait de cadrer davantage la circulation de l’information, ainsi que les sorties médiatiques des hauts responsables.

La communication est un art qui s’enseigne

Tout haut responsable doit faire preuve de conduite irréprochable. Un minimum est attendu de ceux qui ont reçu la confiance de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu L’assiste, et du peuple.
Reposant sur la confiance, d’une part, entre le peuple et SM le Roi, toute fonction supérieure (ministres, walis, directeurs généraux, etc.) est une charge publique de haute importance au niveau de l’Etat.
Comme le monde de la communication est devenu en état de veille et d’alerte permanent, il incombe à tout grand commis de l’Etat ou haut dirigeant politique, aujourd’hui encore plus qu’hier, de bien choisir ses mots lorsqu’il est interpelé, notamment par des médias ou quand il agit dans les réseaux sociaux.

Celui-ci est donc tenu de donner l’exemple dans ses discours, ses actes et ses comportements. Des qualités qui constituent les conditions de base de la cohésion au sein de tout groupe, de toute organisation ou de toute société.
Au-delà de l’art de communiquer, tout responsable étatique se doit de respecter les règles de bienséance, de courtoisie et de modération.
C’est d’ailleurs la raison pour laquelle les faits et gestes des ministres, parlementaires ou hauts responsables publics devraient être inspectés tout au long de leurs mandats et éventuellement recadrés, en cas de besoin.

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Il incombe à tout grand commis de l’Etat ou haut dirigeant politique, aujourd’hui encore plus qu’hier, de bien choisir ses mots lorsqu’il est interpelé, notamment par des médias ou quand il agit dans les réseaux sociaux.

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Chassé-croisé entre journalistes et communicants

Nous assistons à l’émergence d’une véritable opinion publique internationale où l’Internet devient, indéniablement, le premier média. Il s’agit d’un terreau hautement favorable à la manipulation de l’opinion, à l’émission de rumeurs ou de diffamations.
Sur les réseaux sociaux et le Web, personne n’est donc à l’abri de la critique, allant même subir des réactions injurieuses ou diffamatoires, dépassant les bornes de l’acceptable.
Bien que toute personne puisse se prévaloir d’un droit de réponse, le secret de toute communication réussie, à l’aune d’une multiplicité de canaux de communication émergents, repose sur un bon choix de ses mots.

 

Par Lahrach Yassir

Docteur en droit/Expert en intelligence économique
Analyste en stratégie internationale/Auteur du concept d’intelligence diplomatique

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