Le chômage est déstructurant, mortifère, humiliant… comment demander à un jeune de 30 ans de se comporter en citoyen lorsqu’à cet âge-là il vit toujours chez ses parents, comme un adolescent.
Dans son rapport 2024 le Forum économique international estime que le Maroc fait face à 5 risques : la lenteur de la croissance, l’inflation, le stress hydrique ainsi que l’inégalité sociale et le chômage.
Ce rapport a été élaboré par 1.500 experts internationaux et nous prévient que ces maux sont susceptibles d’effets néfastes sur le court terme.
Je n’ai aucune compétence en matière économique et ne m’aventurerais pas sur ce terrain, par contre je me permets de penser qu’en matière de questions sociales et sociétales, mon expérience de terrain me fournit des connaissances utiles.
En balance de ce rapport, il est une chose importante qu’il faut préciser, c’est que nous avons, Dieu merci, un Capitaine à la barre et que grâce à Lui notre pays a effectué un bond en avant considérable et que partout les avancées, les progrès, les changements positifs sont palpables.
Ne serait-ce qu’en matière de stress hydrique et d’inégalités sociales Sa Majesté n’a pas été pris au dépourvu, au contraire Il a anticipé les choses et pris les mesures nécessaires pour combattre ces maux.
Au Maroc, Dieu merci, nous ne sommes pas dans le déni, ni dans la recherche de boucs émissaires extérieurs, nous sommes au contraire dans la reconnaissance de nos manques, de nos défis et dans leur prise à bras-le-corps.
Pour parler de ces sujets, je m’en référerais donc à ce que je ressens, à ce que je vis et pour ne pas me contenter de «crier au loup» – ce qui est somme toute facile- à proposer des pistes d’actions.
Je pense qu’effectivement les inégalités sont le danger principal qui menace notre tissu social.
Ce n’est pas vrai que pour notre pays bien sûr, mais chez nous ce fossé est béant et cause, entre autres, des dégâts dans les mentalités, dans notre façon de vivre-ensemble, dans la confiance en notre société, dans la façon d’appréhender l’avenir tout particulièrement chez les jeunes.
Certes, parfois nous pouvons penser que cela est non ou mal justifié, mais la rancœur, la rancune, le sentiment d’injustice, voire la détestation, s’installent dans les esprits et les cœurs de nombre de jeunes.
Ce qui est vécu comme une injustice, ce qui en découle, «le sentiment d’injustice» permanent, pourrit littéralement la vie de nombre de nos concitoyens.
Et c’est là -selon ma modeste analyse- qu’il nous faut agir : les signes extérieurs de richesse, le bling bling affiché par certains sont autant de coups de canif dans notre maillage social. Il ne s’agit nullement de brider les ailes de qui que ce soit, mais la décence -dans un pays comme le nôtre où des concitoyens vivent dans de grandes difficultés- doit être un devoir civique et humain.
Ne nous mentons pas, les inégalités sont criantes et l’inflation, le coût de la vie, le manque d’eau… ne font que les accentuer.
Il est urgent de permettre l’insertion sociale de notre jeunesse, cela passe par l’enseignement bien sûr mais ne le cachons pas, cela passe aussi par une politique de formation pour tous, sérieuse, efficace et en phase avec les attentes, les envies, les compétences de nos jeunes. La formation ne peut être une salle d’attente dont les occupants sortiront comme ils y sont entrés, sans connaissances et sans débouchés.
Posons le bon diagnostic de ce dont notre société a besoin et des formations qui permettront d’y répondre. Quant aux méthodes, il est urgentissime qu’elles s’appuient sur les capacités, les nouvelles données des générations actuelles : savoir-faire et état d’esprit.
Et c’est bien sûr là qu’entre en jeu le chômage.
Le chômage est déstructurant, mortifère, humiliant… comment demander à un jeune de 30 ans de se comporter en citoyen lorsqu’à cet âge-là il vit toujours chez ses parents, comme un adolescent.
Et c’est alors que l’on peut évoquer la frustration, l’envie, l’oisiveté et les fléaux que cela entraîne : délinquance, dépression, repli sur soi, etc.
Une grande politique volontariste d’embauche est indispensable, le paradoxe étant que l’on connaît tous des restaurateurs, des hôteliers, des centres d’appels et autres qui ont les plus grandes difficultés à trouver des employés…
O bien sûr mon propos peut faire sourire les «grosses têtes» qui réfléchissent du haut depuis leurs bureaux, toujours est-il que je parle depuis le terrain, à hauteur de citoyens, que je ressens ce qu’ils vivent, perçoivent, attendent… et que pointer l’inégalité sociale comme facteur de risque à court terme mérite bien que l’on écoute ce terrain justement.
Il me faudrait bien plus qu’une chronique pour développer ce que j’ai envie de transmettre, il me faudrait une tribune !
Je voudrais clore mon propos en parlant de la classe moyenne, la clé est là, c’est elle qui supporte sur ses épaules tous ces maux, c’est elle qui «tient» notre stabilité et c’est à son égard qu’il convient de consentir le plus d’effort.
C’est elle qu’il faut conforter, rétablir dans son rôle moteur et médiateur, c’est elle si on lui permet de s’élever qui tirera vers le haut les classes défavorisées, c’est par elle que nous comblerons les inégalités sociales…
Vaste chantier mais chaînon indispensable…