La situation est grave. Malgré tout ce qu’on avance pour montrer que tout est sous contrôle, les données médicales sont là et elles attestent le contraire.
Avec plus de 8.000 cas ces deux dernières semaines portant le chiffre à plus de 1 million 60.000 contaminations, nous sommes loin de la maîtrise d’une situation sanitaire qui semble prendre une nouvelle tournure tragique. En effet, en trois semaines, le chiffre des contaminations a été multiplié par huit, ce qui est un indicateur clair que la situation pandémique est beaucoup plus grave qu’on ne veuille le laisser entendre. Avec pas moins de 300 personnes en réanimation, les cas ont dépassé les 50.000 depuis qu’on a franchi la barre de 1 million de cas. Ceci sans oublier que le pic de la pandémie ne sera atteint qu’entre le 17 et le 23 janvier 2022, comme l’ont affirmé plusieurs spécialistes et médecins marocains.
Des prévisions qui sont à revoir à la hausse vu les particularités de ce nouveau variant qui semble n’obéir à une aucune logique préétablie, mais évoluer de manière plus imprévisible, comme l’explique Docteur Tayeb Hamdi, médecin et chercheur en politiques et systèmes de santé : «C’est cette situation qui explique justement que nous soyons passés brutalement d’un cas isolé à des dizaines de cas confirmés et d’autres suspects. Parmi ces cas, nous avons recensé une nouvelle fois 8 cas isolés dans 4 régions différentes d’un seul coup. On ignore comment ils ont contracté le virus et à qui ils l’ont passé.
Ceci est donc un élément négatif pour la suite des événements. Malheureusement, le fait d’avoir raté le premier vrai cas est un élément accélérateur de la propagation du virus». Autrement dit, face à un virus dont on ignore encore tout, les mécanismes de défense envisagés et mis en place semblent ne pas avoir le moindre effet sur la propagation des contaminations, dans plusieurs régions du Maroc, comme une traînée de poudre. C’est dans ce sens que le même spécialiste insiste à juste titre sur le fait que «pour limiter la propagation des virus, il faut cerner les clusters, mais pour cela le dépistage est primordial.
Malheureusement, les gens ne se font pas beaucoup tester au Maroc. D’ailleurs, les chiffres dont nous disposons aujourd’hui ne reflètent pas vraiment le nombre de cas Covid en réalité. Nous n’effectuons en moyenne que 8.000 tests par jour alors que le nombre de personnes malades est bien plus grand». Ce qui est le cas, car d’autres spécialistes parlent de dix fois plus de cas dont on ignore tout, entre ceux qui ne rendent pas leur affection connue, ceux qui se soignent chez eux, du mieux qu’ils le peuvent, ceux qui cèdent au fatalisme et attendent une issue favorable et tous les autres qui n’ont pas les moyens ni de se faire tester ni de se faire soigner et qui finissent par mourir. «En tant que médecin, je prescris le test PCR pour de nombreuses personnes quotidiennement, mais je sais que plusieurs d’entre elles ne le font pas.
Elles sont convaincues qu’il s’agit simplement d’un coup de froid et refusent toujours l’étiquette Covid», précise docteur Tayeb Hamdi qui attire ici notre attention sur une des réalités inextricables de la situation épidémiologique au Maroc. Ce qui rejoint les dires du ministère de la santé qui nous rappelle qu’«Omicron devient de plus en plus dominant au Maroc. Le nombre de contaminations ayant augmenté de plus de 200% la semaine dernière ». En tout état de cause, les prévisions sont toutes au rouge. Les prochaines semaines sont à coup sûr très déterminantes à plus d’un égard et exigent de nous tous une vigilance accrue et un respect sans failles de toutes les mesures sanitaires en vigueur dans l’attente que le pire soit derrière nous.