Chroniques

Otmane et David, Abigail et Zineb… Le passé pour imaginer le futur

© D.R

Association Essaouira Mogador, SOC (Stade Olympique Casablancais Simon Pinto), Musée du Judaïsme Marocain, Association Marocains Pluriels… toutes ces associations ont un point commun : elles font vivre -au présent- la connaissance, l’échange, la fraternité, la proximité… entre compatriotes marocains musulmans et juifs et permettent, bien au-delà de nos frontières, de donner l’exemple vivant de notre pays terre de confluence et de diversité.


Le Maroc est depuis toujours terre de métissage, il aurait pu se contenter de vivre sur cette renommée comme une carte de visite à l’international, or ce n’est pas la voie qu’il a choisie : il a choisi de conjuguer au présent et au futur cette ‘’Rassemblance’’ qui unit musulmans et juifs – non pas de façon académique – mais sur le terrain, au contact des citoyens, en innovant et sensibilisant le plus grand nombre, notamment les jeunes générations, à la richesse de leur patrimoine commun.
Il y a quelques jours un webinaire sur le thème de la transmission, du patrimoine, de la mémoire était organisé par la Rabita Mohammadia des Oulémas et la Fondation Mémoires pour l’Avenir.
Très riche, le débat a fait une place belle à la jeunesse et c’est précisément l’intervention du jeune président de MOGAjeunes à Essaouira, Otmane Mazzine -que je connais bien- qui a su mettre l’accent sur les mots-clés : la proximité, le terrain, la culture, le concret !
Autant les séminaires, débats et autres rencontres intellectuelles ont un intérêt évident pour échanger, confronter les points de vue, permettre les rencontres d’idées… autant rien ne peut remplacer le terrain pour les nouvelles générations.

Réseaux sociaux et activités culturelles de proximité sont aujourd’hui les outils indispensables à la sensibilisation des jeunes…
Réfractaire aux discours, la jeunesse sera bien plus réceptive à une vidéo publiée sur le Web ou une action la mettant en présence des acteurs culturels des différentes religions.
Et c’est cela qui unit précisément les associations citées dans mon introduction : Festival des Andalousies de l’association Essaouira-Mogador, expositions et rencontres du musée, Ftour Pluriel du SOC et de Marocains Pluriels… entre autres activités menées par ces structures associatives, représentent autant d’exemples d’actions que la jeunesse peut s’approprier, et citées par le jeune Otmane dans son intervention.
La musique, l’art culinaire, la vidéo, le cinéma… sont des vecteurs essentiels de la transmission, de la connaissance de l’Autre, du vivre-ensemble.
Le danger qui pourrait guetter notre modèle serait celui de la nostalgie, de la seule célébration du passé -qui a bien sûr son intérêt mais ne peut suffire à combler la soif de découverte de nos compatriotes en général et des jeunes en particulier- Dieu merci nous savons éviter ce piège.

J’en veux pour preuve éclatante la création de Bayt Dakira, certes lieu de mémoire, mais aussi -mais surtout- lieu d’ouverture sur l’avenir, où se côtoient ‘’Keswa lakbira’’ (la grande robe, robe de mariée juive) et centre d’études doté des dernières technologies : comment célébrer et vivifier le passé pour enrichir le présent et se projeter dans le futur.
A cette fraternité naturelle, cette consanguinité, s’ajoutent aujourd’hui deux dimensions qu’il nous faut intégrer : la communauté chrétienne qui vit sur notre sol et avec laquelle il faut inventer de nouvelles formes de coexistence, car de plus en plus de ces chrétiens s’impliquent dans la vie sociale et culturelle de notre pays et cherchent une nouvelle place, et la présence durable de jeunes migrants subsahariens -musulmans ou chrétiens- avec laquelle tout est à construire à l’heure où plus que jamais le Maroc et l’Afrique se bâtissent un avenir lié.

Le Maroc a la chance de pouvoir compter sur des acteurs associatifs et culturels, des militants, des artistes, des engagés – pour ce que j’aime appeler la ‘’Rassemblance’’- qui de façon passionnée y consacrent énergie, esprit inventif et vision intelligente des enjeux et du futur.
Jamais l’expression ‘’ des racines et des ailes’’ n’a aussi bien su s’interpréter comme ‘’des racines POUR des ailes’’ dans notre pays.

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