Chroniques

Périscope : Discorde civile

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L’Algérie vient de célébrer le quatrième anniversaire de la fameuse Concorde Civile. Une loi qui, au bout du compte, n’aura pas abouti à grand-chose. Le pays est inlassablement en proie à une violence aveugle, bien qu’à moindre échelle. Le gouvernement sur place, quant à lui, ne semble pas trop préoccupé par la situation et reste toujours en quête d’autres chats à fouetter. Au mieux, cette loi n’aura servi à rien. Au pire, elle aura permis aux islamistes de mieux s’illustrer et aux terroristes d’opérer en toute quiétude, renforcés par une meilleure structuration, fruit du répit que leur a accordé la loi en question. Promulguée le 16 septembre 1999, cette législation qui sort du commun aura eu le mérité d’octroyer une grâce inespérée aux islamistes de tout acabit. Derniers en date, Abassi Madani et Ali Benhadj qui ont recouvert la liberté en juillet. Dans l’optique de rompre avec la vision de son prédécesseur Liamine Zeroual, Abdelaziz Bouteflika entendait donner un cadre politique à l’accord militaire passé avec l’Armée islamique du salut, branche armée du Front islamique du salut. À travers cette loi sujette aujourd’hui à de véhémentes critiques, le président algérien ambitionnait de juguler un cycle d’une rare violence, laissait-on entendre. Seulement voilà que quatre années se sont écoulées depuis sa promulgation sans pour autant être en mesure de dresser un quelconque bilan salvateur ni mettre fin à l’effroyable cauchemar. Les onze années de boucheries collectives ont le triste honneur de figurer dans les chroniques de l’Histoire. 150 000 morts, un chiffre que l’on brandit rarement, même lorsque l’on évoque un conflit armé de grande envergure. Abdelaziz Bouteflika se trouve aujourd’hui au pied du mur. Le bilan désastreux de la très contestée Concorde Civile y est pour beaucoup. On lui reproche notamment les clauses stipulées par ladite loi et qui n’étaient, finalement, que poudre aux yeux. Ainsi, des concepts omniprésents dans le texte ont tout bonnement été abrogés dans le contexte. En effet, les terroristes ayant subitement recommencé à circuler librement n’ont, pour la plupart, jamais observé la procédure de pointage prévue initialement au niveau des commissariats de police. De surcroît, les terroristes coupables de crimes de sang, de viol et d’attentats à la bombe n’ont jamais fait l’objet du moindre procès susceptible de les faire payer pour leurs crimes. Bouteflika n’est pas au bout de ses peines puisque Amnesty International se met de la partie. À travers un bilan hautement compromettant, l’ONG estime que la Concorde Civile aura tout simplement empêché de faire la lumière sur des atteintes graves aux droits humains et, pour ainsi dire, d’avoir soigneusement couvert les responsables.

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