Chroniques

Périscope : Double destruction

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En dix ans de négociations, Israël a réussi à faire imploser le bloc arabe en concluant une série d’accords de paix séparés, notamment avec l’Autorité palestinienne, la Jordanie et même la Mauritanie. Des accords consolidés par l’établissement de relations diplomatiques, via des bureaux de représentation israéliens, avec le Maroc, la Tunisie, Oman, Qatar et Bahreïn. Seules, les tentatives de convaincre Saddam Hussein de conclure la paix avec Tel-Aviv, en contrepartie de la levée de l’embargo et des garanties quant à la pérennité de son régime, ont échoué avec pour conséquence directe les développements que nous connaissons. Après avoir été atteints dans leur crédibilité, les Arabes paient le prix du sang en Palestine et en Irak. On aurait tort de voir dans les agressions israéliennes une simple escalade, en réponse à l’attentat suicide d’Al Qods. Ce serait bien vite oublier qu’Israël assassine, enlève et tue des palestiniens, détruit leurs habitations et confisque leur terre depuis cinquante ans. Oublier aussi que l’Autorité palestinienne s’est montrée incapable de maîtriser les allants guerriers d’une poignée de terroristes qui se cachent derrière la bannière, verte ou noire, c’est selon, de l’Islam, donnant ainsi l’occasion à Ariel Sharon et consorts de faire avorter toute avancée dans le processus de paix et dans l’application de la «feuille de route». Le Hamas, tout comme le Jihad islamique, ont fait preuve de lâcheté en allant tuer froidement des enfants et des religieux qui revenaient d’un pèlerinage. Mais, c’est oublier aussi que les Etats-Unis se refusent toujours de condamner l’expansionnisme israélien et l’illégalité des annexions répétées de terres palestiniennes, soutenant sans réserve les colons qui violent et assassinent avec leur bénédiction. L’escalade des ultra-palestiniens est directement corrélative à l’attitude de Sharon, ce qui ne justifie en rien les attentats et les tueries ciblées barbares ni ne nie la valeur individuelle des vies qui ont été sauvagement brisées, des deux côtés. Non sans ironie, on peut relever que ceux qui, à Washington, veulent mettre à genoux les Arabes, ont réussi à casser le processus de paix qu’ils s’ingénuent à promouvoir, verbalement du moins. D’abord, en forçant le Premier ministre palestinien, Mahmoud Abbas, à se déjuger. Ensuite, en hypothéquant une « feuille de route» qui se révèle bien vulnérable. Face à la volonté d’assujettir l’Autorité palestinienne, qui peut se contenter des assurances américaines ?

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