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Périscope : Le piège irakien

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Sous la pression de l’Administration américaine, le Parlement turc a voté une loi autorisant l’exécutif à envoyer des soldats en Irak. Une initiative qui provoque d’énormes clivages et divise profondément l’establishment. Mais, le plus curieux, c’est que les deux clans qui s’affrontent n’ont rien à voir avec les divisions politique classiques. Dans chaque côté, on trouve aussi bien des gens de gauche que de droite, des Islamistes que des laïcs. Même l’armée n’échappe pas à ces divergences. Le plus grave pour la Turquie réside dans le fait de l’impossibilité de rapprocher les deux camps, surtout que les buts d’Ankara demeurent peu clairs. Pour se justifier, le Premier ministre, rappelant la présence de l’armée américaine en Irak et l’agression récente de l’aviation israélienne contre la Syrie, estime que « la scène du Moyen-Orient est à la veille d’une restructuration radicale et que la Turquie se doit d’y figurer en bonne place. Nous devons penser aux dix, vingt, trente prochaines années ». Selon lui, il ne faut pas limiter son regard à l’Irak : c’est de la réforme complète de tout le Moyen-Orient qu’il s’agit, dans un contexte annonciateur de bouleversements à long terme. En tant que principale puissance régionale, la Turquie ne peut rester indifférente. À la veille de la guerre d’Irak, Ankara avait refusé le déploiement de troupes américaines sur son sol. Il a ainsi raté l’occasion de faire sentir son poids dans le nord de l’Irak. Aujourd’hui, il veut rattraper l’erreur. C’est en fait un blanc-seing que le gouvernement turc a obtenu du parlement qui l’autorise à déployer l’armée en Irak, qu’il pourra utiliser quand bon lui semble. Il s’agissait surtout d’éviter la réédition du pataquès du début de la guerre d’Irak. En manoeuvrant pour impliquer Ankara, l’Administration Bush lance aussi un message aux Nations Unies. Il est de plus en plus clair que les Etats-Unis n’attendent plus grand-chose de l’ONU. La résolution qu’ils cherchaient à imposer au Conseil de sécurité, pour donner un peu de couverture bleue à leur expédition irakienne, est dans l’impasse, et elle pourrait finalement être retirée. L’Administration Bush dispose désormais d’un argument de poids, celui d’une meilleure réception par les Irakiens de contingents issu d’un pays musulman, en l’occurrence, la Turquie.

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