Chroniques

Périscope : Remake d’une guerre civile

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Les Nations unies annoncent leur intention d’intervenir au Liberia à travers un mandat fort du Conseil de sécurité pour que ses forces disposent d’une capacité de dissuasion crédible.Cette annonce intervient alors que le Liberia devra encore attendre l’envoi d’une force de paix africaine, de hauts responsables militaires d’Afrique de l’Ouest et des Etats-Unis n’ayant fixé aucune date pour le déploiement de ses premiers éléments. Le mal dont souffre ce pays est propre à la quasi-totalité des anciennes colonies du continent noir : lutte de pouvoir pour le contrôle des richesses, prolifération des trafics d’armes, surmilitarisation des enfants, implosion des Etats, dissidences et ingérences multiples. Une toile de fond doublée de l’intérêt que portent les Américains aux sources d’approvisionnement en pétrole: dans le cas précis du Liberia, il s’agit de sécuriser les zones pétrolifères du Golfe de Guinée, une donne qui brouille davantage les arrières-pensées des parties prenantes d’un conflit emblématique des clivages en Afrique. La guerre civile qui fait rage au Liberia est issue d’une dynamique qui échappe à tout contrôle à cause de multiples ramifications aux effets dévastateurs. L’après-guerre froide a pris une tournure bien étrange en Afrique. Au lieu d’un projet démocratique, comme cela s’est fait dans les anciennes composantes du bloc socialiste, la chute de l’empire soviétique a essentiellement entraîné chez ses ex-alliés africains des conflits régionaux, des fragmentations des sociétés et le retour aux luttes tribales, faute de luttes de classes. Le projet de dictature du prolétariat a enfanté des dictateurs tout court. Angola, Liberia, Rwanda, Sierra Leone, Mozambique, Côte d’Ivoire, la liste est malheureusement longue: ces pays sont détruits, en proie à la famine, à des régions entières vidées de leurs habitants et à la destruction systématique des infrastructures héritées du colonialisme. Toute activité économique est devenue impossible. Même l’agriculture a cessé de produire à cause de la guerre civile et des agissements des groupes armés. L’organisation pour gérer les conflits permanents est devenue une fonction régulière qui s’est substituée aux schémas économiques classiques. Politiquement, l’évolution est la même, des armées d’adolescents mercenaires se sont constituées en groupe para-étatiques pour «gouverner» les régions qu’elles contrôlent. De quoi remettre l’ONU sur le devant de la scène de ces pays où elle a brillé par son absence.

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