Depuis les années 80, périodiquement les banlieues de France s’embrasent pour causes de bavures policières, de crimes à caractère raciste, pour propos injurieux, pour discrimination (de l’entrée en boîtes de nuit à l’accès au logement…), pour -surtout et avant tout- chômage, désœuvrement, exclusion, rélégation… Aucun gouvernement de droite comme de gauche n’a su (ou voulu) trouver les vrais remèdes à ces maux. Remèdes qui auraient pour noms : respect, dignité, emploi, moyens donnés aux associations locales, etc. De bricolages en bricolages, la France en est arrivée à laisser sur le bas-côté toute une jeunesse, en raison de ses origines sûrement, mais tout autant pour cause de condition modeste. Les années 60 en France ont été la décennie de construction de ces immenses cités qui allaient devenir en fait de véritables ghettos urbains, cumulant tous les handicaps : chômage, population démunie, manque d’infrastructures (sociale, éducative, sportive..), absence de moyens de transport, etc.
Il est bien sûr hors de propos de comparer des situations qui ne peuvent l’être, mais il est toujours utile de constater les erreurs d’autrui pour éviter de les reproduire. Or, justement, deux visites, durant ce mois de Ramadan, à l’occasion d’activités de jeunes m’ont permis de connaître en profondeur deux nouveaux immenses quartiers populaires à la périphérie de Casablanca : Hay Nassim à Sidi Maarouf et Annassi à Sidi Bernoussi. Justement, la concentration de familles -bien évidemment modestes- y est très forte et donc la jeunesse y est extrêmement nombreuse, et malheureusement elle aussi souvent livrée au désœuvrement. D’où l’impérative nécessité de ne pas la laisser face au vide et aux dérives que cela entraîne.
Il nous faut penser maisons de jeunes en nombre suffisant, centres culturels de proximité, terrains de sport gérés localement, voire gymnases. Il nous faut espaces et jardins publics, infrastructures scolaire, éducative, sanitaire… en mesure de répondre aux besoins et aux attentes de la population. Il nous faut prévoir un plan et un programme de transport en commun qui favorisent les déplacements et évitent le piège de l’enclavement; à plus grande échelle formation et emploi. Il nous faut aussi et surtout accorder intérêt et crédit aux petites associations de jeunes locales, leur faire confiance, les responsabiliser et bien sûr, par-dessus tout, leur donner les moyens de leur action et de leur pérennité. Ces associations représentent un maillon indispensable de la médiation sociale, elles sont des interlocuteurs irremplaçables et tant au niveau éducatif que civique ou culturel, elles représentent l’espace d’encadrement de nos jeunes le plus adapté. Ne commettons pas l’erreur de les négliger, au contraire, prévoyons ce que leur rôle peut être dans l’avenir et anticipons.