Chroniques

Post-scriptum : Il faut sauver le jeune Saïd

Il est arrivé jeudi matin, un peu hagard, vêtu pauvrement mais dignement avec aux pieds des sandales de plastique blanc, je ne sais comment l’expliquer mais ce détail m’a frappé et n’a plus quitté l’image que je garde de ce jeune homme : 24 ans, maigre, le regard très flou (j’en comprendrai la cause plus tard), il venait tout droit de Béni-Mellal qu’il avait quitté, le matin tôt à bord d’un car: il avait entendu parler de Maillage par les jeunes de l’association «Emergence» de Béni-Mellal et venait demander de l’aide.
Saïd, c’est son prénom, souffre. Il souffre mais ne se résoud pas, il lutte… depuis 3 ans. Il combat pour ne pas perdre la vue ! Il nous a montré un dossier médical touffu, confus mais sans appel : il souffre d’un gonflement de la rétine qui perturbe grandement sa vue, et qui, s’il n’est pas soigné le conduira à la cécité. Saïd a besoin d’un greffon, or ce genre d’opération ne se pratique pas au Maroc, le pays le plus proche étant l’Espagne.
Que faire face à la demande d’aide de Saïd, poignant, courageux, à bout d’espoir mais digne.
Première chose contacter un ami médecin qui confirme le diagnostic dont la seule solution est effectivement une greffe, pour laquelle la liste d’attente est longue ; mais bonne nouvelle : les greffons de cornée sont disponibles- Le chemin jusqu’à l’opération est cependant ardu : il faut d’abord disposer d’une somme de 60.000 DH, obtenir le visa et attendre d’être convoqué.
Depuis 3 ans Saïd multiplie les démarches : il s’est inscrit sur la liste d’attente, a frappé aux portes de nombreux bienfaiteurs, s’est rendu à l’ambassade d’Espagne… il ne veut pas s’avouer vaincu, il ne veut pas perdre la vue! Après s’être restauré, avoir repris des forces, s’être vétu correctement grâce à la générosité de jeunes casablancais, nous l’avons remis dans un car pour Béni-Mellal, retrouver sa famille. Nous lui avons promis de ne pas l’abandonner, de faire ce qui est en notre (maigre) pouvoir pour l’aider. En attendant la greffe, la solution est le port de lentilles jetables (très chères) qui «aplatissent» la cornée, et donne une vision «correcte».
Effectivement, nous ne le laisserons pas tomber, il a rejoint l’association des jeunes de Béni-Mellal «Emergence» et attend. Lorsque nous lui avons proposé de publier une annonce avec sa photo, il a refusé.
Il nous a aussi dit que quelqu’un serait disposé à l’aider mais jusqu’à présent il a refusé cette offre car il ne croit pas à «l’innocence» de cette proposition : ces gens-là certes actifs dans le social savent faire des «adeptes» de leur générosité.
Là, c’est du concret, du vrai, il ne s’agit pas de faire de beaux discours ni des envolées lyriques mais de répondre à une attente. De montrer que nos actes sont en conformité avec nos paroles : peut-être aurez-vous, vous aussi envie d’y répondre, avec nous ?

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