Longtemps l’on a parlé de la jeunesse en «parlant pour la jeunesse». Longtemps de vénérables septuagénaires se sont faits porteurs de la parole des jeunes sans jamais la leur donner : aussi bien dans le domaine politique, le mouvement associatif que le sport. Aujourd’hui même si nombre de bastions continuent de résister au changement, toujours est-il qu’au sein de la mouvance associative, au coeur des facultés, dans les quartiers… les jeunes s’affranchissent des fausses tutelles, s’émancipent et montent dans le train de leur propre vie. Emerger, s’exprimer, prendre en mains son destin ne signifie pas pour cette jeunesse, couper les ponts avec les adultes : c’était au contraire ce qui prévalait auparavant lorsque ces jeunes se sentaient aucunement concernés par les décisions «prises pour eux»; non aujourd’hui c’est en termes d’interlocuteurs, de partenaires qu’ils se positionnent face aux professeurs, représentants de l’autorité, dirigeants sportifs… même si les politiques y demeurent réfractaires, dans leur majorité.
J’en ai encore en l’exemple cette semaine à la Faculté de lettres de Mohammédia où un débat réunissait étudiants, professeurs et direction. Echanges, propositions, idées… débouchent sur une véritable discussion porteuse de prespectives. Comme quoi c’est lorsque l’on infantilise les jeunes, lorsque l’on décide en leur nom, lorsque l’on les maintient dans un rôle mineur que l’on a tout faux et que l’on ne peut que les précipiter dans la résignation ou les bras des faux-prêcheurs. Il n’empêche : nous n’en sommes encore qu’au début du chemin car l’erreur qui nous guette si l’on n’y prend garde serait de «récupérer leur parole», la détourner ou ne voir en eux que «des bras».
Ces jeunes sont (et ont) des cerveaux, chaque jour en les côtoyant dans les quartiers, les bidonvilles, les facultés où ils oeuvrent avec peu de moyens mais beaucoup de volonté, je les vois prendre des décisions, assumer des responsabilités, oser !
Je l’ai vécu le dimanche dernier, lorsque alors qu’il avait emmené 50 jeunes du bidonville de Aïn Khalouia à Ifrane, le jeune président de l’association Abbadi Assou a dû affronter l’attaque de 5 «malfaiteurs ivres» et gérer toutes les conséquences de cette sinistre affaire avec beaucoup de sens des responsabilités, sang-froid et abnégation, jusqu’à ce qu’il ramène les 50 jeunes à leur parents sains et sauf…
C’est tout cela qui me motive, me conforte dans mon engagement, me pousse à continuer et me rend fier de ces jeunes ! Puissions-nous en être tous conscients, investir dans notre jeunesse est la seule voie, la maintenir dans un état d’assistanat ou d’exclusion est une voie sans issue. Ils n’ont pas peur des responsabilités pour peu que l’on leur permette d’y accéder : ne tardons plus !