Ce serait vraiment beaucoup dire, et pourtant… pourtant tout en souffrant d’un manque d’infrastructures culturelles, sportives, éducatives (en voie d’être petit à petit comblé), tout en souffrant de chômage.. il est vrai que comparée aux jeunes des autres régions du Maroc – notamment les plus enclavées – on peut avancer que la jeunesse casablancaise et r’batie connaît une situation plus favorable. Tout d’abord ces jeunes bénéficient des avantages d’une grande métropole : les « petits boulots » existent, le système D n’est pas un vain mot, la foultitude permet une plus grande mobilité, une modernité certaine, un anonymat enviable. Même si l’on est en deçà du minimum souhaitable, les terrains de sport, les maisons de jeunes, les centres culturels existent et surtout depuis quelques mois l’essor du mouvement associatif au cœur de la jeunesse est tangible et permet à ces jeunes petit à petit de prendre leur destin en mains et sortir de l’oisiveté. Mais quid de notre jeunesse rurale et de notre jeunesse de villes plus modestes : et bien ces jeunes «tuent le temps», non seulement le chômage y fait tout autant de victimes mais là l’ennui, le désœuvrement font leur travail de sape. C’est pourquoi je voudrais vraiment saluer le mouvement amorcé par les jeunes de Béni-Mellal qui s’il est savamment mis-en avant et médiatisé peut servir à toute notre jeunesse vivant hors de l’axe Casa-Rabat.
Regroupés au sein de l’association «Emergence» depuis plusieurs mois, ils avaient déjà entrepris des activités qui «faisaient bouger» telles que l’aménagement –avec leurs propres moyens- d’un jardin totalement délaissé «El Amria», devenu un vrai lieu de villégiature pour les habitants ; mais l’arrivée du nouveau wali : Si Dardouri, rompu au partenariat avec la jeunesse, les a réellement dopés. Ainsi en ce mois de Ramadan ont-ils réussi un véritable tour de force en organisant un tournoi de football touchant 800 jeunes et entraînant tout Béni-Mellal. Leur dynamique et leur entrain ont à ce point «contaminé» la jeunesse, que les jeunes de Souk Sebt, Tadla et même Khouribga les ont contactés pour suivre leur exemple et créer à leur tour des structures associatives jeunes dans leur ville. Un véritable effet boule de neige et ce week-end à l’occasion des quarts de finale de leur tournoi et d’un ftour pris en commun, les jeunes de «Emergence» recevaient ces jeunes des villes alentour pour les faire bénéficier de leur expérience et de leur savoir-faire. Moralité de l’histoire : il existe une vie pour les jeunes en dehors de Casa-Rabat, encore faut-il le vouloir et s’en donner les moyens. Les jeunes de Béni-Mellal sont en train d’en donner l’exemple : ils méritent qu’on s’intéresse à eux et que l’on médiatise leur engagement pour le rendre exemplaire.