Chroniques

Post-scriptum : La jeunesse n’a pas toujours raison…

© D.R

Je garde quelques souvenirs très précis du président Mitterrand dont le plus marquant reste l’audience qu’il nous avait accordés, à nous jeunes Marcheurs de la fameuse «Marche des Beurs», en décembre 1983, et qui avait débouché sur l’octroi de la carte de séjour de 10 ans –automatiquement renouvelable- aux immigrés installés en France. Ce qui représentait alors un progrès considérable ! A de nombreuses reprises au cours de ma vie militante, par la suite, j’ai été appelé à rencontrer le président Mitterrand, notamment sur des questions touchant à la jeunesse et c’est pourquoi alors que celle-ci  s’embrase –en Algérie et en Tunisie- cette phrase de lui m’est revenue en mémoire ! Ainsi donc depuis maintenant 3 semaines, la jeunesse tunisienne manifeste violemment, à la suite de l’immolation par le feu d’un jeune marchand ambulant et depuis à présent 4 jours, la jeunesse algérienne provoque des émeutes «contre la vie chère». Par nature, les réactions de la jeunesse sont imprévisibles et nul pays ne peut se prétendre à l’abri de remous de ses jeunes, souvenons-nous que la France avait dû décréter le couvre-feu lors de la «révolte» d’une partie de sa jeunesse, dite «des banlieues». Tant en Tunisie qu’en Algérie il semble bien que les événements à l’origine des troubles soient en fait des étincelles qui ont servi de déclencheurs et que les fondements de la colère soient, en vérité, le «mal-vivre». Jeunesse «en surnombre», exclusion, chômage, manque de perspectives, absence de repères, sentiment d’abandon, perte d’espoir… tous les ingrédients de la mal-vie sont ici réunis, s’y ajoute ce qui , à mon sens, est le facteur aggravant pour ne pas dire déclencheur : le sentiment de mépris, la «hogra» comme le disent ces jeunes eux-mêmes.Soyons francs, les pays où la jeunesse connaît l’un ou l’autre de ces maux sont nombreux, cependant il me semble que le pire est lorsque cette jeunesse perd confiance dans ses dirigeants et –en tout cas pour l’Algérie- cela est visiblement le cas ! Penchons-nous un instant sur notre jeunesse à nous, non pas pour faire du triomphalisme ni se poser en «donneur de leçons» mais pour constater que Dieu merci, même si nous connaissons également le chômage, même si le manque de perspectives touche nos jeunes, nous avons su mettre en route un certain nombre de chantiers et d’actions visant à réduire l’exclusion, endiguer la marginalisation et surtout (re)donner à notre jeunesse sa dignité. Oh certes tout n’est pas rose, tout n’est pas «acquis» et ni les efforts ni la vigilance ne peuvent être relâchés, mais nous avons su aider à l’émergence d’un mouvement associatif crédible, notamment sur le terrain ; l’INDH a su créer des voies d’insertion, y compris professionnelle ; le sport, la culture (même si beaucoup reste à faire dans ce domaine) ont retrouvé leur utilité d’outils de socialisation ; les espaces d’expression sont réels… bref la lutte contre la relégation de notre jeunesse est une priorité réelle . Bien sûr les moyens pour agir, pour œuvrer en ce sens sont encore insuffisants –et vu l’ampleur de la tâche, et quel que soit le pays, ils le seront toujours- mais les jeunes Marocains constatent que des choses sont faites et qu’ils «ont voie au chapitre» et je pense que «notre différence» est là ! Pour être juste, il faut y ajouter ce qui fait aussi la spécificité de l’action en direction de la jeunesse, l’implication concrète et directement «palpable» du Chef de l’Etat et donc la confiance et l’affection que portent nos jeunes à notre Souverain – et cela, croyez moi- c’est irremplaçable !

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