Chroniques

Post-scriptum : Les «petites astuces» de l’Aïd

L’Aïd -el-Adha reste chez nous «La fête» par excellence, que l’on célèbre plus que tout autre notamment dans les quartiers populaires, le monde rural voire certains quartiers habités par notre classe moyenne. Ni les fêtes «du Nouvel An», ni les «Noël» qui ont par ailleurs beaucoup perdu de leur caractère religieux ne supplantent la célébration de l’Aïd -el-Adha chez les Marocains. Le caractère religieux de cette fête est, évidemment, profondément ancré en nous, s’y ajoutent les dimensions sociétales qui l’accompagnent : les retrouvailles familiales, le sens du partage, tout le traditionnel qui entoure le sacrifice et les préparatifs célébrés en commun font que l’on ressent plus fort qu’à tout autre moment les vertus de la spiritualité, de la convivialité, de la solidarité. Avouons que le reste du temps, la dureté des temps, fait que dans notre quotidien ces sentiments ont tendance à céder le pas devant plus d’individualisme, plus d’egoïsme. Pourtant ne nous le cachons pas, la célébration de l’Aïd -el-Adha ne va pas de soi pour nombre de nos familles parmi les plus démunies et celles-ci doivent supporter bien des sacrifices pour pouvoir offrir le fameux mouton à leurs enfants. Bien sûr dans notre société, existent encore bien des mécènes et des bienfaiteurs qui -dans l’anonymat le plus total- permettent à ces familles de célébrer l’Aïd mais de plus en plus dans nombre de quartiers, d’autres formes de solidarité, peut-être plus modestes mais tout aussi admirables, se mettent en place entre familles. Ainsi, par exemple, à Hay Salam, les jeunes de l’association «Amal Salé» ont cotisé tout au long de l’année -à chacune de leurs activités – de façon à amasser un petit pécule qui sera redistribué aux familles qui en ont le plus besoin à cette occasion. Ainsi également à Aïn Harrouda où les jeunes de l’association «Chabab Nahda» vont réunir les jeunes «sans familles» pour leur faire partager l’Aïd.
A Béni-Mellal, ce sont les jeunes de l’association Emergence qui partageront leurs moutons avec les plus démunis d’entre-eux.
Bref, à l’occasion de l’Aïd ce sont ainsi mille «petites astuces» qui permettront que dans les familles les plus défavorisées de nos quartiers les plus pauvres, le sentiment d’exclusion ne prenne le pas sur la piété et le partage. Bien sûr ces modestes exemples ne sont pas exhaustifs et c’est dans tout le Royaume que ces «petites astuces de solidarité» rendent la vie plus belle et plus solidaire, mais personnellement je voulais mettre en avant ces actions de jeunes, pour montrer que notre jeunesse n’a pas perdu le sens des valeurs, que l’Aïd -l’un des symboles de notre religion- demeure un véritable ciment et que les raisons d’espérer sont réelles. C’est d’ailleurs dans cet esprit-là qu’il nous faut trouver la réponse à ceux qui pensent que notre jeunesse «touchée» par de « mauvais festivals» se détournerait de ce qui constitue nos spécificités.
Encore une fois nos jeunes font mentir les mauvais augures.

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