Vraiment le concept de «conflit des générations» n’est pas un vain mot et l’on vient à nouveau d’en avoir la démonstration flagrante: en effet, le CSCA a décidé de sanctionner «Hit Radio» pour son émission «Libre antenne». Malheureusement au-delà de l’aspect de différence (et de divergence) générationnelle c’est un bien mauvais signal que l’on envoie à nos jeunes : une fois de plus ils vont s’estimer incompris, une fois de plus ils vont se sentir méprisés, une fois de plus ils vont penser que l’on s’attaque à l’un de leurs «espaces d’expression» favoris. Que reproche-t-on à «Hit Radio» et plus particulièrement à l’émission «Libre émission» ? Ni plus ni moins que d’avoir révélé un défaut de maîtrise d’antenne, d’avoir fait preuve de légèreté dans le traitement des sujets débattus. Que le CSCA veuille protéger notre jeunesse est tout à fait honorable et légitime mais là, très sincèrement, il se trompe de combat, de cible, d’époque. Cette émission de «Libre antenne» plébiscitée par les jeunes est au contraire l’un des rares espaces où notre jeunesse peut exprimer ses questions, ses craintes, ses recherches -en liberté et dans le respect- sur des sujets qui, légitimement, les préoccupent (comme ils préoccupent tout adolescent de par le monde) : l’amour, la drogue, la sexualité, les rapports parents-enfants etc.
En fait, «Hit Radio» fait ici figure de pionnier, de défricheur -et lorsqu’on écoute ses émissions, on se rend compte que contrairement à ce que dit le CSCA, Momo (c’est le surnom du talentueux animateur) fait preuve de beaucoup d’humour, de sens de la répartie et qu’il sait à merveille «dédramatiser» des propos. Il joue un rôle de «grand-frère» dans une société où justement nos jeunes trouvent peu d’oreilles susceptibles de les écouter et surtout de les comprendre. D’ailleurs, lorsque nos jeunes abordent ces sujets entre-eux, la forme et le langage sont autrement plus «fleuris» qu’à l’antenne…
Alors cette décision de condamner «Hit-Radio» à 100.0000 DH d’amende, qu’en pensent les jeunes?Pour avoir entendu leurs réactions force est de dire qu’ils n’apprécient pas et ils pensent à nouveau que décidemment les adultes ne les comprennent pas.
Alors plutôt que de choisir la répression, peut-être pourrait-on inviter certains membres du CSCA à venir participer à l’émission «Libre antenne» en direct, ou encore à venir dialoguer avec des jeunes dans une association. En tout cas, les inviter à tenter de combler le fossé générationnel : mais, là aussi, peut-être peut-on déplorer qu’aucun jeune ne siège au CSCA, cela aurait sûrement modifié leur perception… et leur jugement !