Chroniques

Post-scriptum : lien générationnel

L’initiative prise par l’association de jeunes «Positive Attitude» œuvrant à Aïn Chock, à l’occasion de «l’Aïd Istiqlal», a quelque chose de très fort humainement et affectivement mais aussi valeur d’exemple. En effet, vendredi, le très jeune président Oussama Hafidi -du haut de sa vingtaine d’années- et les jeunes de «Positive Attitude» s’étaient mobilisés pour rendre visite aux pensionnaires de la «maison de vieillesse» de Aïn Chock; au programme : plats de couscous confectionnés par les mères de ces jeunes, spectacle  musical assuré par eux-mêmes et remise de vêtements aux plus démunis des personnes âgées de la Maison de Aïn Chock.
Quel beau symbole que de fêter l’Indépendance en fêtant nos «anciens» délaissés. Ce geste décidé par de tous jeunes gens de l’un des quartiers les plus populaires de Casablanca est réconfortant et en même temps rassurant pour l’avenir car, justement, que devons-nous absolument préserver au sein de notre population? Le lien social -ce lien social dont le lien inter-générations fait partie- et qui fait si cruellement défaut aujourd’hui à la population des banlieues de France, où a poussé une jeunesse telle une herbe folle : sans repère, sans projets d’avenir, sans Histoire (c’est-à-dire ne sachant où se situer sur l’échelle des générations), reléguée, méprisée…
Beaucoup d’explications ont été fournies par les politiques, les sociologues, les responsables associatifs, les élus, les journalistes, les jeunes eux-mêmes… et si bien des remarques étaient pertinentes, plusieurs commentateurs ont fait fausse route en invoquant qui «l’islamisme», qui la polygamie etc. En fait c’est -selon moi- d’implosion qu’il faudrait parler : car les banlieues ont «implosé sur elles-mêmes», c’est à une sorte d’auto-destruction que l’on a assisté, les jeunes détruisant leur environnement immédiat et bien souvent leurs propres lieux de vie. (écoles, locaux associatifs, gymnases…) parce que trop chargés de signes négatifs ? De relents d’exclusion ?
En tout cas et en ne comparant que ce qui peut l’être, il est indispensable qu’au Maroc nous nous efforcions de préserver ce qui peut l’être: la cellule familiale (même si très malmenée), le lien intergénérationnel, la possibilité de se «projeter» dans l’avenir, le sentiment d’appartenance à une «communauté de vie»… toutes choses dont la responsabilité nous est collective. Notre jeunesse à nous aussi a besoin de repères, d’exemples de «réussite», de raisons d’y croire… car si le racisme «ethnique» ne frappe pas, ne peut en parler de discrimination sociale? L’exemple de ces jeunes militants de «Positive Attitude» choisissant eux-mêmes de retisser un lien avec leurs anciens vient à point nommé pour nous montrer que nous possédons encore de beaux atouts dans notre manche, que la jeunesse du Royaume est mobilisable pour le meilleur. Observons tout ce que nos jeunes réussissent à faire -«avec rien»- au cœur de nos quartiers populaires, pour y puiser l’énergie et l’esprit d’innovation qui les accompagnera.

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