Chroniques

Post-scriptum : Sortir de la spirale des manifestations…

© D.R

Ainsi du jour au lendemain, des journalistes intègres qui étaient estimés lorsque leurs écrits «plaisaient» sont devenus des «vendus»… Curieuse conception de la démocratie ! Voilà sûrement l’un des plus gros défauts de ce mouvement, qui a de facto conduit à son isolement et sa récupération. En effet pour beaucoup des «20 Février» le leitmotiv est «si vous n’êtes pas avec nous, vous êtes contre nous». Victimes d’un «péché de jeunesse» ils ont par ailleurs surestimé leur représentativité, si l’on ajoute à cela un phénomène naturel mais déstabilisant de starisation et de certitude de détenir la vérité, on a alors entre les mains quelques unes des clés de la situation actuelle.  En  pratiquant ainsi une politique de la terre brûlée en même temps que la politique de la chaise vide (par exemple en refusant de rencontrer la Commission de réforme de la Constitution), ils ont commis des erreurs qui ne pardonnent pas sur le long terme, or 3 mois c’est long ! Pour autant faut- il «jeter» ces jeunes en même temps que l’on rejette leurs soutiens «extrêmes gauchistes, adlistes et autres salafistes» (qui les soutiennent comme la corde soutient le pendu) ? Il me semble qu’il faut les aider à trouver une «issue», ce n’est pas -comme je le lis parfois- en les traitant d’athées, d’homosexuels, ou de traîtres que l’on se grandit soi même, au contraire, tout comme eux-mêmes doivent cesser de voir en ceux qui ne sont pas d’accord avec eux des «baltajis», ce dialogue de sourds ne peut nous mener qu’à une impasse : cette spirale infernale «manifestations-répressions». Ils doivent d’eux-mêmes mettre un terme à ces «marches» qui ne mènent nulle part, qui sont contre-productives et dont la population elle-même, de laquelle pourtant ces jeunes se revendiquent, ne veut plus ! Une nouvelle Constitution ? Nous aurons à la choisir dans quelques semaines. Un nouveau gouvernement ? C’est une question de temps. Un nouveau Parlement ? Les élections se profilent ! C’est dans et par les urnes que se construit une démocratie pas  «dans la rue». Plus d’un million de nouveaux électeurs et électrices –dont une majorité de jeunes- se sont inscrits sur les listes électorales, ces derniers jours, cela a du sens ! Que les jeunes du 20 Février regardent autour d’eux et ils verront que la jeunesse n’est pas immobile, qu’elle bouge et multiplie les initiatives diverses, qui mobilisent : lobbying pour un «quota jeunes» lors des élections, plantation d’un «Olivier de la Concorde» qui réunit jeunes, enfants et représentants des différentes religions, création d’une plate-forme de débats «Génération Libre» sur Internet, lancement de «Yallah, allons y!» sur facebook pour inciter les jeunes à s’engager, à s’impliquer, à participer à la vie de la Cité (dans le sens grec du terme), et à prendre une part active au vote, organisation de «3assir à Marrakech» pour redonner vie au «petit commerce» de Jemaâ El Fna, lancement d’une campagne pour l’abolition de la peine de mort, audition d’associations de jeunes par le Conseil economique et social, prise en compte des propositions d’organisations de jeunesse par la Commission de réforme de la Constitution, création d’un laboratoire de démocratie participative Nbni Bladi, etc, etc. Tout cela serait donc vain aux yeux des 20 Févriéristes, tout cela ne chercherait donc  pas à contribuer au changement ? Seules les marches qu’ils organisent seraient  dignes de foi ? Ils doivent sortir de cette vision simpliste et «s’ouvrir». Nous sommes tous marocains, eux pas moins que nous, nous pas plus qu’eux mais pas moins non plus…il doit donc bien exister une voie et une voix commune !  Proposons à ces jeunes de sortir de leur dangereuse spirale  et retrouvons nous sur le terrain. Qu’ils créent une association, qu’ils intègrent des partis politiques,des syndicats, qu’ils rejoignent des ONG dans lesquelles ils se reconnaissent… c’est crédible et permettrait à ceux d’entre-eux qui sont dans le militantisme sincère et constructif de donner un débouché à leur engagement ! Certains d’entre-eux ou autour d’eux sont visiblement tentés (ou poussés) par la radicalisation…c’est une voie sans issue.

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