La musique a été pionnière qui a vu depuis quelques années émerger de nouvelles sonorités, de nouveaux styles, de nouveaux artistes…en particulier ceux que l’on appelle «la nouvelle scène». Le théâtre et le cinéma, autres domaines phares de la culture et vitrine de notre paysage artistique, tant intra-muros qu’à l’étranger, ont eux aussi, depuis quelque temps été saisis d’un vent qui décoiffe les «vieilles écoles», impose un nouveau style et ont su à merveille devenir représentatifs du Maroc actuel, de sa jeunesse, de ses talents, tant par les thèmes et sujets traités que par la langue, la «darija» si typique et spécifique de notre réalité. Le Festival du film de Marrakech, qui a aujourd’hui atteint une réelle notoriété internationale, vient à ce titre –grâce à la volonté de SAR le Prince Moulay Rachid- de choisir d’accompagner et d’amplifier ce phénomène du renouveau du cinéma marocain, en s’attachant à aider les jeunes talents, voire à aider à l’émergence de nouveaux artistes. Excellente nouvelle pour tous ces jeunes, bourrés de dons, et qui ont juste besoin qu’on leur mette le pied à l’étrier… Le « nouveau théâtre » doit quant à lui, énormément à la jeune génération d’acteurs, auteurs et metteurs en scène, issus des quartiers populaires, ancrés dans le vécu de la population dont ils émanent et qui n’ont ni les complexes ni les tabous de leurs ainés. Ce théâtre est cru, en ce sens qu’il ne travestit pas la réalité mais qu’il sait «la rendre» artistiquement et de façon accessible au plus grand nombre. Bref, un théâtre populaire et crédible . Ces trois domaines clés du patrimoine artistique d’un pays ne peuvent certainement pas se renouveler, se rénover, explorer de nouvelles pistes et inventer de nouvelles formes d’expression dans ce pays donné, si celui-ci n’a pas fait le choix de l’ouverture, n’a pas créé «l’ambiance environnante» qui donne envie, qui offre la possibilité, qui permet la création. Au Maroc, même si les jeunes acteurs du renouveau de la musique, du cinéma, du théâtre auront toujours besoin de plus de moyens, de plus d’espace, il est clair qu’ils ont trouvé le terrain propice à leur expression et leur inventivité. Ces signes de la bonne santé du climat démocratique d’un pays sont un fait sur lequel on peut juger de l’état d’avancée des libertés et il faudrait être de mauvaise foi pour ne pas reconnaître que le Maroc jouit de cet atout aujourd’hui. Quitte à nous d’agrandir encore le climat favorable à ce nouveau souffle artistique, en faisant ce que le Festival du film de Marrakech vient de décider, c’est-à-dire consacrer des moyens, des lieux, du temps, donner des espaces (écoles, ateliers, fondations…), favoriser des ouvertures et des possibilités de représentation –par exemple en demandant aux télévisions de se mettre «au diapason»- créer « des bourses», stimuler l’émulation… afin que ce souffle devienne un vent qui touchera d’autres domaines artistiques et permettra d’autres vocations, d’autres talents…pour le plus grand bénéfice de notre jeunesse et de notre patrimoine culturel !