Chroniques

Post-scriptum : Un vendredi à Tamaris 3

© D.R

Il est 9 heures du matin, ce vendredi sur la plage de Tamaris 3 à Dar Bouazza. Comme tous les vendredis depuis le 12 juillet, un bus de la STCR, plein à craquer, arrive. En sortent en courant, en gesticulant, des jeunes pleins de vie de 18-20 ans suivis d’un groupe de mères de famille, sacs remplis et floppées de gosses en bas âge accrochés à leur jellaba. Ce premier bus arrive de Derb Soltane, il sera suivi de 10 autres venant de Sidi Bernoussi, Hay Lalla Meryem, Aïn Chock, Hay Mohammadi, Aïn Harrouda, Hay Salama, Hay Hassani, Sbata…
A chaque arrivée de bus, le même scénario : jeunes vêtus de short débordant d’énergie et mamans se dirigeant vers le Centre d’estivage Maillage qui a dressé ses 20 tentes et ses 150 parasols sur le sable de la plage de Tamaris située en face du bidonville de Ben Abid.
Le vendredi est jour exceptionnel au camping, car si les autres jours de la semaine sont exclusivement dédiés aux jeunes ce jour-là les familles se joignent à eux. Aussitôt installés sous les parasols, les mamans sortent thermos, théières, «msemen», baguettes…et  tout ce qu’il faut pour le petit déjeuner. Les  15-25 ans se précipitent ensuite dans les vagues ou sur les terrains de mini-foot et de volley.
Les femmes venues de différents quartiers en profitent pour faire connaissance ou pour celles entre elles qui ont déjà leurs habitudes, pour se retrouver. Les gosses s’ébattent dans le sable. L’ambiance est bon enfant, familiale, populaire.Vers 11 heures, les mères, accompagnées de leurs petits, descendent à la mer ; les animateurs et les grands-frères surveillent : il faut voir ces mamans se rouler dans les vagues en poussant des cris de joie, profiter de cette eau de mer qu’elles voient si peu, souvent sous l’œil « macho » de leurs adolescents de fils.
Les filles ne sont pas très loin, elles savent que leur mères leur jettent parfois un regard en biais: la mixité est un droit au camping et si elle a ses avantages évidents, elle impose cependant des règles de respect.
L’heure du déjeuner mériterait d’être filmée : couscous, tajines, et autres poulets frits mêlent leurs odeurs et le camping devient un immense pique-nique en plein air, où chacun s’invite mutuellement.La sieste s’impose avec la chaleur de 14 heures, les grands-mères en profitent pour s’enfouir dans le sable, « c’est bon pour les douleurs et les rhumatismes », ne cessent-elles de nous répèter.
Vous pensez que je vous raconte un tableau idyllique, c’est pourtant des scènes vécues durant 7 semaines que je vous décris-là. Ce qui n’empêche ni moments de tension, ni disputes, ni cris de mères ayant égaré leurs enfants, ni jeunes se laissant aller à un comportement inadéquat…
Bref, des soucis que l’on retrouve au quotidien dans nos quartiers, mais qui hamdoullah sont des exceptions au sein d’un camping qui réunit chaque jour environ 500 jeunes.
L’INDH montre ici toute la pertinence de son aspect culturel, à impact direct, et les partenaires qui se sont impliqués tels le Groupe Théolia, la Fondation CDG, Jamain Baco ou encore Redagraph… ont compris l’importance d’encadrer notre population. Un exemple : les jeunes de Ben Abid viennent de créer l’association « Nahda Ben Abid» et de rejoindre Maillage … Mission accomplie ? Le travail vient seulement de commencer ! 

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