Chroniques

Quand flemme rime avec carême….

© D.R

Quant à moi, j’adore ce mois, ne serait-ce que pour ses recettes autant variées que délicieuses, que pour les veillées nocturnes autour d’un café, d’un thé ou d’une vulgaire limonade – car c’est tout ce qui est toléré durant cette période, après, chacun boit ce qu’il veut, mais, s’il vous plaît,  avec modération. Je disais donc que j’aime bien le ramadan, mais quelle prise de tête ! Ça ne s’arrête pas, du matin au soir.

En général, je me lève relativement assez tôt, même si je suis souvent obligé de rester réveillé malgré moi comme tout le monde. Je sors pour promener mon chien, lequel soit dit en passant, n’est pas méchant et ne mord que quand on le provoque ; c’est tout moi, quoi – mais aussi pour me dégourdir les jambes car paraît-il c’est très bon pour les mains et donc pour les doigts, lesquels, avec aussi un petit peu ma tête, constituent mes principaux outils de travail. Par conséquent, je suis obligé de bien les entretenir pour pouvoir, entre autres, vous livrer mon délire quotidien, toujours tout frais. Qu’est-ce qu’on dit ?… Au fait, qu’est-ce que je disais… ? Je crois que je me suis un peu égaré. Oui, voilà, je disais que je sors le matin pour marcher un peu avec mon chien qui est en fait celui de mes enfants, mais ça n’a aucune importance, histoire de me détendre et respirer un peu d’air pas encore trop pollué.

Mais dès que je mets mon nez et le museau de Wizy dehors – Wizy, vous l’avez compris, c’est mon chien, enfin, celui de mes gamins, et qui a hérité ce nom du célèbre rappeur américain que d’ailleurs je ne connais même pas – bref, aussitôt à l’extérieur de chez moi, et ça ne rate jamais, j’ai droit à mon premier klaxon, voire parfois mes premiers klaxons de la journée. Pourtant, je vous assure que très souvent le malade ou la malade qui klaxonne comme un taré ou comme une dingue est seul(e).

D’ailleurs, c’est grâce à ces grands moments paradoxaux que j’ai fini par comprendre que celui ou celle qui appuie bêtement et répétitivement sur le maudit klaxon de sa bagnole ne le fait pas pour vous avertir qu’il se trouve derrière vous et que vous devez dégager  illico presto pour le laisser passer parce qu’il ou elle serait plus pressé(e) que vous, mais c’est juste pour s’affirmer à lui-même ou à elle-même et à vous-mêmes, même si vous n’en avez rien à braire, qu’il existe bel et bien. D’ailleurs, la plupart du temps, quand vous laissez ce genre d’individus vulgaires et arrogants vous dépasser, ils se mettent aussitôt devant vous pour que vous constatiez de visu qu’ils existent réellement. D’ailleurs, aussitôt devant vous, vous allez les entendre klaxonner de plus belle contre ceux qui sont devant eux. Et ainsi de suite. Oui, ce n’est pas propre au ramadan, mais ça empire. Autre constatation déduite de mes virées matinales, ce sont les rares commerces ouverts à ces heures-ci.

On a l’impression d’être dans une ville morte ou au moins en grève générale. Je sais que ce n’est pas spécifique à Casablanca. Tenez, hier, par exemple, j’étais à Rabat, et un ami et collègue m’a raconté qu’à Midi passée, il n’avait pas trouvé un seul marchand de journaux. Et c’est la capitale, s’il vous plaît! Et vous savez ce que je lui ai rétorqué : «A qui veux-tu qu’il vende ses journaux puisque presque tout le monde est encore au lit ou bien en train de combler le déficit de sommeil à l’usine ou au bureau ?».

Franchement, vivement la fin du ramadan. Non, je ne dis pas ça pour blasphémer ou pour provoquer les sentiments des musulmans dont d’ailleurs je fais partie et par la naissance et par la Constitution, mais parce que déjà, en temps normal et durant le reste de l’année, nous sommes de grands flemmards. Et quand arrive le mois du jeûne, nous en profitons pour renforcer notre fumisterie et, en même temps, développer notre fourberie. Vous avez vu, je dis « nous », parce que, que je le veuille ou non, je suis pris dans le mouvement. Et si jamais je m’aventure de faire autrement, je risque d’être hué, ou pire – que Dieu m’en préserve  – excommunié.

En attendant un bien hypothétique changement, je souhaite à tous les non-flemmards et à toutes les non flemmardes une très bonne fin de ramadan, un très bon Aïd et un très bon week-end. Quant aux autres…

Un dernier mot sous forme de devinette pour rigoler un peu : Puisque notre gouvernement promet de créer 200.000 emplois par an, que vont devenir alors tous ces diplômés chômeurs qui n’ont aucune envie de bosser ?

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