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Quelque chose a changé, les lignes ont bougé…

© D.R

Le confinement est donc prolongé jusqu’au 10 juin. Cette décision est lourde… nécessaire sans doute, mais lourde.


Ces 3 semaines vont être très difficiles, nombre de nos concitoyens vont en souffrir tout particulièrement : les familles modestes, celles et ceux qui vivent dans quelques mètres carrés, nos compatriotes «journaliers», les jeunes…
Il nous faut «tenir» et surtout «aider à tenir».

Cessons ces anathèmes lancés contre une partie de notre population qui «ne respecte pas le confinement»: vidéos, photos (parfois d’ailleurs réalisées bien avant la pandémie), commentaires au vitriol, scénarios apocalyptiques…
C’est usant et parfois cela vient de personnes dont on attendrait qu’elles calment le jeu.
Que cherchent-elles donc ?

Réfléchissons plutôt à comment aider les nôtres à «vivre ce confinement» le moins douloureusement possible.
Bien sûr qu’il y a et qu’il y aura toujours des inconscients mais n’exagérons rien -ils sont très minoritaires- alors plutôt que de désigner des boucs émissaires, aidons ceux qui ne peuvent réellement respecter le confinement à le faire.
Pas d’injures, des propositions, de l’aide, de l’imagination…

Quelqu’un a dit : «le confinement est une affaires de riches», bien sûr le trait est gros mais derrière cette phrase réfléchissons…
Il n’y a pas deux côtés, il y a une seule Nation, nous ne nous en sortirons que tous ensemble.
Je ne suis certainement pas en train de faire l’apologie du non-respect du confinement, mais bien au contraire de chercher des solutions.
Faisons part de nos idées, personnellement je suis en train d’en rédiger, soyons des «éclaireurs» pas des pompiers pyromanes…
Proposons des solutions innovantes, des actions audacieuses…
Faisons marcher notre imagination, notre solidarité, inventons de nouveaux moyens. Pour ma part je propose, par exemple, la création de «Services aux Personnes» – dans les quartiers- confiés à des jeunes, rémunérés : service de courses pour personnes âgées, garde d’enfants des soignants, démarches administratives, etc.

Or il y a un vrai déficit d’explications, de pédagogie, personne ne s’adresse à cette jeunesse qui souffre tout particulièrement de l’enfermement, il y a d’ailleurs un réel manque de messages clairs envers la population dans son ensemble, on ne lui donne pas de perspectives, pas d’objectifs, «restez confinés, point final».
Il faut fixer un horizon, donner de l’espoir, offrir des perspectives, expliquer où l’on va et comment.

Un rôle que les élus locaux auraient pu – auraient dû – remplir sur le terrain, ne sont-ils pas censés encadrer la population ?
Or c’est bien là que le bât blesse, la population est en fait laissée à elle-même dans les quartiers, hormis les associations et les jeunes qui sont partout, «au front», et les forces de l’ordre à qui l’on demande tant- nulle présence rassurante, pédagogue, à l’écoute, à même de conseiller, d’expliquer, d’orienter…
C’est alors que l’on s’aperçoit à quel point notre maillage social, nos organisations «en charge» de la population sont notre maillon faible.
Autant de chantiers qui nous attendent dans le «Maroc d’après», il faudra du temps à certain(e)s pour se rendre compte qu’il faut «évoluer» vers un autre modèle.
Deux grandes forces ont émergé durant cette pandémie : la jeunesse et Internet, la place qu’ils ont prise est considérable et ne pourra aller qu’en s’accroissant et cela change beaucoup de choses.
Ceux qui n’ont pas saisi que les lignes ont bougé resteront confinés dans le monde d’avant.

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